vendredi 31 octobre 2025

Petites choses qui (128) réjouissent le cœur

Gère-Belesten, 30 octobre 25, 15h45

sur la route, béret grand bâton, pas de chien alentours, il débouche à vélo d’un chemin à droite, deux brebis puis trois puis un troupeau entier dernière lui, un chemin à gauche, ils disparaissent, la lumière est belle

jeudi 30 octobre 2025

Conversation (55)

 - J’ai vu Manal dans le bus, tu vois qui c’est ? à peine reconnue, incroyable ce qu’elle a changé, élégante, gracieuse, pantalon noir et chemisier ivoire fluide, en première année de médecine. - Sûr, de celles qu’on n’oublie pas, en guerre contre le monde entier et tout le temps une tête de petite à qui on vient de prendre sa poupée

mardi 28 octobre 2025

Petites choses (127) qui réjouissent le cœur

posé sur la rambarde du balcon, une première fois, à peine le temps de le saluer, il s’envole déjà, un rouge-gorge 

lundi 27 octobre 2025

conversation (54)

c’est vrai qu’au plus petit pet en travers je suis chez lui [le généraliste] et tu sais ce qu’il m’a dit la dernière fois, elle rit, un grand rire joyeux, Un jour tu vas finir par m’amener ton chat ! 

dimanche 26 octobre 2025

Lu et vu (154)

 Lu

Eden d’Audur Ava Olafsdóttir

La montagne et les pères de Joe Wilkins

« À peine quelques mois plus tard, ma mère nous fait asseoir à la table de la cuisine et nous apprend que mon grand-père a vendu le ranch. Sans en parler à personne, ni à ses fils ni à sa fille, mon grand-père a décidé de vendre le ranch familial, de ne garder que quelques hectares pour y faire paître une poignée de bêtes. Nul ne sait quoi dire.

À travers leurs diverses absences, à travers la culpabilité qu'ont fait naître ces absences, mes oncles téléphonent et téléphonent encore. Ma mère pleure et pleure encore, puis elle loue à son tour les champs de luzerne. Tout le monde, semble-t-il, a le cœur brisé.

Sauf moi. Personne - surtout pas mon grand-père, qui me pose tous les jours des questions sur mes résultats scolaires, sur mes lectures du moment, qui me dit d'étudier davantage encore - ne m'aurait obligé à reprendre le ranch, mais je l'aurais pourtant fait, ou mon frère l'aurait peut-être fait, mu par un sentiment déraisonné et sacré du devoir, par un chagrin mal placé. Mais voilà - voilà que mon grand-père m'a libéré. Alors je lis, et je lis encore, et je tombe amoureux de mondes que je n'ai jamais vus. Je fais des projets de voyages, je parle en toute honnêteté d'universités potentielles, comme si nous avions les moyens de m'envoyer dans un de ces établissements, n'importe lequel de ces établissements, et mon grand-père regarde une succession d'hommes signer les papiers et tenter leur chance avec notre ferme. Il vérifie s'ils entretiennent les clôtures, s'ils vont aux champs avant le lever du soleil, et quand ils finissent par s'en aller - ils finissent toujours par s'en aller - il secoue la tête.

- Ton père aurait raclé tous les fossés dès le mois d'avril et il aurait eu sa première moisson en mai, dit-il avant de s'éloigner avec un chargement de piquets métalliques flambant neufs, verts et brillants dans la lumière de l'aube, pour aller réparer les clôtures autour du peu de terres qu'il lui reste.» (p 138, 139)


Vu


Dahomey de Mati Diop

vendredi 24 octobre 2025

à la boulangerie (14)

sourire engageant de la jeune vendeuse, Je vous le tranche ? une moue Je préfère pas, les tranches sont toujours tellement fines, Je peux faire plus gros, j’ai la machine, il suffit de lui demander, ça vous va ça ? Oui ? alors la prochaine fois vous demandez  1,5, autre jour, autre vendeuse, cinquante ans passés, un rien revêche 1,5 ? mais ça existe pas 1,5, qui qui vous a dit ça ? Ah !  la collègue, sur son visage, une ombre et l’imaginer penser Cette gourde normal, elle se reprend Ça s’arrête à 20 mm, en général les clients, ils prennent 12 alors pour vous aussi 12 ?

