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lundi 29 décembre 2014
conversation (2)
deux jeunes gens, le premier "En Angleterre, c'est bien, t'as le wifi dans les bus" l'autre "Pfff ! au lieu de regarder ta tablette tu ferais mieux de parler aux anglaises"
vendredi 26 décembre 2014
lundi 22 décembre 2014
Notre journal (9) : 18 décembre 1939 / 16 janvier 1940
(...) la toison encore humide, les poils collés les uns aux autres forment des boucles plates. On dirait presque qu'il a froid.
(...) Par moment il bêle d'une voix aigre, plaintive. Sa mère lui répond gravement comme pour l'encourager à marcher.
C'est aujourd'hui le marché de Labastide-Clairence. (...) maintenant qu'ils ont grandi, on les arrache aux brebis pour les vendre.
On leur attache les quatre pattes ensemble, on les pèse et on les jette, sans pitié, dans une corbeille.
(...) Sans écouter leurs cris, le paysan charge la corbeille sur le dos et va attendre sur la route l'autobus qui l'amènera au marché.
samedi 20 décembre 2014
marché du samedi (7) côté petits producteurs
Troisième samedi que des épinards... ? non, on a tout fini... on en avait pourtant trois caisses, regard aigu, il me jauge, petit sourire en coin puis qu'est-ce que vous voulez, vous arrivez trop tard dans un monde trop vieux
mardi 16 décembre 2014
marché du samedi (6) : chez le boucher
Boucher de père en fils, le grand-père, quatrième génération, n'est plus. Il officiait aux Halles. Une figure. Béret vissé sur la tête, goût pour les plaisanteries légères "Je parle trois langues, le béarnais, le français et le sous-entendu" art consommé de la citation au débotté, poème de Victor Hugo ou fable de La Fontaine, c'était le bonheur d'une langue précise et fleurie pour un conseil avisé l'oreille tendue vers vous au-dessus du comptoir, oui, le grand âge l'avait rendu un peu sourd, la main, elle, ne faiblissait pas, précision du couteau scalpel et goût enfantin pour le prix ou le poids qui tombe juste, c'est que soixante-dix ans d'expérience derrière soi ça compte tout de même, elle s'activant à son côté, soupirant parfois, son discours, elle ne le connaissait que trop, jolie, le teint frais, le cheveu blanc éclatant "après le mariage du fils, j'ai arrêté la couleur", chagrin, fatigue, usure, elle a cessé de venir, ce jour-là dans le petit étal, le fils, la cinquantaine, l'ouvrier et un jeune homme, à une fierté, un échange de sourire, on devine, oui, c'est bien son fils, il découpe, taille, même précision du geste et peut-être autre héritage de cette longue lignée de commerçants, une conversation facile et fluide alors qu'il s'active, "Si j'étudie l'informatique... ? il est surpris Non, le droit, enfin j'ai fini... " une hésitation, cette famille ne connaîtra pas sa sixième génération de boucher "je suis huissier"
samedi 13 décembre 2014
Il aurait voulu (...) se débattre avec la hardiesse d'un être vivant
(...) Depuis longtemps il luttait pour s'arracher à cette apathie qui était comme une blessure ouverte par où s'écoulait le sang même de sa jeunesse. Il aurait voulu ressentir les émotions dévastatrices, affronter d'horribles dangers, se débattre avec la hardiesse d'un être vivant. Mais, en même temps, il était vaguement effrayé par cet univers inconnu, fulgurant de maléfices et aux souffrances impérissables. De sombres présages le dissuadaient d'entreprendre une aventure aussi hasardeuse. Le sentiment de son impuissance l'écrasait, le rejetait toujours vers le monde de paresse séculaire où il végétait dans la maison familiale, entouré d'une sécurité plus annihilante que la mort. Jamais il n'atteindrait à cette liberté d'action, à cette ardeur impitoyable de vivre déployée par l'enfant. Il avait l'impression qu'entre lui et le monde où vivait l'enfant, il y avait une infinité désertique peuplée de noirs sommeils.
