vendredi 1 janvier 2010

se préparer à une BA

Jour de Noël, Anglet, maison de retraite, visite à Octavie son ancienne institutrice. Une Octavie tendre et câline "Ma petite poupée", l'autre se blottit puis, le reproche cri du coeur "Vous préfériez ma sœur aînée". Faut croire qu'on ne guérit jamais de ça. Quatre-vingts et quatre-vingt-treize ans pourtant... elle, la dernière en vie d'une lignée d'institutrices, quatre sœurs, toutes célibataires. Alors sombrant dans la déréliction, éplorée Octavie ? Que nenni ! Et qu'importe si la chambre est un vrai foutoir, thé en équilibre précaire sur une tablette, slalom entre déambulateur et fauteuil roulant, montagnes de couches à déplacer pour poser ses fesses "Ma vie ici a changé quand j'ai rencontré José, il a dix ans de moins que moi, d'ailleurs vous n'allez pas tarder à le voir", quelques coups discrets et il apparaît beau, élégant et tiré à quatre épingles "J'étais joailler, je proposais des modèles que j'exécutais, des pièces uniques, j'allais les livrer dans les campagnes, la présentation c'était important alors j'essaie de rester soigné", une boîte de chocolats à la main, il sourit, elles continuent à parler, lui "Je l'accompagne au restaurant le midi, nous prenons le thé ensemble...", encore quelques coups frappés à la porte, cette fois, une jeune femme venue trouver là réconfort, la chambre est trop petite, au revoir Octavie, et pour la leçon de vie, merci.

1 commentaire:

  1. Magnifique histoire et si bien décrite, je m'y vois, et aussi je vois ma tante.

    Je l'ai visité dans sa maison de retraite, elle avait 95 et avait choppé le petit ami d'une copine, mais elle se plaignait, en privé à moi: tu sais, alas, il ne me caresse pas! même s'il vient manger ensemble tous les midis... et m'apporte des choses, mais...

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