jeudi 23 octobre 2025

Petites choses (126) qui émeuvent

 Un mineur isolé, une référente, les vacances, il l’appelle parfois, besoin de rien en particulier, juste Tu es là ? elle est là, il raccroche. 

mardi 21 octobre 2025

passante

 

Spello, 25 septembre 25, 13 heures 

elle surgit au détour d’une rue, 

une aisance décontractée, 


élégance à l’italienne 

lundi 20 octobre 2025

faire-part

 


la pluie s’invite ce soir 

« Goizean gorri
Arratsaldean euri »

Rouge de matin
la pluèia es per camin

Rouge le matin
Pluie en chemin 

dimanche 19 octobre 2025

Lu et vu (153)

 Lu

Ennuis de noce de Stig Dagerman

Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier 

DJ Bambi de Audur Ada Olafsdottir

D’après une histoire vraie de Delphine de Vigan

Vu

Les nuits de Cabiria de Federico Fellini

Huit et demi de Federico Fellini

vendredi 17 octobre 2025

conversation (53)

au pied du funiculaire un groupe de quatre cinq très jeunes hommes. L’un râle Faut pas être pressé, montrer le raidillon, le boulevard juste au-dessus, À pied vous y êtes de suite, puis les observer, athlétiques, crânes rasés, de jeunes recrues ? et poursuivre C’est vrai que vous êtes chargés, ils sont lourds vos sacs, l’un, la mélancolie d’un sourire Le plus lourd c’est le cœur, un silence, ses copains se figent et le regardent

mercredi 15 octobre 2025

Parole (11) d’homme

 On les a connus radieux, jeunes, grands, beaux, des enfants brillants. Il l’a quittée. La croiser changée. Un ancien collègue à vos côtés Ce n’était pas Madame… ? Une hésitation, acquiescer. Lui Elle a pris cher.

mardi 14 octobre 2025

à pied (37), un dimanche en Ombrie, une fête de village

 

Ombrie, Scheggino 22 septembre 8h30

au fond, on y arrive enfin, la haute tour tôt là-bas sous une écharpe de brume, on se retournera le lendemain pour la regarder encore, deux âmes pour ce hameau perdu, L’hôte Ça vous dit une fête de village un peu plus haut dans la montagne ? Bien sûr je vous prends  dans ma voiture, Ses jambes surtout envie de les allonger, se décider pourtant, 

Ombrie, Spoleto-Cese 21 septembre 17h45

des guirlandes, des voitures, la petite église au fond,
 

des fidèles, 18  heures, la messe se termine, une courte procession, 

puis un bal, 


changer de cavalière, danser en rond, tout le monde finit par s’y mettre, 

le repas, on s’active, participation libre, des montagnes de pâtes, puis d’immenses saladiers de tomates basilic oignon huile d’olive, on partage, se sourit, 

quelqu’un prépare plus bas des grillades, saucisses et ce que nous appelons en Béarn du coustou, 

des bouteilles au frais dans le lavoir de l’autre côté de la rue, la nuit tombe doucement, une douceur, on est bien là

dimanche 12 octobre 2025

Lu et vu (152)

 Lu

Fleur de roche d’Ilaria Tuti

Paris-Brest de Tanguy Viel

Jewish cock de Katharina Volckmer

Vu

Nouvelle Vague de Richard Linklater

samedi 11 octobre 2025

Conversation (52)

Veuve depuis peu. Quand j’ouvre mon frigo, c’est pathétique, y a rien, j’aimais pourtant cuisiner. S’il m’arrive quelque chose chez moi et qu’on ne trouve, on se dira que je suis morte de faim. 

vendredi 10 octobre 2025

conversation (51)

accompagner un groupe d’élèves à la demande d’une ancienne collègue, bousculades, brouhaha, tiens quatre ans plus tard, ils ne disent plus trop à tout bout de champ, genre, oui encore pour par exemple et un mot surnage Quand j’étais grave petit… c’était grave bien ou encore une autre à sa copine Il faut que tu réfléchisses si c’est vraiment ça que tu veux faire parce que sinon tu te mets grave la pression pour rien

mercredi 8 octobre 2025

y a plus de saison

 

