lundi 6 janvier 2014

Journal Sud Ouest du 4 janvier 2014 : Eric Chevillard, une reconversion dictée par la vie (par François Trasbot)

Journal Sud Ouest 
Une reconversion dictée par la vie
Éric Chevillard, ici dans sa boutique de Larrun Burua, s’est lancé dans le commerce de matériels pour handicapés.
© Photo F. T.
Au rugby, Éric Chevillard jouait pilier gauche. Pour les initiés, cette précision indique de l'homme sait ce que veut dire le combat, l'humilité, l'obstination. Alors lorsque, voici huit ans, son fils se vit handicapé suite à un accident, et contraint de se déplacer en fauteuil, il décida non pas gémir, mais d'agir.

Étant directeur marketing, il n'eut pas trop de mal à monter une société, dont le but serait de faciliter la vie de personnes handicapées en proposant une vaste gamme de fauteuils, rampes d'accès et autres accessoires
D'abord sur Internet 
Il fallut plusieurs années pour que mûrisse le projet, mais lorsqu'il fut lancé, ce fut un succès immédiat. Monfauteilroulant.com commença sa carrière dans un petit bureau de la technopole Izarbel. Il fut, et demeure, le premier et seul site européen qui permette de configurer à la demande un fauteuil roulant sur Internet, en se donnant pour règle de fournir un maximum d'informations à ses clients.
L'affaire fonctionna au-delà des espérances. Éric s'entoura de sa famille et d'un salarié pour la faire fonctionner, pas uniquement pour des raisons budgétaires : travailler dans le handicap exige un investissement total et un « savoir faire » que possèdent inévitablement ceux qui sont quotidiennement confrontés au problème.
En juillet de l'année dernière, la famille Chevillard décida de passer la vitesse supérieure : on continuerait le travail sur Internet, mais en plus, une boutique accessible au public tous les jours de l'année serait ouverte au public pour des ventes en direct.
Réagir en urgence
Un local de 220 m2 fut trouvé à Larrun Burua, en bordure de la D 810. « Un emplacement parfait d'autant plus que nous avons des possibilités de parking », souligne le chef d'entreprise. Depuis six mois, le magasin voit passer beaucoup de monde, aussi bien des autochtones que des passagers, et aussi des gens qui ont connu l'enseigne par le Net.
« Il y a les clients réguliers, et aussi ceux que nous dépannons. Malheureusement, des accidents, il y en aura toujours, et ceux qui sont touchés pendant leurs vacances ont besoin qu'on les équipe en urgence ».
En cette période de crise, Éric Chevillard et son équipe ne se font pas de souci en matière de finances. Pour eux, l'inquiétude vient d'ailleurs, de tous ces gens brusquement frappés par le handicap au sortir d'un pépin de surf ou d'automobile, et qui se trouvent désemparés.
« On essaye d'apporter les meilleures réponses possibles. Et il ne faut pas négliger le “fun”. Pour Noël nous avons vendu des cadeaux spéciaux, vêtements, décorations, accessoires, qui peuvent égayer la vie en fauteuil ». On ne vous raconte pas la colère du pilier Éric Chevillard quand il apprend qu'on a volé des équipements à des handicapés durant les fêtes : « La bêtise est hélas sans limites ».

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