vendredi 7 octobre 2011

Vases communicants octobre 2011 ana nb

Pour ce vase comunicant, j'ai volé à Pascal Quignard ces mots «Celui que nul ne voit et qui séjourne partout est le temps» et j'ai proposé à Elise de partir de là, du temps.

Je me souviens de votre prénom Elise au tout début de mon entrée dans Le petit journal de François Bon, je vous lis comme une voleuse vole des choses simples et profondes, des choses émouvantes, dans un lien fort avec ce qui vous entoure la terre les gens, bienvenue dans le jardin sauvage
***
Le temps invisible est partout et chaque homme porte le temps invisible

Longtemps vous imaginez le temps une maison noire aux murs infiltrés de poussières de lumière et,

un jour vous partez un peu plus loin de ces murs de ces murs noirs de temps - un peu plus loin de d'habitude -  un peu plus loin de comme - un peu plus loin de c'est  -


Et vous marchez là ici là-bas là-bas plus loin sur une route,

une route droite de jour une route courbe de jour une route  droite de jour une route courbe de nuit une route droite de  jour  une route brisée de jour une route droite de jour une route courbe de jour une route brisée de nuit une route droite de jour une route droite de jour une  route droite de jour une route droite de jour une route droite de jour un chemin de nuit


vous marchez,

les arbres nus se couvrent de feuilles de fleurs de fruits et  les arbres nus redeviennent nus.

Vous vous arrêtez.

Vous levez la tête vous voyez le ciel se couvrir de sombres sciures vous voyez une main  tracer d'un geste précis la fin d'un cercle double.

Votre corps éprouve la tristesse du ciel.

Vous tournez maintenant sur un cheval bleu et autour du cheval bleu des cris d'enfants et plus loin des corps perdus dans une foule. 

Plus tard vous croisez des géants des danseuses des garde – barrières des voleurs des vendeurs des dealers des comédiens, des souffleurs de verre, des musiciens, une sorcière s'approche du miroir, vous refermez le livre,

et vous marchez.


Le temps invisible est partout et chaque homme porte le temps invisible, un jour il est là devant vous il ne porte pas de nom, vous apprenez le temps n'a pas de nom.

Vous entrez dans une pièce blanche
Un homme avance vers une table nue
Le corps de l'homme est droit
Vous regardez ses mains sur la table nue
L'homme parle
L'homme dit le temps n'existe pas
La voix dit seul le temps invisible existe


Puis
Silence
Noir




Vous marchez maintenant sur un chemin de nuit.


Vous apprenez la première heure, la première couleur le premier mouvement vous apprenez les choses profondes mêlées à la vie, vous apprenez la pauvreté de la terre et la beauté du vent des traces du vent sur les herbes les fleurs les arbres votre visage, vous apprenez la beauté de l'empreinte d'un corps la fragilité du feu du souffle du mot brisé vous apprenez à,



la terre bouge autour de vous et le ciel et les étoiles et les éclairs les nuits d'été vous marchez maintenant vous ignorez toutes les route parcourues, vous ignorez les mots pour dire depuis quand vous marchez, vous ignorez les images perdues, vous fermez les yeux tous les yeux de l'enfance et,



vous courrez vous courrez et devant vous les arbres s'écartent et vous courrez dans le vent dans la pluie dans le,

et sous vos pas tout s'efface les bruits les décombres les combats acharnés les guerres les bruits du sang et de la poussière, votre corps chute sur le chemin de nuit des milliers de grains de sable griffent votre peau,

au-dessus de vous tout s'inscrit dans les marques des  nuages entre le ciel et la terre, les extrémités de la ligne d'horizon, 

Vous marchez maintenant dans la realerrance.



ana nb

*** 
Le Petit Journal de François Bon, notre trait-d'union initial, et Ana une voix singulière pour dire la ville, la nuit, l'errance, les rêves éveillés, une rencontre.

La phrase de Pascal Quignard « Celui que nul ne voit et qui séjourne partout est le temps» proposée pour point de départ m'a accompagnée au cours de ces jours.

Merci Ana, de m'avoir invitée à ce vase communicant avec vous, bienvenue dans Même si...

Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.

Grand merci à Brigitte Célérier pour la liste des blogs participant aux “vases communicants” d'octobre.

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