Bizanos, Château de Franqueville, 6 oct 25, 11h30

il pleut fait froid fait chaud comme des prémisses de printemps le mimosa s’affole

mardi 7 octobre 2025

Conversation (50)

 Trois solides gaillards, petite trentaine, bien campés sur leurs jambes, passer à leur hauteur, l’un J’ai peur d’avoir peur, un des deux autres Alors t’es fichu, c’est sûr tu vas avoir peur, s’éloigner, se retourner un peu plus loin vers eux, gestes animés, ils n’ont toujours pas bougé 

dimanche 5 octobre 2025

Lu et vu (151)

 Lu 

Incandescences (nouvelles) de Ron Rash

« Boyd Candler avait grandi au milieu de gens pour qui le monde pouvait révéler toutes sortes de choses pourvu qu'on y prête attention. Enfant, il avait regardé son grand-père, l'homme avec qui ses parents et lui vivaient, trouver un nouveau puits pour un voisin sans rien d'autre qu'une branche de frêne. Il était dans le pré du voisin alors que son grand-père allait à pas lents d'une clôture à l'autre, les extrémités de la branche fourchue tenues serrées comme des rênes, sans s'arrêter avant que la pointe oscille puis plonge vers le sol comme tirée d'un coup sec par une main invisible. Il avait regardé le vieil homme vivre sa vie «d'après les signes». Une lune décroissante ou croissante déterminait quand faire les semailles et la moisson, tuer le cochon, couper le bois, et même le meilleur moment pour creuser un trou. Un lever de soleil rouge annonçait la pluie, tout comme le cri du coucou à bec jaune. D'autres signes, qui étaient annonciateurs d'une vie nouvelle, ou d'une vie touchant à sa fin. » (p 162)

Mais leurs yeux dardaient sur Dieu de Zora Neale Hurston 

« Janie finit par s'assoupir mais se réveilla juste au moment où le soleil envoie ses espions en éclaireurs pour lui ouvrir la voie dans l'obscurité. Il jeta un coup d'œil par-delà le seuil du monde et esquissa un semblant de frivolité rouge qu'assez vite pourtant il laissa de côté pour vaquer tout de blanc vêtu à ses affaires. Mais pour Janie il ne pouvait y avoir de trêve à l'obscurité si Tea Cake ne revenait pas bientôt. Elle parvint à sortir du lit mais aucune chaise ne sut l'ac-cueillir. Elle se ratatina au sol, la tête dans un rocking-chair. » (p 195)

« « Tea Cake! Mais je savais pas que t'étais rentré.

- Je sais que tu savais pas. J'étais ici un long temps à entendre cette génisse me balancer aux chiens ou essayer de te bobiner pour t'arracher de moi.

- Donc alors c'est ça qu'elle avait en derrière de sa tête ? Je savais pas...

- Sûr c'est ça. L'a son rien du tout de frère qu'elle veut que t'alles te colleter avec et comme ça je me figure que tu peux prendre soin de lui.

- Schocks ! Si c'est ça qu'elle a l'idée elle est en train d'aboyer après le mauvais arbre. Moi j'ai plein mes mains déjà.

- Merci plein ma tite dame. Moi j'haïs cette femme comme le poison. Garde-là loin de chez nous ici. Avec son allure de femme blanche là ! Et son teint de meringue et ses cheveux qui collent à son crâne comme quatre-vingt-dix-neuf à cent ! Vu comme ça qu'elle hait les noirs, donc elle a pas besoin de nos sous dans sa vieille place à gargoter. M'en vais passer le mot partout. À la place d'elle on va aller manger chez le blanc puis là on aura du bon traitement. Elle et son avorton de mari !  Et le fils ! Lui c'est rien qu'une vilaine farce que ses entrailles lui ont joué. Moi je vais aller dire à son mari de la garder à la maison. Je la veux pas aux entours de chez nous. » (p 229, 230)

