mardi 26 novembre 2024

à pied : en passant par Orio

 


deux sculpteurs, l’aîné, seize ans de plus, Oteiza est né à Orio, la bourgade à l’image, Chillida, lui, à Saint-Sébastien, l’élégante station balnéaire à côté, se souvenir d’un jeune guide lors d’une visite guidée de la grande exposition hommage Une conversation Chillida et son temps au musée San Telmo, il termine, la tension de l’exercice tombe, un relâchement, volontiers et généreusement, quelques échanges encore puis l’œil rieur Vous voulez savoir quelle est la plus grande œuvre d’Oteiza ? des regards s’échangentattente, désir d’apprendre encore, peur de se tromper, tout cela mêlé, silence, il lâche La plus grande œuvre d’Oteiza, c’est Chillida, le silence se fait perplexe, son trait d’esprit a fait flop, il rétropédale et l’air contrit, C’est que je suis d’Orio moi aussi.

lundi 25 novembre 2024

coup de vent à Saint-Sébastien



les chevelures protestent, 


les drapeaux claquent vigoureusement, 

et les cerfs-volants se jouent des rafales

dimanche 24 novembre 2024

Lu et vu (125)

 Lu 

Moisson de Charles Juliet 

« oublie ta fatigue


refuse de convenir

 que tu as marché

 en vain 

jusqu'à ce jour


oublie ta fatigue


étouffe la voix

qui t'invite 

à renoncer 

et sache faire 

meilleur accueil 

à ton besoin du retour 


oublie ta fatigue


dresse-toi à nouveau

chemine à nouveau


chemine

à nouveau » (p 73 éditions POL)


Dire Babylone de Safiya Sinclair

Vu

Monsieur Aznavour réalisé par Mehdi Idir et Grand Corps Malade 

samedi 23 novembre 2024

Famille (17)

 La sœur, là elle n’en peut plus, vers son beau-frère Si tu la quittes, on t’en voudra pas

jeudi 21 novembre 2024

Petites choses qui (88) apaisent


 rendre visite à une amie, la grâce légère d’un bouquet, une bougie allumée, l’ombre se fait dansante

mardi 19 novembre 2024

du côté (4) des mères

le départ pour les études supérieures de son fils, un choc, elle râle On lui avait jamais connu une copine et là, du jour au lendemain, il est en couple, dire qu’on imaginait aller plus souvent sur Bordeaux, elle a même lâché sa chambre en cité U, on a eu beau dire que c’était pas une bonne idée, rien à faire, les voilà à deux dans son 14 m2, je me demande bien ce qu’ils y font, c’est impossible de travailler, il prétend qu’il va à la bibliothèque, tu parles, pour Noël, et elle se radoucit, on lui offre un jambon, cher ? ben un peu mais pas tant que ça, t’en as tout un rayon à l’Alcampo d’Irun avec des de quatre, cinq kilos, à Paris ? non c’est trop gros pour le métro, tu peux quand même pas te balader avec ça sur l’épaule, des rires, en écho d’autres mots ailleurs Quand on leur donne des provisions, on a sûrement le secret espoir qu’ils pensent encore un peu à nous quand ils les les mangent

ci-après Los de qui cau du groupe béarnais Los de Nadau

https://youtu.be/5wSTjB9NYh4?si=qer5ikoz7gxtePBs

dimanche 17 novembre 2024

Lu et vu (124)

 Lu

La promesse de Friedrich Dürrenmatt

Médée et ses enfants de Ludmila Oulitskaïa

Ode au recommencement de Jacques Ancet

    je reviens, mais tout me dit que trop tard, les mains grattent la poussière, des hordes hagardes sautent murs et barbelés, les oiseaux tombent comme des pierres


   et pourtant je suis là aussi, pour la corneille et le bébé, pour le drapeau qui claque, pour les couleurs, le rouge, le vert, le jaune du forsythia


   pour le grand cèdre noir, les clochers, les tracteurs, les nuages,


   pour la goutte de tendresse dans le regard, les corps polis par les caresses 


   pour le port, les mâts, les terrasses, les fleurs la promesse du bleu et la route d'éclairs


   pour cet instant comme deux mains qui se rejoignent et tout est unifié et le monde entier vibre et je suis une seule syllabe, une voyelle claire


   je dis là, je dis là, là, je dis, c'est là, je ne vois rien mais


   j’'en suis sûr, tout est là


   j'erre dans une phrase sans fin, j'ouvre les mains, elles se remplissent d'air


   je ne suis que ce souffle et dedans n'est plus dedans, dehors plus dehors mais ce dedans-dehors qui se fait dans ma bouche


   je suis la lisière, l'interstice, le fil de feu entre les pierres, cet instant où jour et nuit échangent leur visage


   et entre oui et non, ce geste, ce regard, cette parole où je reviens (p 55, 56)