d'autres extraits ici et encore là , là ou là
vendredi 12 décembre 2014
mercredi 10 décembre 2014
samedi 6 décembre 2014
Jacques Bonnaffé "mais sa grande maison, c'est quand même encore un peu les livres"
invité de Remèdes à la mélancolie, d'Eva Bester, dimanche 9 novembre
Jacques Bonnaffé
© Radio France - 2014 / Hervé Leteneur
cliquer sur l'image pour écouter un bref extrait (1 mn 13)
mercredi 3 décembre 2014
fenêtre (18) : dans le cadre
des prés, des collines et le ciel
son fauteuil poussé là
la forteresse de son silence
parfois un appel du dehors
le visage s'illumine alors
sa fébrilité à partager
suivre son regard,
chercher,
ce jour-là,
un merle dans le pommier en contrebas
une grâce légère
la vie est là
son fauteuil poussé là
la forteresse de son silence
parfois un appel du dehors
le visage s'illumine alors
sa fébrilité à partager
suivre son regard,
chercher,
ce jour-là,
un merle dans le pommier en contrebas
une grâce légère
la vie est là
samedi 29 novembre 2014
" nulle part il ne se trouvait plus à l'aise que là où les choses ont le droit de rester où elles sont"
Les émigrants W. G. Sebald
récits traduits de l'allemand par Patrick Charbonneau
illustration de couverture : Sam Szafran, aquarelle n° XIV
et pour le vie et l’œuvre de W. G. Sebald voir ici
et pour le vie et l’œuvre de W. G. Sebald voir ici
Les dimanches, dans l'hôtel abandonné, j'étais en ce qui me concerne envahi d'un tel sentiment de vacuité et d'inutilité que, pour me donner au moins l'illusion d'avoir un but, je me rendais en ville, marchant au hasard parmi les immeubles monumentaux du siècle dernier, complètement noircis par le passage du temps. Au cours de ces errances, durant les rares heures de jour véritable où la lumière d'hiver baignait les rues et les places désertées, j'étais toujours ébranlé par l'impudeur avec laquelle la ville couleur anthracite, d'où était parti le programme d'industrialisation qui devait gagner le monde entier, exhibait aux yeux du promeneur les stigmates d'une déchéance et d'un appauvrissement devenus chroniques. Les bâtiments les plus colossaux eux-mêmes, le Royal Exchange, la Refuge Assurance Company, le Grosvenor Picture Palace et jusqu'au Piccadilly Plaza, achevé depuis seulement quelques années, paraissaient à ce point vides et délaissés qu'on aurait pu croire que tout ce qui vous entourait n'était qu'une architecture de façades ou un décor de théâtre dont la raison d'être restait énigmatique. Et l'effet d'irréalité était pour moi total quand, au crépuscule, qui aux jours sombres de l'hiver tombait dès trois heures de l'après-midi, les étourneaux, oiseaux que jusque-là j'avais tenus pour des chanteurs et des migrateurs, s'abattaient par centaines de milliers en nuage noir sur la ville et, dans un vacarme à n'en plus finir, venaient en files serrées se poser pour la nuit sur les rebords des fenêtres et les saillies des maisons de commerce et des entrepôts.
Peu à peu, mes excursions dominicales me menèrent hors du centre, dans les arrondissements les plus proches, par exemple l'ancien quartier juif situé juste derrière la Victoria Station, autour de la prison en forme d'étoile de Strangeway. Cœur de la grande communauté juive de Manchester jusqu'au milieu de l’entre-deux guerres, ce quartier avait été abandonné par ses habitants partis s'installer dans les banlieues et détruit depuis jusqu'aux fondations par l'administration municipale. Je ne trouvai qu'une rangée de maisons encore debout, hantées par le vent qui s'engouffrait par les portes et les fenêtres défoncées, et pour toute trace d'une ancienne présence en ces lieux, la plaque encore à peine lisible d'un cabinet d'avocats aux noms, qui me parurent presque légendaires, de Glickmann, Grunwald et Gottgetreu. (...) Au bout de trois quarts d'heure, j'atteignis les installations des docks sur le port. Sur des kilomètres, des bassins bifurquaient à partir du chenal décrivant un grand arc-de cercle vers la ville et formaient de larges bras et surfaces liquides sur lesquels, comme l'on pouvait s'en rendre compte, plus rien ne se passait depuis des années, ou les rares péniches et cargos amarrés de loin en loin aux quais avaient un air étrangement penché et faisaient penser immanquablement à quelque avarie générale et définitive. Non loin des écluses permettant d'accéder au port, dans une rue partant des docks pour rejoindre Trafford Park, je tombai sur une pancarte portant, écrits en grandes lettres à traits de pinceau grossiers, les mots : TO THE STUDIOS. Elle indiquait la direction d'une cour pavée avec en son milieu, autour d'un petit carré d'herbe, un amandier en fleur. La cour devait avoir appartenu à une entreprise de transports, car elle était bordée pour partie d'écuries et de remises au rez-de-chaussée, pour partie d'anciens bâtiments d'habitation ou de bureaux sur un ou deux étages; et dans l'un de ces bâtiments apparemment abandonnés était installé l'atelier où, dans les mois qui suivirent, aussi souvent que la bienséance me paraissait le permettre, j'allais venir m'entretenir avec le peintre qui y travaillait depuis la fin des années quarante, dix heures par jour, tous les jours, dimanches compris.
