dimanche 15 septembre 2013

Ronde (2) : les rêveries d'Euclide

Pour cette ronde de septembre, autour du mot "Rencontre(s)", j'ai le très grand plaisir d'accueillir Hélène Verdier de " loin de la route sûre " tandis que je me tourne vers "le blog graphique" de Gilbert Pinna, lui-même chez  " un promeneur " ... et qu'ainsi, de blog à blog, roule la ronde :
" la distance au personnage " chez " quotiriens " chez " loin de la route sûre " chez
" même si " chez " le blog graphique " chez " un promeneur " chez " mesesquisses "

Les rêveries d'Euclide


Deux humains (ou deux groupes d'humains) coplanaires, donc d'une certaine manière vivant sur une même surface de temps, comme deux droites sur le plan bien ordonnancé par la géométrie euclidienne, ne se rencontrent jamais s'ils suivent des lignes parallèles. Supposons donc qu'un troisième humain, un groupe d'humains (ou pourquoi pas un escargot), prenant la sécante, traverse fictivement ces lignes, une rencontre n'est possible pour les deux premiers que si la somme des angles extérieurs (correspondant au point de vue de l'observateur) est supérieure à la somme de deux angles droits, leur permettant ainsi, forcément de se rencontrer "un jour". Un jour puisque intervient forcément l'échelle du temps qui rend cette jonction quelque peu aléatoire.



Changeant de point de vue, les promeneurs sur les sillons parallèles de la vie, peuvent aussi dessiner des perspectives qui rendent possible la jonction des lignes sur l'horizon même si l'intersection avec une sécante forme des angles dont la somme est égale à celle de deux angles droits. Mais, dira-t-on, la géométrie euclidienne ne s'inscrit ni dans le temps, ni dans l'espace, et encore moins dans une dimension humaine basée sur le principe théorique de l'échange. (Prendre un livre pour mesurer les angles droits).


La mousse quant-à elle, plante mystérieuse issue des premiers temps de la vie planétaire, vient s'insérer dans les interstices les plus inhospitaliers. Brûlée de soleil, noyée de pluie elle fleurit de vert les raccords du bitume plissé comme la peau d'un éléphant sur le sol d'un parking suspendu. L'univers est désertique dans l'entour de la ville en surplomb sur la tranchée ferroviaire aux rails bien parallèles.

Rouen, en attendant le train, en compagnie du cinquième postulat.

8 commentaires:

  1. Eloge de la mousse, merci !

    (Quant aux lignes directrices, faire attention aux inévitables débordements de bave)

    RépondreSupprimer
  2. vous avez bien raison Louise d'être attentive à la mousse, à ses minuscules récoltes, à ses saisons, à sa modestie pathologique. Elle est une forêt de Brocéliande sous le microscope, un réconfort à toute saison. Une leçon de durée et d'adaptation.

    RépondreSupprimer
  3. Ces photos comme depuis l'observatoire (pose longue) nous remettent indubitablement sur les rails.
    La galaxie est loin d'être vide, mystérieuse entropie.

    RépondreSupprimer
  4. Descartes ne suffisent pas pour se rencontrer, il faut savoir tout laisser en plan et regarder les étoiles jusque dans les yeux....Belle idée que ce billet. Je vous suggère d'aller trouver sur le blog à Luc la vidéo-interview de Gilbert Garcin.

    RépondreSupprimer
  5. Il faut toujours mettre en perspective, ou alors, si l'on préfère, mettre des barreaux à l'échelle, qui dans la troisième dimension s'envole en une course hélicoïdale pour se pelotonner sur elle même en un ADN de lichen primitif et primordial qui comble vides et creux de sa touffure confluante de pelage d'éléphant emporté dans le wagon cahotant sur les rails quand au-dessus, survole Dumbo, libre dans ses ailes...

    RépondreSupprimer
  6. la réponse d'Hélène (qui ne peut accéder à Blogspot)

    @ Gilbert
    Eloge de la mousse aurait sans doute bien convenu comme titre... Elle est là et veille sur le bitume dont elle aura finalement raison. Quant aux escargots, on aurait pu les remplacer par une colonne de fourmis : moins de bave, mais les colonnes de fourmis font parfois des détours qui n'ont rien d'une ligne droite, indispensable à la démonstration du postulat (voir le lien sur le nom d'Euclide ci-dessus, vers "la trigonométrie facile" pour se rafraichir la mémoire et tout savoir sur le cinquième postulat d'Euclide dont la définition des parallèles est une extrapolation, mais sans doute le saviez vous mieux que moi, ah l'oubli)

    @ JD.
    la mousse, les leçons de la mousse, oui, des lichens aussi, plantes fascinantes qui nous invitent à la modestie. Elles veillent

    @Dominique Autrou
    les rails de la mémoire : la vie est un phénomène exothermique, d'où l'entropie (au sens du désordre, aphorisme paternel).

    RépondreSupprimer
  7. que le mystère e cette mousse résiste et nous réjouisse encore longtemps face à ceux qui tentent de l'éradiquer à coups de karcher, si tristes villes aussi nettes que des tables de billard

    RépondreSupprimer
  8. Il y a beaucoup à méditer sur les rapports entre Euclide et la vie quotidienne... par un point extérieur à la trajectoire d'une vie, n'existe-t-il vraiment qu'une seule vie parallèle? pourquoi pas plus, ne sommes nous pas plutôt dans un univers riemannien...
    En tout cas, c'est beau de retrouver déplacés les blogs auxquels on est habitué.

    RépondreSupprimer