vendredi 30 septembre 2011

jeudi 29 septembre 2011

château et dépendances (4)

l'automne
les ronces, les orties qui gagnent,
une porte à franchir,
puis les écuries,
fastes d'antan,
mais toujours les fééries de la lumière

mercredi 28 septembre 2011

faire rempart de

affiche pour A. Kubin "Sueños de un vidente" (Valencia, 1998)
il se retranchait
mais comment lui résister
contenir ses pleurs

mardi 27 septembre 2011

trop tard

le temps avait œuvré, notre indifférence aussi, et le dehors avait gagné le dedans, on avait fini par s'éveiller, où chercher l'ailleurs

lundi 26 septembre 2011

1er septembre 2011, reprise


 "Vous avez-vu le enfin la j'veux dire là dehors?", "Le bordel là-bas", 
"Ce tas de merde", "Y vont l'enl'ver avant lundi?", "La sculpture au 
milieu", "Le totem", "L'installation", "Tripoli", "Ça fait crade non?", 
"Pourquoi on ne fait pas la photo devant les gravats au moins?!", "Où 
est Khadafi?", ... l'amoncellement derrière les grilles ne laisse 
personne indifférent.
Pour ma part j'aimais assez. Puisque c'est "là", s'entend. J'imaginais 
flottant des petits drapeaux à prières, à l'himalayenne, mais la 
majorité des commentaires aoûtiens puis vendredi  engageaient très 
spontanément, semble, à des analogies lybiennes.
(...) Ça me rappelle mon désarroi quand je ne comprenais pas du tout en août 
1989 sur la presqu'île de Rhuys ce que disait ma cousine aînée Tegra. 
Elle entrait dans la tente "C'est Beyrouth ici". Elle disait aussi "De 
toutes façons Maman et moi, c'est le Liban" et c'est vrai, c'était pas 
marrant.
Mais j'aimerais penser le matin, pédalant vers le collège, l'hiver, que 
j'ai quand même envie d'y aller. Les ferrailles seraient des 
paratonnerres et je mettrais le feu aux jupe et barbe de quiconque 
demanderait, comme au moins trois fois vendredi, où est-ce qu'on a 
planqué Khadafi.

Dans trois semaines s'ils ne l'enlèvent pas nous ne verrons plus 
l'amoncellement derrière les grilles.
                                                Gaëlle M.

vendredi 23 septembre 2011

baignoire sabot

c'était lourd et pas pratique pour les bêtes, les ferrailleurs ont été un peu contents de l'enlever et nous d'en être débarrassés

jeudi 22 septembre 2011

les feux de l'amour

 l'un en haut de la pente, l'autre en bas, à surveiller que le feu ne s'étende pas,
et, sur l'exploitation des années ainsi, côte à côte, à tout partager, Quand je pense qu'y a des femmes qui rêvent, salles de bains, lits, chambres ou même appartements séparés, elles y connaissent rien, trilles de son bon rire gourmand, l'amour, avec le temps, c'est de mieux en mieux.

mercredi 21 septembre 2011

Fermier

 les petits dés de patate grésillent dans la poêle, prendre le dernier œuf de la boîte, le casser, il se défait dans les mains, renifler ses doigts, pouah ! ... torta... aux lèvres, l'exclamation venue de la langue d'enfance, la déception aussi, pourri !

mardi 20 septembre 2011

feu

du bois pour l'hiver
mais qui pour embraser l'âtre
maison refroidie

lundi 19 septembre 2011

Revenant

Son frère était mort. Sa sœur. Il s'était retrouvé seul. L'hiver, la ferme glaciale, une bronchite, une autre bronchite. Le médecin avait tranché. Maison de retraite. Des jours et des nuits à arpenter les couloirs inconnus, à insulter les uns et les autres. Dans le pays, on disait qu'il s'y faisait pas, qu'il avait plus sa tête. Et le diagnostic Alzheimer. Les années avaient filé, on avait oublié. Un après-midi, voiture au bout du chemin. Côté passager, un très vieil homme, visage un peu bouffi, teint cireux. Pas facile de le remettre mais oui, lui. Sa première sortie depuis. On avait parlé parties de chasse, repas de lièvre, ventes de terre. Le temps d'avant, la vie dans son regard. Arraché au Vous vous plaisez là-bas ? ... lâché du bout des lèvres, un, Oui c'est bien puis il s'était redressé, et comme recueilli, l'effort du mot juste, un souffle... à condition de ne parler à personne."