Vu 

Un simple accident de Jafar Panahi

samedi 4 octobre 2025

conversation (49) au marché

un air bout de course, vêtements froissés, élimés, pourtant quelque chose d’une élégance à la Jean-René Caussimon, d’amples gestes flottants et appliqués, il empile des cagettes de carottes, le nouvel aide de la maraîchère donc, quelqu’un Alors comme ça, vous êtes en stage de reconversion ? Lui De régénérescence, un temps, il cherche ses mots Cet été personne au centre-ville, la mort, et pareil pour tous les commerces, sourire las, ici ça me fait du bien, je sors, je vois du monde

vendredi 3 octobre 2025

conversation (48)

 

la façade s’effrite, elle dit encore Fabrique de pâtes alimentaires S.P.A.S.O. de gros engins de chantier, dépecer le bâtiment, 

au volant de son camion, il attend son chargement et veille Ce que ça va devenir on sait pas, la structure de l’ensemble va être conservée, une ancienne fabrique ça fait rêver, dans le bâtiment à droite on a trouvé d’immenses cuves peut-être pour fabriquer la pâte, on en parle entre nous, on se demande, y aurait sans doute moyen de savoir en cherchant sur Internet, c’est comme cette poulie à hauteur du toit, à gauche, sûrement pour soulever des seaux de farine, on se fait des films, parfois on trouve des trucs, par exemple dans les toitures, petit sourire désolé mais notre boulot à nous c’est démolir

jeudi 2 octobre 2025

revenir là,

 

à Perugia, quelques heures, il y a quinze ans, souvenir de s’y être sentie bien, mais quoi d’autre au fond, réminiscences par d’autres croisés cette fois encore, robes longues et chemises blanches de rigueur, grappes de jeunes gens, fleurs bouquets dans les mains, visages joyeux ce mois de juillet-là aussi autour de jeunes docteurs auréolés de laurier,

mais encore, 

oubliés tous ces passages, 

ces murailles mangées de fougères, 

le musée Palazzo dei Priori était-il ouvert ? trop tard pour l’expo Modigliani,

à travers ses baies vitrées, des échappées sur le ciel, sur la ville, 

Piero della Francesca, le polyptyque de Saint Antoine 

encart, traduction Google, 

« Piero della Francesca est l'idéal incarné de l'artiste universel de la Renaissance.

Peintre, mathématicien et architecte, dans sa production, l'art et la science se mélangent à la perfection, donnant naissance à un lexique d'abstraction sublime et lyrique.

Le polyptyque de Saint Antoine, avec presque tous ses éléments originaux, a été peint pour les tertiaires franciscains dans le couvent de Sant' Antonio à Pérouse en 1467-1469. Ce sont les mêmes années où Piero travaillait également à Urbino pour Federico da Montefeltro, où la comparaison stimulante avec l'une des cours les plus raffinées et les plus cultivées de l'époque l'a conduit à des sommets absolus de réalisations.

La commande pour ce travail est probablement venue d'laria Baglioni, la fille du Seigneur de Pérouse, Braccio, et membre du couvent.

La structure complexe de ce retable a été conçue pour lui permettre de s'adapter à l'espace étroit du presbytère de l'église, bien qu'elle reflète également le goût d'un public qui appréciait encore certaines idées héritées du passé, très éloignées de la propre vision de l'artiste. En conséquence, les stratagèmes optiques qui effacent la division du registre central se combinent à la perspective magistrale rendue dans l'Annonciation en haut, une synthèse sensationnelle des études de Piero sur les mathématiques et la géométrie.

Il y a des preuves de la fascination du maestro pour la peinture flamande, qu'il a vécue directement lors de son séjour à Urbino, dans la façon dont il a expérimenté la technique des huiles et dans ses effets extraordinaires de lumière, qui sont mieux appréciés dans les Stigmates de Saint-François dans la prédelle qui, avec le Rêve de Constantin décoré à fresque par Piero lui-même à Arezzo, est l'une des premières peintures nocturnes de l'art moderne.


retenir, on aimerait davantage mais tant pis après tout, déjà heureux si ça irrigue l’instant