Au cœur de la maison d’Ella Yevtouchenko (en version bilingue ukrainien-français)


« Ma vieillesse me parle

Mes jambes avancent vers la terre

Je ne trébuche pas

Lentement je fais le tour du lac

Une truite grise me dévisage

Elle sait que mon apprentissage

Émeut mon âme

À mon tour, je deviens une ainée

 J'attends ta visite pour te raconter

Une histoire qui demeure 

Dans les mémoires »


Croire Sur les pouvoirs de la littérature de Justine Augier 

« Je l'ai dit, je me souviens très mal des livres, et j'éprouve souvent de grandes difficultés à en extraire des scènes ou des phrases précises. Les livres sé-dimentent en moi d'une façon mystérieuse, ils déclenchent de longues et lentes transformations dont il m'arrive parfois de repérer les effets, discernant une preuve du cheminement. Le philosophe Emanuele Coccia n'hésite pas à évoquer la radioactivité de l'écriture, pour tenter d'approcher cette façon dont la matière mutante ne cesse de cheminer en nous et d'irradier. »


Lingua Capitalismi Neoliberalis attaquée par Sandra Lucbert dans Personne ne sort les fusils, récit du procès des responsables de France Télécom ayant mis en œuvre un plan criminel pour se débarrasser de vingt pour cent des employés de l'entreprise sans avoir à les licencier, pour rendre leurs vies insupportables et les pousser au départ, et leurs vies ont été rendues tellement insupportables que dix-neuf d'entre eux se sont suicidés, que douze ont tenté de le faire, souvent sur leur lieu de travail. Finalement, cette histoire de suicides, c'est terrible, ils ont gâché la fête, nos collaborateurs ont été privés de leur succès, regrette à la barre le PDG Didier Lombard. Pour Lucbert, ce procès est l'histoire d'un enlisement grammatical, c'est l'affaire d'une langue qui ne permet plus de discerner ni le réel ni le crime. Lucbert s'acharne à la parler cette langue, à en reprendre les concepts jusqu'à l'écœurement, les sigles et acronymes qui mettent ce qui advient et les souffrances des employés à une irréductible distance, elle se perd dans les plans NExT nouvelle expérience des télécommunications et ACT anticipation et compétences pour la transformation, assène les mots devenus outils d'un pouvoir écrasant, qui engonce et ferme les possibles. Un ordre social est machinal. Il nous agit. On l'a toujours oublié

- l'envie de renouer avec le geste, d'aller chercher de l'élan et de balancer la pierre, pour s'attaquer à cette langue et à l'ordre machinal. (p 106)

Vu

Théâtre

Le funambule de Jean Genet mis en scène par Philippe Torreton

Le procès concert-théâtre par le théâtre des Deux Mains

Cinéma 

Golden Eighties de Chantal Akerman

Voyage à Gaza de Piero Usberti

vendredi 15 novembre 2024

au marché (28) de la repartie

caisse, elle tend la monnaie, une piécette s’échappe, plongeon pour la récupérer, la cliente machinalement  C’est vrai que ça pousse pas les sous, elle se redresse  Parce qu’on les ramasse trop vite leurs regards se croisent, elles rient 

mercredi 13 novembre 2024

Vieillir (62) conversation au pressing

faveur pour bonne cliente, l’employée finit de repasser son jean Et vous le pliez en trois, oui, comme ça, merci, voix péremptoire, habitude d’être obéie, elle poursuit Je vais en profiter pour prendre les pulls. Vous les avez préparés ? C’est que prudente, la réponse hésite vous êtes passée les prendre la semaine dernière. Vous ne vous en souvenez pas ? Fugace, une ombre sur le vieux visage, sans ciller Si vous le dites, ni au revoir ni merci, elle sort.