Entre-t-on dans l'atelier, il faut un certain temps pour s'habituer à l'étrange lumière ambiante, et une fois que l'on commence à voir, il vous semble, dans cet espace de peut-être douze mètres sur douze que le regard ne saurait saisir en entier, que tout converge lentement et inexorablement vers le centre. L'obscurité accumulée dans les angles, le crépi a la chaux boursouflé, salpêtré, et la peinture qui s'écaille sur les murs, les étagères croulant sous le poids des livres et des piles de journaux, les caisses, établis et dessertes, les fauteuils à oreilles, le réchaud a gaz, les matelas à ten-e, les monceaux de papier, de vaisselle et de matériaux entassés pêle-mêle, les pots de peinture rouge carmin, vert vif et blanc de zinc luisant dans la pénombre, les flammes bleues des deux poêles à paraffine: le mobilier tout entier avance millimètre par millimètre vers le point central où Ferber, dans la lumière grise tombant de la haute fenêtre nord recouverte de la poussière de plusieurs décennies, a installé son chevalet. Comme il applique les couleurs en grandes quantités et qu'au cours de son travail il ne cesse de les gratter sur la toile, il s'est accumulé sur le revêtement du sol une croûte de plusieurs pouces d'épaisseur, mêlée de poussière de fusain, en grande partie déjà solidifiée mais devenant plus fine sur les bords, qui ressemble par endroits à une coulée de lave, et que Ferber prétend être le seul vrai résultat de ses efforts incessants, autant que la preuve tangible de son échec. Il avait toujours été pour lui de la plus grande importance, me dit-il un jour incidemment, que rien ne change sur son lieu de travail, que tout reste comme c'était jusque-là, comme il l'avait installé, comme c'était maintenant, et que rien ne vienne s'ajouter, si ce n'étaient les déchets résultant de son travail et la poussière tombant sans cesse et devenant, il en venait à le comprendre petit à petit, à peu près ce qui lui était le plus cher au monde. La poussière, dit-il, lui était beaucoup plus familière que la lumière, que l'air, que l'eau. Rien ne lui paraissait plus insupportable qu'une maison où l'on fait la poussière, et nulle part il ne se trouvait plus à l'aise que là où les choses ont le droit de rester où elles sont, sans qu'on les dérange, adoucies par la scorie noire et veloutée qui se dépose quand la matière, par touches imperceptibles, se décompose pour retourner au néant. De fait, en voyant Ferber travailler des semaines durant à l'une de ses études de portrait, il m'arrivait souvent de penser que ce qui primait chez lui, c'était l'accumulation de la poussière. Son crayonnage violent, opiniâtre, pour lequel il usait souvent, en un rien de temps, une demi douzaine des fusains confectionnés en brûlant du bois de saule, son crayonnage et sa façon de passer et repasser sur le papier épais à consistance de cuir, mais aussi sa technique, liée à ce crayonnage, d'effacer continuellement ce qu'il avait fait à l'aide d'un chiffon de laine saturé de charbon, ce crayonnage qui ne venait à s'interrompre qu'aux heures de la nuit n'était en réalité rien d'autre qu'une production de poussière. J'étais toujours étonne de voir que Ferber, vers la fin de sa journée de travail. à partir des rares lignes et ombres ayant échappé à l'anéantissement, avait composé un portrait d'une grande spontanéité ; mais étonné je l'étais encore plus de savoir que ce portrait, le lendemain, dès que le modèle aurait pris place et que Ferber aurait jeté un premier coup d'œil sur lui, serait infailliblement effacé, pour lui permettre à nouveau, sur le fond déjà fort compromis par les destructions successives, d'exhumer, selon son expression, les traits du visage et les yeux en définitive insaisissables de la personne, le plus souvent mise à rude épreuve, qui posait en face de lui. Quand il se décidait enfin, après avoir peut-être rejeté quelque quarante variantes ou pour mieux dire les avoir bannies à coups de gomme dans le papier et recouvertes d'autres esquisses, à se dessaisir d'un tableau, moins par conviction de l'avoir achevé que cédant à un sentiment de lassitude, on croyait avoir devant les yeux un portrait issu d'une longue lignée d'ancêtres aux visages gris, surgis de leurs cendres pour continuer à hanter sans fin le support malmené.