dimanche 18 septembre 2011

"Le paysage comme état d'âme"


vendredi après-midi, l'orage pas loin, une chaleur moite, les quatre murs, un chaudron incandescent, l'heure de la débandade enfin , sortir mécontente, loin la sérénité qui rayonnerait, passer devant le musée, hésiter...  rentrer chez soi et s'écraser à l'abri de volets clos, ou grimper les trois marches,
 expo Jean-Marie Poumeyrol, beau, mais... jambes lourdes, cœur lourd, humeur chagrine,
allez, un effort, et... par-delà le bruissement des uns, des autres qui vont, viennent et commentent, une invitation réconfortante au silence et à la contemplation.

samedi 17 septembre 2011

marché du samedi (3) : très classe

 "Un poulet, s'il vous plaît", voix ferme, posée, l'homme sait commander ; la main du volailler hésite "Non, pas une poule... un poulet"  lippe, quart de sourire crispé puis  "Pour ça, j'ai ce qu'il faut à la maison"

vendredi 16 septembre 2011

abandon de Poste

Dressée sur ses petits ergots, elle s'était cassée. 
 Larguée la famille... qu'ils se débrouillent.
Largué le boulot... son uniforme, une défroque jetée là.
oui, mais vivre

mercredi 14 septembre 2011

"... à mi-chemin entre le déchirement et la beauté"

Avant la fin Ernesto Sabato

N'est-ce pas une grande douleur qui a donné naissance à l'Oscar Wilde que nous préférons ? Dans son émouvante lettre finale, il rappelle que lorsqu'on l'a transféré de la prison au tribunal, au milieu de la foule, tandis qu'il avançait menottes aux poignets devant ses gardiens, ayant levé les yeux il a vu un ami le saluer en retirant son chapeau. Et de par la profonde solennité de ce geste, la multitude vociférante fut réduite au silence. Dans sa lettre il a écrit: « Là où il y a la douleur il y a un sol sacré. » Cette épreuve l'a éloigné pour toujours de ses précédentes extravagances, et il n'a jamais plus fréquenté les lieux de plaisir. La plus grande noblesse des hommes est d'édifier leur œuvre au milieu de la dévastation, en y travaillant sans relâche, à mi-chemin entre le déchirement et la beauté.

et puis association, collage... quoique sacré ou sentiment du sacré, un lien

Va pensée sur tes ailes dorées,
Va te poser sur les versants et les collines où embaume tiède et suave l'air doux du pays natal.
Salue les rives du Jourdain et les tours renversées de Sion,
O ma patrie si belle et perdue !
O souvenir si cher et si funeste !
Harpe d'or des prophètes du destin, pourquoi pends-tu, muette, aux branches du saule ?
Ravive les souvenirs gravés dans notre cœur.
Parle-nous du temps passé !

Rappelle-nous le sort de Solime dans une complainte aux tristes accents.
Laisse le Seigneur t'inspirer une harmonie qui nous donne la force d'endurer nos souffrances.

ici et là

cultiver son jardin...

mardi 13 septembre 2011

séparation

C'était la plus vieille du troupeau, les brebis de réforme ça rapporte rien, on préfère encore les tuer et les donner aux chiens mais là je pouvais pas, tu peux pas savoir ce que je l'aimais, alors on l'a finalement vendue et figure-toi qu'avant de partir, elle a fait un dernier agneau...

lundi 12 septembre 2011

sur le carreau

écheveau compact
 mais comment le dérouler
le fil échappait

***

se décourager
arracher des pelletées
pas de fond au puits

vendredi 9 septembre 2011

Maison peinte en noir à Agen (par SudOuest.fr, avec AFP)

Maison peinte en noir à Agen : décision de la justice le 8 octobre

 L'affaire a été examinée aujourd'hui à Bordeaux. Le rapporteur public du tribunal administratif s'est rangé à l'avis de la ville d'Agen interdisant "la démarche artistique" des propriétaires




Maison peinte en noir à Agen : décision de la justice le 8 octobre


 Le rapporteur public du tribunal administratif de Bordeaux a demandé ce jeudi à cette juridiction de rejeter la demande d'annulation de l'arrêté municipal pris par la ville d'Agen interdisant la poursuite des travaux de deux artistes qui repeignaient leur maison en noir.
(...)
Jean-Jacques Bauweraets-Huyghebaert, un des deux artistes-peintre propriétaires de cette maison basco-landaise située sur un coteau d'Agen a expliqué que depuis avril 2008, "rien n'a bougé".
 (...)
"Elle était jusque-là peinte en rouge et blanc comme la plupart des maisons basques et nous avons voulu la peintre en gris sombre pour prolonger l'intérieur de notre maison", a ajouté celui qui souhaitait ainsi rendre hommage à l'oeuvre de l'artiste Aurélie Nemours.
  