dimanche 10 novembre 2024

Lu et vu (123)

 Lu

Les marchés de l’Amérique de Lance Weller

A la mesure de l’univers de Jón Kalman Stefánsson

« Les poèmes sont bien utiles, ils peuvent vous servir de couverture quand le froid enserre le monde, ils peuvent être des grottes à l'écart du temps, des grottes dont les parois sont ornées d'étranges symboles, mais ils sont une piètre consolation quand vos os sont éreintés, quand la vie vous a éconduit ou quand, le soir, votre tasse de café est la seule chose qui vous réchauffe les mains. » p 87

« Margrét s'appuie sur le rebord de la fenêtre, elle a vieilli et ressent une légère fatigue, elle n'est plus aussi résistante qu'autrefois, il lui arrive de s'enfermer dans la petite salle de bains où se trouve le miroir, elle se déshabille et observe ce corps qui lui semble parfois être celui d'une autre femme, que sont donc devenues ces formes qu'elle connaissait si bien, ce ventre plat, cette poitrine ferme, ces cuisses musdées, ce corps qu'elle aimait tant habiller avec de beaux vêtements, qui était si léger à porter, qui donc le lui a pris avant de l'abandonner avec... ça ? Elle soupire, se rassoit avec la robe à repriser, avec le livre, elle tient à profiter de ces moments, il est si rare qu'elle puisse s'accorder un peu de temps. » p 227


Rêve d’automne Violet Vivre dans le secret (théâtre) de Jon Fosse

Cinéma

Le repli de Joseph Paris (documentaire)


samedi 9 novembre 2024

vieillir (61)

 marqueurs, d’abord les verres progressifs, puis les appareils auditifs et enfin la canne, un ordre parfois bousculé, désarroi d’une collègue, pas cinquante ans, elle devait être appareillée Mes enfants ne veulent pas, ils disent que ça fait vieux ou encore le cœur serré, à la messe de Toussaint, en découvrant Françoise, votre âge, traverser précautionneusement l’allée centrale de l’église appuyée sur sa canne. 

jeudi 7 novembre 2024

au marché (27)

elle caresse pensivement des kakis, vers son amie Je me souviens de la première fois que j’en ai mangé, je venais d’accoucher, on venait pas me voir, c’était déjà mon troisième, quelqu’un en a offert à ma voisine du lit à côté et elle me les a donnés, je me revois le petit dans les bras, les kakis, son regard se perd dans le vague, j’y pense chaque année quand revient leur saison 

mardi 5 novembre 2024

des nouvelles d’Iruña Cormenzana López

 un mail, c’était elleIruña Cormenzana Lopez, l’auteur de la saisissante installation Eskubideak Chemins de main « (…) J’ai été agréablement surprise de voir mon travail traverser les frontières.


J’ai pris la liberté de joindre quelques vidéos au message, espérant qu’elles vous donneront une perspective plus intime de l’intention et de l’émotion de l’installation.
 (…) »

dimanche 3 novembre 2024

Lu et vu (122)

Lu

Sister  Deborah de Scholastique Mukasonga

Juste avant l’Oubli d’Alice Zeniter

Que du vent d’Yves Ravey

samedi 2 novembre 2024

Conversation (39) en blablacar

 La soixantaine massive, une grande barbe grisonnante, un côté patriarche, tatoueur Je n’exerce plus, j’ai deux gars qui travaillent bien à Madrid, je passe chaque samedi pour la comptabilité, la maintenance du site, la publicité, j’en profite pour embrasser ma mère, voir les enfants et je rentre tranquillement le dimanche soir, j’ai maintenant un petit atelier de céramique, le tatouage ça a jamais aussi bien marché qu’après la Covid, normal, après une crise, par exemple tu te fais larguer, qu’est-ce que tu fais, des achats au Corte Inglés, tu passes chez le coiffeur ou l’esthéticienne, ou alors tu te fais un tatouage, tu comprends, t’as besoin de toucher à ton image, t’es tatouée, toi ?