Peu à peu, mes excursions dominicales me menèrent hors du centre, dans les arrondissements les plus proches, par exemple l'ancien quartier juif situé juste derrière la Victoria Station, autour de la prison en forme d'étoile de Strangeway. Cœur de la grande communauté juive de Manchester jusqu'au milieu de l’entre-deux guerres, ce quartier avait été abandonné par ses habitants partis s'installer dans les banlieues et détruit depuis jusqu'aux fondations par l'administration municipale. Je ne trouvai qu'une rangée de maisons encore debout, hantées par le vent qui s'engouffrait par les portes et les fenêtres défoncées, et pour toute trace d'une ancienne présence en ces lieux, la plaque encore à peine lisible d'un cabinet d'avocats aux noms, qui me parurent presque légendaires, de Glickmann, Grunwald et Gottgetreu. (...) Au bout de trois quarts d'heure, j'atteignis les installations des docks sur le port. Sur des kilomètres, des bassins bifurquaient à partir du chenal décrivant un grand arc-de cercle vers la ville et formaient de larges bras et surfaces liquides sur lesquels, comme l'on pouvait s'en rendre compte, plus rien ne se passait depuis des années, ou les rares péniches et cargos amarrés de loin en loin aux quais avaient un air étrangement penché et faisaient penser immanquablement à quelque avarie générale et définitive. Non loin des écluses permettant d'accéder au port, dans une rue partant des docks pour rejoindre Trafford Park, je tombai sur une pancarte portant, écrits en grandes lettres à traits de pinceau grossiers, les mots : TO THE STUDIOS. Elle indiquait la direction d'une cour pavée avec en son milieu, autour d'un petit carré d'herbe, un amandier en fleur. La cour devait avoir appartenu à une entreprise de transports, car elle était bordée pour partie d'écuries et de remises au rez-de-chaussée, pour partie d'anciens bâtiments d'habitation ou de bureaux sur un ou deux étages; et dans l'un de ces bâtiments apparemment abandonnés était installé l'atelier où, dans les mois qui suivirent, aussi souvent que la bienséance me paraissait le permettre, j'allais venir m'entretenir avec le peintre qui y travaillait depuis la fin des années quarante, dix heures par jour, tous les jours, dimanches compris.
Entre-t-on dans l'atelier, il faut un certain temps pour s'habituer à l'étrange lumière ambiante, et une fois que l'on commence à voir, il vous semble, dans cet espace de peut-être douze mètres sur douze que le regard ne saurait saisir en entier, que tout converge lentement et inexorablement vers le centre. L'obscurité accumulée dans les angles, le crépi a la chaux boursouflé, salpêtré, et la peinture qui s'écaille sur les murs, les étagères croulant sous le poids des livres et des piles de journaux, les caisses, établis et dessertes, les fauteuils à oreilles, le réchaud a gaz, les matelas à ten-e, les monceaux de papier, de vaisselle et de matériaux entassés pêle-mêle, les pots de peinture rouge carmin, vert vif et blanc de zinc luisant dans la pénombre, les flammes bleues des deux poêles à paraffine: le mobilier tout entier avance millimètre par millimètre vers le point central où Ferber, dans la lumière grise tombant de la haute fenêtre nord recouverte de la poussière de plusieurs décennies, a installé son chevalet. Comme il applique les couleurs en grandes quantités et qu'au cours de son travail il ne cesse de les gratter sur la toile, il s'est accumulé sur le revêtement du sol une croûte de plusieurs pouces d'épaisseur, mêlée de poussière de fusain, en grande partie déjà solidifiée mais devenant plus fine sur les bords, qui ressemble par endroits à une coulée de lave, et que Ferber prétend être le seul vrai résultat de ses efforts incessants, autant que la preuve tangible de son échec. Il avait toujours été pour lui de la plus grande importance, me dit-il un jour incidemment, que rien ne change sur son lieu de travail, que tout reste comme c'était jusque-là, comme il l'avait installé, comme c'était maintenant, et que rien ne vienne s'ajouter, si ce n'étaient les déchets résultant de son travail et la poussière tombant sans cesse et devenant, il en venait à le comprendre petit à petit, à peu près