[... le beau, le laid, le même, le là depuis toujours, l'indétrônable, ce qui ne dérange pas ou plus... à ce jour pas d'actions en justice il semble pour statuer sur  la démarche artistique qui préside à la construction de supermarchés, panneaux publicitaires, parkings, entrées de ville, lotissements ou barre d'immeubles...]

jeudi 8 septembre 2011

Regarder ses clefs, l'entrée a été détruite, ôter une clef.

mercredi 7 septembre 2011

De l'enseignement

L'homme à la barbe blanche
(...) A présent, Irrsigler est plus avancé que tous ces historiens d'art bavards, qui viennent ici jour après jour et rebattent les oreilles des gens avec leurs niaiseries historico-artistiques. Irrsigler est plus avancé que ces cochons discoureurs historico-artistiques qui, chaque jour, avec leur bavardage, détruisent pour la vie des douzaines de classes d'écoliers qu'ils chassent devant eux. Les historiens d'art sont les véritables destructeurs de l'art, a dit Reger. Les historiens d'art bavardent sur l'art jusqu'à ce qu'ils l'aient tué de leur bavardage. L'art est tué par le bavardage des historiens d'art. Mon Dieu, me dis-je souvent, assis sur cette banquette, tandis que les historiens d'art chassent devant eux leurs troupeaux impuissants, comme c'est dommage pour tous ces gens qui sont dégoûtés de l'art justement par ces historiens d'art, dégoûtés sans recours, a dit Reger. La besogne des historiens d'art est la besogne la plus écœurante qui soit, et un historien d'art bavard, et il n'y a d'ailleurs que d historiens d'art bavards, devrait être chassé coups de fouet du monde de l'art, a dit Reger expulsés du monde de l'art, voilà ce que devraient être tous les historiens d'art, car les historiens d'art sont les véritables destructeurs de l'art et nous ne devrions pas nous laisser, détruire l'art par les historiens d'art, destruteurs leurs de l'art. Quand nous écoutons un historien d'art nous en avons la nausée, a-t-il dit, en écoutant un historien d'art nous voyons l'art détruire sous son bavardage, sous le bavardage de l'historien d'art, l'art se ratatine et il se détruit. Par leur bavardage, des milliers, oui des dizaines de milliers d'historiens d'art réduisent l'art et le détruisent, a-t-il dit. Les historiens d'art sont les véritables assassins de l'art, si nous écoutons un historien d'art, nous participons à la destruction de l'art, lorsqu'un historien d'art entre en scène, l'art est détruit, voilà la vérité. Aussi ai-je rarement, dans ma vie, haï quelque chose d'une haine plus profonde que les historiens d'art, a dit Reger. (...)
                                                               