jeudi 31 octobre 2024

Conversation (38) au restaurant

 moment du dessert, le serveur - Crumble pomme framboise ou fondant au chocolat ? Elle, Vous pourriez me conseiller le plus… une hésitation, elle cherche ses mots, lui, à son secours… le plus léger ? Un éclat de rire - Oui, je devrais -Mais non, c’est pas ce que je voulais dire, c’est juste que le plus léger, c’est en général ce qu’on nous demande pour le dessert le voilà maintenant embarrassé, il pataugeelle reprend -… je voudrais le plus artisanal  des deux  Lui, à nouveau professionnel ici tout est maison.

mardi 29 octobre 2024

Petites choses qui (87) rechauffent

 



on n’a pas oublié son parapluie mais une éclaircie, vite ! une table au soleil, son livre et un verre de rouge

lundi 28 octobre 2024

Vieillir (60)

 Près du fourneau enveloppée dans une superposition de gilets de laine, elle se lève avec difficulté pour ajouter une bûche. Le matin quand je me lève et que je n’ai pas mal quelque part, je me demande si je vis encore.

dimanche 27 octobre 2024

Lu et vu (121)

 Lu

La tante qui ne voulait pas mourir de Shirdhzndu Mukhopadhyay

La petite dernière de Fatima Daas

Consumés par le feu de Jaume Cabré

L’imposteur de Javier Cercas

Vu

The Outrun de Nora Fingscheidt

Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde d’Emmanuel Parvu

Miséricorde d’Alain Guiraudie


vendredi 25 octobre 2024

au marché (21) des empreintes d’ombre

 

Murcia, mercado San Antolín, 8 oct 24, 9h1/2

Murcia, rideau tiré sur un commerce, des photos témoignent encore, soixante-dix ans, une famille, 


derrière l’étal une lignée s’éteint, 


 quelques mots scotchés, Jamás nos enterrarán pisadas de sombras, des mots énigmatiques, 


Jamais ne nous enterreront les empreintes d’ombres

mercredi 23 octobre 2024

Conversation (37) dans le bus

 Elles se font face. Des connaissances. 

- Et ça te fait combien, regard rapide à son interlocutrice, on a le même âge non ?

-Je vais sur mes quatre-vingt-quatre. 

- Pour novembre comme tout le monde ? 

-Non décembre. 

-Moi, ils m’ont fêté les quatre-vingt à Biarritz dimanche. Le fils y était aussi, il veut plus s’occuper de moi, me tondre la pelouse tout ça, y vient jamais, j’ai vendu et j’ai pris un petit appartement du côté d’Auchan. Là, j’étais au kiné et je vais faire un tour à Lidl. Il faut sortir, ça fait du bien. Ton mari ? Ah ! pas terrible… et toi toujours l’insuline ? moi le docteur voulait aussi, j’ai refusé, je sais pas ce qu’on a mangé quand on était petits les Portugais mais on a tous le diabète. Non, cette année je suis restée,  les enfants y sont allés oui, j’ai du mal à marcher, même à Biarritz je m’en suis vu, tu descends là ? oui, je sais que c’est ton immeuble, à quel étage déjà ? ah ! le troisième. C’est pas ton mari au balcon ? 

… et alors que les portes vont se refermer 

- Tes enfants s’occupent bien de toi ?

lundi 21 octobre 2024

dans le funiculaire

 elle insiste, veut vous céder sa place, vous la regardez, bien quinze, vingt ans de plus que vous, accepter sans faire d’histoires, la regarder encore, élégante, toute de beige vêtue, le Vuitton mallette replié sous le bras, pas une contrefaçon, c’est sûr, des escarpins à talons vertigineusement hauts, pourtant incroyablement petite, menue, comme recroquevillée sur elle-même, des cheveux longs auburn soigneusement lissés, des bijoux, ses mains tavelées de taches brunes s’accrochent à la sangle au-dessus de sa tête, sans doute une faveur à la gueuse à cheveux blancs

dimanche 20 octobre 2024

Lu et vu (120)

 Lu

Mon sous-marin jaune de Jón Kalman Stefánsson

Vu 

Installation 

EskuBideak d’Iruña Cormenzana baie de la Concha, Saint-Sébastien   

Film

Histoire de Souleymane de Boris Lojkine

samedi 19 octobre 2024

jour après jour




un soir, 


un matin, à La Manga, province de Murcia

mercredi 16 octobre 2024

Installation (44) d’Iruña Cormenzana

 Sur le site de Jakiunde : 

«  L'artiste navarraise Iruña Cormenzana présente une installation sur la plage de Kontxa sur sollicitation de Jakiunde, pour un cycle d’événements et conférences sur le thème de démographie et migrations

Cette intervention artistique « Eskubideak »  «chemins de  main» (…) vise à créer une réflexion sur la tragédie silencieuse vécue par les personnes qui se lancent dans la dangereuse traversée migratoire des mers et des rivières. Il ne raconte pas d’histoires individuelles et ne met pas non plus de visages sur des tragédies. Le but est d’expliquer la gravité du problème, de montrer des statistiques froides et terribles.