ce qui lui était le plus cher au monde. La poussière, dit-il, lui était beaucoup plus familière que la lumière, que l'air, que l'eau. Rien ne lui paraissait plus insupportable qu'une maison où l'on fait la poussière, et nulle part il ne se trouvait plus à l'aise que là où les choses ont le droit de rester où elles sont, sans qu'on les dérange, adoucies par la scorie noire et veloutée qui se dépose quand la matière, par touches imperceptibles, se décompose pour retourner au néant. De fait, en voyant Ferber travailler des semaines durant à l'une de ses études de portrait, il m'arrivait souvent de penser que ce qui primait chez lui, c'était l'accumulation de la poussière. Son crayonnage violent, opiniâtre, pour lequel il usait souvent, en un rien de temps, une demi douzaine des fusains confectionnés en brûlant du bois de saule, son crayonnage et sa façon de passer et repasser sur le papier épais à consistance de cuir, mais aussi sa technique, liée à ce crayonnage, d'effacer continuellement ce qu'il avait fait à l'aide d'un chiffon de laine saturé de charbon, ce crayonnage qui ne venait à s'interrompre qu'aux heures de la nuit n'était en réalité rien d'autre qu'une production de poussière. J'étais toujours étonne de voir que Ferber, vers la fin de sa journée de travail. à partir des rares lignes et ombres ayant échappé à l'anéantissement, avait composé un portrait d'une grande spontanéité ; mais étonné je l'étais encore plus de savoir que ce portrait, le lendemain, dès que le modèle aurait pris place et que Ferber aurait jeté un premier coup d'œil sur lui, serait infailliblement effacé, pour lui permettre à nouveau, sur le fond déjà fort compromis par les destructions successives, d'exhumer, selon son expression, les traits du visage et les yeux en définitive insaisissables de la personne, le plus souvent mise à rude épreuve, qui posait en face de lui. Quand il se décidait enfin, après avoir peut-être rejeté quelque quarante variantes ou pour mieux dire les avoir bannies à coups de gomme dans le papier et recouvertes d'autres esquisses, à se dessaisir d'un tableau, moins par conviction de l'avoir achevé que cédant à un sentiment de lassitude, on croyait avoir devant les yeux un portrait issu d'une longue lignée d'ancêtres aux visages gris, surgis de leurs cendres pour continuer à hanter sans fin le support malmené.
mercredi 26 novembre 2014
lundi 24 novembre 2014
samedi 22 novembre 2014
mercredi 19 novembre 2014
dimanche (6) : en chemin vers le Pays Basque intérieur
après Mourenx, vignoble du Jurançon
après Ogenne-Camptort
production pour la maison, séchoir à maïs,
hauteurs d'Isturitz, voies et chemins, des horizons
samedi 15 novembre 2014
La ronde (10) de novembre : feuille(s)
Un arbre sans qui toute cette Terre serait nue...
La ronde est un échange périodique de blog à blog sous forme de boucle,
mis en ligne le 15 du mois. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit
chez le troisième et ainsi de suite.
Sur le thème de la (des) feuille(s) j'ai le plaisir aujourd'hui d'accueillir Cécile tandis que je me décale vers Gilbert.
Les participants de cette ronde évoluent aujourd'hui dans le sens suivant :
Hélène loin de la route sûre
écrira chez...
Danielle MINE DE RIEN
écrira chez... etc.
Céline MESESQUISSES
Jean-Pierre Voir et le dire, mais comment ?
Dominique Jacques Louvain
Guy Émaux et gemmes des mots que j'aime
Philippe Annocque Hublots
Franck quotiriens
Cécile cécile-r
Elise Même si
Gilbert Pinna le blog graphique
Dominique la distance au personnage
mardi 11 novembre 2014
mots oubliés (6) : chicorée
bribes, souvenirs qui s'effilochent, il revenait de chez le voisin, avait aidé à tirer le veau ou donné un coup de main au foin avant la pluie, elle "tu as eu le café ? poursuivant Du jus de chaussette ? tout de la chicorée ? Bon, s'il était chaud au moins" Chicorée, la voix résonne, chicorée avec trois "r" au moins. Comment vous voulez que je dise ? Elle s'arrêtait et, faussement hésitante, proposait, le jeu commençait "chicojée" ? avec un r jota. Non, pas comme ça et elle répétait, encore et encore. Rires d'alors. Accent d'un lopin de terre, traces d'une autre langue. Un petit pan de monde n'est plus.