(...) Les classes d'écoliers sont guidées à travers le musée par leurs enseignants ou enseignantes, ce qui produit sur les élèves des effets dévastateurs car, lors de ces visites au Musée d'art ancien, les enseignants, par leur pédantisme borné, étouffent chez ces élèves toute sensibilité pour la peinture et pour ses créateurs. Stupides comme ils le sont généralement, ils ont vite fait de tuer tout sentiment chez les élèves qui leur sont confiés, et pas seulement pour l'art pictural, et la visite du musée, conduite par eux, de leurs pour ainsi dire innocentes victimes devient presque toujours, du fait de leur stupidité et, dès lors, de leur stupide bavardage, la dernière visite de musée de chacun des élèves. Une fois entrés dans le Musée d'art ancien avec leurs professeurs, par la suite ces élèves n'y entrent plus de leur vie. La première visite de tous ces jeunes gens est en même temps leur dernière. Lors de ces visites, les professeurs détruisent à jamais l'intérêt artistique des élèves qui leur sont confiés, cela c'est un fait. Les professeurs abîment les élèves, voilà la vérité, depuis des siècles c'est un fait, et particulièrement les professeurs autrichiens abîment d'entrée de jeu le goût artistique chez leurs élèves; pourtant tous les êtres jeunes sont, dès l'abord, ouverts à tout, donc aussi à l'art, mais les professeurs leur font passer méthodiquement le goût de l'art. 
 Aujourd'hui encore, les innombrables têtes stupides des professeurs autrichiens continuent de s'attaquer brutalement à l'élan de leurs élèves vers l'art et tout ce qui touche à l'art qui, de prime abord, fascine et enthousiasme tous les êtres jeunes, le plus naturellement du monde. Mais les professeurs sont petits-bourgeois jusqu'au bout des ongles et ils s'attaquent instinctivement à la fascination par l'art et à l'enthousiasme pour l'art de leurs élèves, en rabaissant l'art et tout ce qui touche à l'art à leur propre dilettantisme stupide et déprimant et, dans leurs écoles, réduisent l'art et tout ce qui touche à l'art à leur détestable air de flûte et à sa reprise en chœur tout aussi détestable et indigente, ce qui dégoûte forcément les élèves. C'est ainsi que, dès le début, les professeurs barrent à leurs élèves tout accès à l'art. Les professeurs ne savent pas ce que c'est que l'art, ils ne peuvent donc pas le dire à leurs élèves, pas plus que leur apprendre ce que c'est que l'art, et ils ne les rapprochent pas de l'art mais les écartent de l'art avec leur art appliqué vocal et instrumental écœurant et sentimental, qui forcément dégoûte leurs élèves. Il n'y a pas de goût artistique plus médiocre que celui des professeurs. Dès l'école primaire, les professeurs gâtent le goût artistique des élèves, dès le début ils font passer le goût de l'art à leurs élèves au lieu de les éclairer sur l'art et en particulier la musique, et d'en faire le plaisir de leur existence. D'ailleurs les professeurs ne sont pas seulement les empêcheurs et les destructeurs dans le domaine de l'art, les professeurs ont toujours été, dans l'ensemble, les empêcheurs de vivre et d'exister, au lieu d'apprendre la vie aux jeunes gens, de leur déchiffrer la vie, de faire en sorte que la vie soit pour eux une richesse en vérité inépuisable de leur propre nature, ils la leur tuent, ils font tout pour la tuer en eux. La plupart de nos professeurs sont des créatures minables, qui semblent s'être donné pour tâche de barricader la vie de leurs élèves et de la transformer, finalement et définitivement, en une épouvantable déprime. Ce ne sont d'ailleurs que les crétins sentimentaux et pervers de la petite-bourgeoisie qui se poussent dans le métier d'enseignant. Les professeurs sont les suppôts de l'Etat et si, comme dans cet Etat autrichien d'aujourd'hui, il s'agit d'un Etat complètement rabougri moralement et intellectuellement, d'un Etat qui n'enseigne que grossièreté et pourriture et chaos dangereux, naturellement aussi les professeurs sont intellectuellement et moralement rabougris, et grossiers et pourris et chaotiques.

mardi 6 septembre 2011

cellule

Pondre et couver ! y a un moment, elles pensent plus qu'à ça. Heureusement, dix jours enfermées sans manger, je leur donne quand même à boire, et ça leur passe, c'est radical. Pas de quoi en faire une histoire !

lundi 5 septembre 2011

colonnes

trois coups de pinceaux,
un faux air de Buren,
plantes sous la pluie

des volets fermés,
elle ne reviendra plus, 
 jardin en friche

***
des pêches bien mûres,
personne  pour les cueillir,
une maison vide

dimanche 4 septembre 2011

l'océan, pas d'attaches, un maître à portée oui, mais la mélancolie

samedi 3 septembre 2011

cité radieuse

 
on vivait là, des logements lumineux, bien exposés,
bien équipés, on s'occupait de rien, suffisait de commander, Picard, Carrefour et les autres assuraient  les livraisons, la belle vie,
bien sûr, il arrivait que l'on trouve le temps long,
on guettait à la fenêtre,
parfois quelqu'un passait, c'était quand même mieux

vendredi 2 septembre 2011

Fenêtre sur champ



Quoi qu'il en soit, il est indéniable que, dans le bon goût dont nous nous targuons, il entre des éléments d'une propreté douteuse et d'une hygiène discutable. Contrairement aux Occidentaux qui s'efforcent d'éliminer radicalement tout ce qui ressemble à une souillure, les Extrême-Orientaux la conservent précieusement, et telle quelle, pour en faire un ingrédient du beau. C'est une défaite, me direz-vous, et je vous l'accorde, mais il n'en est pas moins vrai que nous aimons les couleurs et le lustre d'un objet souillé par la crasse, la suie ou les intempéries, ou qui paraît l'être, et que vivre dans un bâtiment, ou parmi des ustensiles qui possèdent cette qualité-là, curieusement nous apaise le cœur et nous calme les nerfs.

jeudi 1 septembre 2011

la coiffer au soleil, cheveux blancs sur la brosse, les souffler dans le vent, des oiseaux feront leur nid