Ce travail a utilisé la matière première issue des déchets industriel [moules de gants d’une usine désaffectée], créant un certain parallèle avec la population qui arrive comme matière première pour répondre aux besoins démographiques des pays récepteurs.

(…)

L'installation bénéficie du soutien du Ministère de la Science, de l'Université et de l'Innovation et du Département de l'Éducation du Gouvernement Basque »

saisissant, 

foule de mains tendues jaillies du sable, 


elles apparaissent, 
cadre merveilleux de la Concha,
photos, 
voire selfies pour quelques-uns, 
marche au ras des vaguelettes, 
dans un sens dans l’autre, 
les marées,
elles disparaissent, 

un monde s’engloutit, 

 son ombre portée, 

d’une puissance qui prend au cœur

mardi 15 octobre 2024

Petites choses qui (86) émeuvent

 


il reste à quelques pas d’elle et, de salle en salle, ne se lasse pas de la regarder regarder, elle se retourne parfois et lui sourit, une autre photo, un couple

dimanche 13 octobre 2024

Vu (119)

 Vu 

Cinéma

Au hasard Balthazar de Robert Bresson Filmoteca de Murcia, cycle Robert Bresson, vingt-cinq ans qu’il nous manque

Exposition 

musée d’art abstrait espagnol de Cuenca

espacio Torner (peintre sculpteur cent ans en 2025)

museo Ramón Gayá Murcia 

Château de Cardesse (Béarn) chez Cristobal Hall, sur le chemin de l’exil, 1939, gouache sur toile. 


« En 1939, après la défaite républicaine, sa femme, qui essayait de regagner la France avec la population civile, meurt dans le bombardement de Figueras, auquel leur fille survit par miracle. Ramón Gaya franchit les Pyrénées avec l’armée républicaine et est interné au camp de concentration de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). À sa sortie du camp, il séjourne à Cardesse [en Béarn] chez son ami anglais Cristobal Hall, puis s’embarque vers le Mexique et l’exil.»



nueve obras maestras, Fundación Antonio Pérez de Cuenca du collectionneur Roberto Polo

vendredi 11 octobre 2024

Conversation (36)

Une jeune Argentine. J’ai eu mon diplôme de médecin et je suis partie aussitôt. Nous partons tous. L’Italie, parce que les papiers c’est facile. Il suffit d’avoir des arrières-grands-parents italiens. Au début, je ne parlais pas la langue, je ne connaissais pas mes droits, c’était difficile. C’est mieux dans le Nord. Je travaille dans un hôtel. Saison d’hiver, saison d’été, je suis payé sur huit mois. Je voyage et vis mieux que mes rares amies restées là-bas. Trois ans déjà, ça prend de temps pour traduire les diplômes mais j’espère qu’au plus tard je pourrai exercer l’été prochain. Ma sœur est installée à Palma. Là, nous nous retrouvons tous à Madrid sauf mon petit frère qui doit préparer des examens. Nous leur avons offert le voyage. Ma mère aussi est médecin, mon père dans l’immobilier, enfin il essaie, c’est un pays où on n’écrit plus les prix au supermarché parce qu’ils changent aussitôt, où on ne se sent pas en sécurité comme ici mais ils sont trop vieux pour changer de vie, devenir serveur ou veilleur de nuit et s'adapter. 

jeudi 10 octobre 2024

De l’uniforme (3)




les enfants grandissent,


les jupes raccourcissent 

mardi 8 octobre 2024

Petites choses qui (87) étonnent

Murcia, un matin au supermarché, elle égrène son chapelet accroché au guidon de son chariot, au moment d’entrer elle l’enfouit dans sa poche, l’éclat dansant des perles de verre disparaît 

dimanche 6 octobre 2024

Lu et vu (118)

