Cent ans aujourd'hui. Enterré deux maris, un fils. Les bougies, le gâteau, des chants, des photos, on la fête. Son fauteuil roulant, un trône. Elle se tourne vers toi :
- Ta mère, elle a fait vite quand même.
Tu lèves un sourcil, les années maison de retraite, la voix enfuie, l'hémiplégie, vite, non, tu ne dirais pas comme ça.
Converser, s'accrocher, faire mine de s'intéresser. La voilà en orbite. Elle tient un fil. Elle ne le lâchera pas.
- Et quelle âge ça lui faisait quand elle est partie ? 86, tu dis ? quand même jeune pour partir.
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jeudi 29 juin 2017
jeudi 15 juin 2017
Ronde (23) : parfum (s)
La
ronde est un échange périodique de blog à blog sous forme de boucle,
mis en ligne le 15 du mois. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit
chez le troisième et ainsi de suite.
Sur le thème de Parfum(s), j'ai le plaisir aujourd'hui d'accueillir Dominique A de La distance au personnage tandis que je me décale vers Métronomiques, le blog de Dominique Hasselmann.
Un bien grand bonheur
— Ça pique le nez, non ?
— Oui regarde, c’est la poussière, maintenant l’ombre s’accroît et c’est pour ça qu’on la remarque.
À l’intérieur, entre chien et loup tu crèves l’abcès de temps en temps, elle se lève dans le reste de lumière avant de se reposer à peu près au même endroit. La poussière est sacrée, on croit pouvoir s’en débarrasser, mais fondamentalement, elle demeure. Elle prend chair, avec l’âge. On en fait des statues dans nos jardins.
Je vous revois encore,
Pauvres fleurs dans les corbeilles des jardins à la française,
Elles ont l’air d’avoir peur de la police…
Mais si belles qu’elles fleurissent de la même façon
et qu’elles ont le même sourire antique
qu’elles eurent pour le premier regard du premier homme
qui les vit apparaître et les toucha légèrement
afin de voir si elles parlaient… *
— Votre goût des piments doux, celui des meubles pauvres. Un livre de recettes sans illustrations, les mots étaient précis et les phrases correctes. L’odeur de la bassine Gilac (plastique miracle), et celle de la savonnette inconnue, au repos ou au garde-à-vous sur l’évier de la cuisine. Vos mains qui nous lavent, notre seule richesse. Le goût acidulé du jus de fruit pam.pam et la danse des yeux en amande. Une abeille ivre au goulot de la bouteille de bière blonde. Un air frais porte les parfums du monde au milieu des jambes nues, c’est la terre qui tourne et l’enfer qui commence.
C’est un bien grand bonheur.
* Fernando Pessoa, in Le Gardeur de troupeaux
La ronde tourne dans le sens suivant :
Élise
Dominique H.
Giovanni
Hélène
Jacques
Jean-Pierre
Franck
Marie-Christine
Guy
Noël
Dominique A.
https://dom-a.blogspot.fr/