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samedi 20 janvier 2018
famille (6) dans les grandes lignes
Biarritz déjà, le bus s'est vidé, joviale, elle rayonne au volant de son soixante places "mettre le bus nickel pour le prochain chauffeur, le laisser au parking à Saint-Jean-de-Luz et c'est fini pour la journée, quand même un peu plein les pattes, retour dans la famille , quatre enfants, ça bouge ! j'en avais deux quand j'ai rencontré ma compagne, j'étais toute jeune, vingt-trois ans, vous vous rendez compte ? et ensemble on en a fait deux plus, j'ai porté l'un, elle a porté l'autre"
dimanche 14 janvier 2018
famille (5)
2 janvier 2018, Lannemezan, buffet de la gare.
Il vous dépose là mais rien ne presse, si on déjeunait ensemble ? "tu verras on y mange bien et pour pas cher ", il a raison, assiette copieuse, salade, saumon, crevettes, poularde farcie, la patronne, elle fait aussi le service, avec fierté "on a servi presque deux cents repas le soir du réveillon", il poursuit "c'est aussi ici que s'arrêtent les femmes de prisonnier en sortant du train, ils sont sympa, ça fait peut-être ça de travailler en famille", et de fait très vite après, à la table à côté, deux jeunes femmes et trois enfants, sept, huit ans à tout casser pour le plus âgé, elles déballent le repas, sandwichs à la tortilla sortis du papier alu et partagés, des chips, à boire, les enfants d'abord, un café, un seul, commandé au bar, déjà si cher de se déplacer, un accent râpeux, on tend l'oreille, oui, le basque de l'autre côté, songer qu'elles commencent l'année ainsi, une visite à la prison, on aimerait soudain partager sa belle assiette copieuse, leur souhaiter des jours meilleurs, les enfants galopent dans la grande salle, courses-poursuites entre les tables, sous les bancs, sur les bancs, taquinent le chien de la maison, un cabotin qui prend des mines, leurs rires aux éclats, leur insouciance, autant de petits drapeaux plantés dans la violence du monde, les mères veillent du coin de l’œil, ils grandissent
Il vous dépose là mais rien ne presse, si on déjeunait ensemble ? "tu verras on y mange bien et pour pas cher ", il a raison, assiette copieuse, salade, saumon, crevettes, poularde farcie, la patronne, elle fait aussi le service, avec fierté "on a servi presque deux cents repas le soir du réveillon", il poursuit "c'est aussi ici que s'arrêtent les femmes de prisonnier en sortant du train, ils sont sympa, ça fait peut-être ça de travailler en famille", et de fait très vite après, à la table à côté, deux jeunes femmes et trois enfants, sept, huit ans à tout casser pour le plus âgé, elles déballent le repas, sandwichs à la tortilla sortis du papier alu et partagés, des chips, à boire, les enfants d'abord, un café, un seul, commandé au bar, déjà si cher de se déplacer, un accent râpeux, on tend l'oreille, oui, le basque de l'autre côté, songer qu'elles commencent l'année ainsi, une visite à la prison, on aimerait soudain partager sa belle assiette copieuse, leur souhaiter des jours meilleurs, les enfants galopent dans la grande salle, courses-poursuites entre les tables, sous les bancs, sur les bancs, taquinent le chien de la maison, un cabotin qui prend des mines, leurs rires aux éclats, leur insouciance, autant de petits drapeaux plantés dans la violence du monde, les mères veillent du coin de l’œil, ils grandissent
jeudi 11 janvier 2018
on l'aimait tant
un bon chien noir au poil ras, un peu loup, un peu autre chose, le regard adouci d'une tache marron au-dessus de l’œil, comme un sourcil, cavalcades avec lui, tester son dévouement, sauter du pont au-dessus de la rivière, pousser des hurlements, à l'aide ! il accourait, saisissait délicatement dans ses crocs ce qui dépassait, un bout de bras, de vêtement et hop ! sur la rive, l'entourer de ses bras, le cajoler, se rouler dans l'herbe, on l'aimait tant, mais, un jour, qu'est-ce qui lui avait pris, il était revenu au matin, l'air éreinté, le museau ensanglanté, c'est sûr il avait attaqué un troupeau, on avait pensé, on n'avait rien dit à personne, on l'aimait tant, un coup de carabine, pas de procès, les voisins l'auraient tué, y aurait rien eu à dire, un chien vicié, tout le monde sait ça, ça recommence, on l'avait attaché serré dans une niche, la même lourde chaîne que celle des vaches, il avait pleuré longtemps, on allait le caresser, on l'aimait tant, il vous faisait fête, vous vous éloigniez, il vous suivait d'un regard désolé, les parents étaient inflexibles, Non, on ne le détachera jamais, il est vicié on vous dit et c'était peine que de voir son cou pelé, pourtant, comment avait-il fait, un matin il n'était plus là, un affolement, à quelles folies allait-il se livrer, on s'inquiéta, l'appela, le chercha, le soir il était revenu, il tendit le cou, on l'attacha
lundi 1 janvier 2018
premier janvier 2018 rêverie
dans la vieille maison presque silencieuse, gestes immémoriaux, leur humilité, préparer le café, allumer le feu, attendre, qu'il s'échappe et c'est le feu, personne, le manteau de la cheminée, un abri, se tenir là assise, dans l'âtre se savoir maillon d'une lignée, un jour laiteux s'arrache à regret de la nuit, un brouillard cotonneux caresse les carreaux, prêter l'oreille, un souffle profond, quelqu'un rêve au-dessus, se couler dans cette respiration, le bois craque, gémit, crépite, parfois une étincelle, un éclat, un éclair, ombre, lumière, rougeoiement, le ballet des flammes, songer à ce qui nous relie, "se sentir sur la même longueur d'onde" dit-on, des fils et un son circule, à la rescousse des mots affluent mais aussi eau qui court et ruisselle, s'agenouiller, dans la conque de ses mains recueillir et trinquer à la vie, irriguer l'âme racornie et replanter, se mettre en route, une voie