Lu

Mauvaises herbes de Dima Abdallah

Vu

Cinéma

Les graines du figuier sauvage de Mohamed Rasoulof

Les galeries des collections réales : patrimonio de todos documentaire de Pablo Iraburu et Miguel Garcia Iraburu/Filmoteca Cartagena 

Expostión 

Yoshitomo Nara Guggenheim de Bilbao

samedi 5 octobre 2024

Mots oubliés (13)

 avant d’entamer le pain, elle se signait aussi, ou se contentait-elle de rapidement dessiner une croix ? rompre le pain, du sacré dans le quotidien 

vendredi 4 octobre 2024

Conversation (35)

sud-est de l’Espagne, Cartagena, à quelques tables, trois femmes en terrasse de ce salon de thé, gâteaux café con leche, on sait vivre, un échange joyeux mais qu’a donc dit la plus jeune des trois pour que celle qui lui fait face se signe précipitamment ? et dans l’instant se souvenir, même geste au premier éclair ou au premier roulement de tonnerre, conjurer, implorer, plus tard juste une ébauche, c’était plus fort qu’elle, aussitôt esquissé, aussitôt rengainé, ses filles se moquaient, ne pas leur déplaire

mardi 1 octobre 2024

Guëmes et le père Ernesto


un tout petit détour sur le chemin du Nord pour passer par chez lui, sa maison natale aujourd’hui transformée avec l’aide de bénévoles en immense accueil pour les pèlerins…. un ancien prêtre ouvrier, quatre-vingt-sept ans, quelque chose de sa bonté continue de rayonner, ce soir-là, cinquante-sept personnes, dix-sept nationalités, s’asseoir entre une lituanienne et un taïwanais face à un biélorusse, 

partager un micro dortoir douche WC spécial senior aménagé dans des écuries avec un couple, soixante-seize ans, ils se houspillent, se soutiennent, lui Arrête donc de parler si fort, plus tard, elle T’as pensé à aller prendre les affaires au sèche-linge ? vers moi  Vous comprenez on sème pas mal ! on a commencé il y a deux ans, l’année dernière en est allé jusqu’au bout depuis chez nous, à Mérignac. mais par le Camino Francés, cette année on espère qu’on arrivera à Compostelle aussi. On savait rien de tout ça, ça s’apprend vite mais attention, on s’entraîne, hein ? treize kilomètres par jour, sauf s’il pleut des cordes

dimanche 29 septembre 2024

Lu (117)

 Lu

Chanson de la ville silencieuse d’Olivier Adam

personne ne sort les fusils de Sandra Lucbert

Le bleu du lac de Jean Mattern

samedi 28 septembre 2024

voisinage

 


longer le Centre Pénitentiaire de El Dueso, au bout la grande plage de Berria, air de vacances et goût de liberté

vendredi 27 septembre 2024

cimetière marin

 

Castro-Urdiales, 18 septembre, 8h23

l’hiver venu, paysage dépouillé, une transparence, se dégage la vue sur l’Océan

8h32

mercredi 25 septembre 2024

à la boulangerie (9)

 


Donosti/Saint-Sébastien. Tomber un soir en arrêt devant cette affiche au cours d’une promenade dans le vieux quartier. Le lendemain, 


la boulangère C’est le travail d’un collectif de jeunes artistes basques. Si tu veux je t’en donne une, j’avais aussi des banderoles, dommage, tu aurais pu en accrocher une chez toi au balcon.

mardi 24 septembre 2024

s’asseoir là (5)


 sur l’arbre arraché, un combat violent, témoignage, repris par l’océan, bousculé puis enfoui dans le sable, étouffé mais la messe n’est pas dite, un peu de sève, rejets, vivre encore

lundi 23 septembre 2024

Choses qui (86) émerveillent


la dune, rosée, brise marine, de grandes herbes ploient, le jour se lève à peine, le ciel s’embrase, attendre à Laredo le premier bac pour Santoña, sur la plage un homme à grands pas, être là, de la carte postale 

dimanche 22 septembre 2024

Vu (116)

Vu

Partitura de Silvia Bãchli au Centro Botín de Santander

samedi 21 septembre 2024

Choses qui (85) surprennent

 


des champs de maïs basculent dans l’Océan. Comment les engins agricoles font-ils demi-tour au bout du rang ?

vendredi 20 septembre 2024

Petites choses (84) qui font plaisir

 

l’Océan en contrebas, la lumière est douce, marcher dans le matin frais, surgis de nulle part un agneau, quelques brebis en liberté 

jeudi 19 septembre 2024

Mots oubliés (12)


de ce côté-ci comme de ce côté-là de la frontière, elles disparaissent, qui pour se rappeler encore les merceries 

mercredi 18 septembre 2024

Petites choses (83) agréables


septembre, odeur d’océan mêlée à celle de l’herbe coupée, regain

mardi 17 septembre 2024

Petites choses (83) tendres et douces

 


un gîte d’étape, dans un angle, le remarquer lui d’abord, son air voûté et fragile, un appareil audio, elle ensuite, une alerte septuagénaire, elle prend la couchette du haut, le rejoint sur celle du bas, s’endormir bercée par leur chuchotis

dimanche 15 septembre 2024

Lu et vu (113)

 Lu 

Triste Tigre de Neige Sinno

"Mon idéal en réalité c'est Claude Ponti. Un type qui a été violé dans son enfance par son grand-père. Il devient un grand artiste, avec un monde à lui, qui n'a rien à voir avec ça. Enfin, pas exactement rien à voir une fois qu'on sait, son monde est un univers parallèle dans lequel on peut se plonger et affronter des monstres sans crainte, vivre des aventures dont on ressort vainqueur et ragaillardi. Ce monde est un remède contre la cruauté du dehors. On y apprend à ne plus avoir peur de sa peur. Il ne fait cependant pas de références directes à la maltraitance ou au viol. Plus tard, quand il possède une certaine notoriété, quand son nom est associé à son univers artistique, aux histoires et personnages qu'il a créés, il prend la parole et dénonce ce qu'il a vécu avec force et courage mais aussi avec un certain apaisement. Il n'y a plus rien à faire. Il ne veut pas attaquer sa mère qui n'a rien fait pour le défendre, qui l'a confié à des membres de la famille sans même venir le voir pendant plusieurs mois, qui l'a mis en pension chez le grand-père violeur, qui l'a abandonné. Il dénonce et explique ce qu'on peut ressentir quand on est une preuve permanente, vivant dans la maison d'un homme qui peut vous atteindre à n'importe quel moment, dans des interviews où on peut passer du sujet de la maltraitance à celui du choix graphique entre la couleur et le noir et blanc et affronter des monstres sans crainte, vivre des aventures dont on ressort vainqueur et ragaillardi.

Je l'ai entendu répondre à un journaliste, dans une émission de radio, qui lui demandait si les violences subies dans son enfance avaient laissé des traces dans son existence. Bien sûr, avait-il dit, de sa voix douce mais un peu étonnée qu'on puisse Poser une telle question, comme si ça n'était pas une évidence, et il avait raconté que, par exemple, pendant des années, il ne pouvait pas courir. Le bruit de sa respiration quand il courait ou faisait un effort physique lui rappelait le bruit que faisait le grand-père quand il était sur lui et il s'évanouissait carrément. Le souvenir était si insupportable que son cerveau se déconnectait. Je me souviens d'entendre les battements de mon cœur dans mes oreilles se superposer à la belle et grave voix du dessinateur en écoutant cela. Il y avait eu un silence après la réponse, le journaliste devait avoir été affecté lui aussi, puis il avait réussi à rebondir sur une autre question.

Claude Ponti n'est pas une ancienne victime qui a fait des livres. C'est un grand auteur-dessinateur qui a eu une enfance difficile. Comme Blaise Cendrars, qui n'est pas un manchot poète mais un poète manchot. Et la différence est de taille. La différence fait toute la différence. »

La nuit des pères de Gaëlle Josse

La prochaine fois le feu de James Baldwin 

Vu 

Cinéma 

Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier

Exposition 

Saul Leiter (photographe) à la Tabakalera Saint-Sébastien

vendredi 13 septembre 2024

Petites choses qui (82) font sourire

 


jamais rassasiée, jamais pressée, savourer un petit en-cas sur le chemin, Izar (Étoile) la chevrette