lundi 29 février 2016

mots oubliés (7) : des antenaises


- C'est quoi que tu as Gibeleko Pentzean -à-la-Prairie-de-Derrière-, des agnelles ?
- Non des antenaises.

vendredi 26 février 2016

"Sois sans inquiétude, au printemps prochain, nous irons cueillir les jonquilles."


et pensées pour l '"éclosion des jonquilles primeures à Gif-Sur-Yvette" Martine Sonnet / Pierre Bergounioux et "Une grisaille tempérée inocule au matin sa lumière particulière. Autrement dit il pleut sur les jonquilles" de Thomas Vinau


Nous retournerons cueillir les jonquilles


(...) Alors, il n'y est pas ? Parlez-moi franchement.
— Nous ne pouvons pas l'affirmer. Tout ce que nous pouvons vous dire c'est que, dans la dernière quinzaine, il n'est venu personne.
 Il y a quinze jours, Raymond était encore a Romainville. Marcelle est repartie vers d'autres cimetières
*

— Enfin te voilà, s'est écriée la tante en embrassant Marcelle.Je ne savais pas comment te prévenir. Voilà huit jours que j'ai une lettre pour Raymond !
— Oui, Raymond. Tu m'excuseras de l'avoir ouverte Je ne pouvais pas attendre.
Et Marcelle lit sur une feuille de carnet ces lignes griffonnées à la hâte :
« Ma chérie. On nous emmène en Allemagne. Tous les copains que tu connais sont avec moi et vont bien. Sois sans inquiétude, au printemps prochain, nous irons cueillir les jonquilles. Soigne bien mon fils. Je vous aime et vous embrasse tous les deux. Nous vaincrons. Bon courage. » 
 — Qui a porté cette lettre ? demande Marcelle qui ne sait pas encore si elle va rire ou pleurer.
— Une femme. Elle a laissé son adresse.
—  Raymond ! Mon Raymond, crie Marcelle. T est vivant. Je le retrouve.
— Mais pourquoi te parle-t-il d'aller cueillir dé jonquilles ?
— Pour me faire plaisir. Il promet de m'y amer depuis trois ans, et il y a toujours eu quelque chose pour nous empêcher.
 Et Marcelle, les joues inondées de larmes rayonne d'un beau sourire. (p 171-172)

 (...) — Un an déjà.
— Déjà ? Tu en as de bonnes, toi.
— Écoute, lorsque nous sommes arrivés, nous nous disions, ça va durer deux mois. Puis l'été a passé. Nous voilà maintenant à l'automne.
— Crois-tu que ça va durer longtemps encore demande un autre Français.
— J'ai bon espoir.
— Les Russes ont repris Kharkov et approchent du Dniepr, dit Robert.
— Combien de temps nous faudra-t-il attendre encore ?
— C'est assez difficile à dire.
— Crois-tu que ça sera fini pour la fin de l'année ?Je voudrais tant être revenu pour la Noël.
— Peut-être.
— En tout cas, dit Raymond, il faut que ce soit fini au printemps.
— Pourquoi ?
— J'ai promis à ma femme de l'emmener cueillir des jonquilles.
— J'ai bien peur, dit quelqu'un, qui jusqu'à maintenant s'était tenu à l'écart des jeux et de la conversation, que nous n'allions pas jusque-là. (p 195)

(...) A côté de lui le Français qui tout à l'heure avait exprimé ses craintes, se hausse maintenant sur les pieds pour regarder le panier à pains que deux jeunes Russes apportent des cuisines.
 —Hé vieux, dit Raymond, en le poussant du coude, quand je disais que nous les cueillerions, les jonquilles ! (p 197)


XXI

Les jonquilles de Sainte-Assise


 — Tiens, des jonquilles !
 — Tu vois, je tiens mes promesses.
Un éclat de rire salue cette réponse.

(...) C'est seulement à quelques centaines de mètres du village que Marcelle, regardant autour d'elle, vient de découvrir, sous les arbustes, une floraison de jonquilles.
—Je te l'avais dit que je t'y mènerais, répète Raymond tout joyeux.
—Veux-tu te taire, menteur. Personne n'y avait pensé en venant ici.
—Qu'est-ce qu'il y a comme fleurs par là ! Venez voir ! appelle Roger, toujours en avant.
—Et là-bas ! Oh ! Regardez !
De chaque côté de la route, les bois de Sainte-Assise sont tapissés de jonquilles. Il y en a partout. (p 224-225)


 

dimanche 21 février 2016

on avance, on avance


https://youtu.be/Bk5SdVha5aE

cliquer sur l'image pour vidéo 40 secondes

vendredi 19 février 2016

"Je rêve quelquefois au monde meilleur que mon enthousiasme refroidi..."

 




     "Sans aucun souci du lendemain, dans un bureau clair et moderne, je passe mes jours.
     Je gagne la vie de mon enfant qui grandit et grossit d'une façon convenable, non loin de Paris, avec quelques autres jolis bébés, dans une villa qu'on voit du chemin de fer.
     La mère ayant repris son travail un mois après l'événement, la fatalité s'en est mise : malade encore, aspirant au repos, elle est partie avec cet Américain dont la concierge faisait peu de cas.
     Que faire à cela ? Hélas !
     Je gagne la vie de mon enfant, et je gagne ma vie, paisiblement. Je peux aller, vers le milieu de la journée ensoleillée, manger ; et manger encore le soir quand l'activité de la ville, après une période d'intensité considérable, décroît et meurt avec la lumière.
     Je peux aussi me coucher, je peux rentrer me coucher dans une chambre modeste, il est vrai, mais située au bon air, dans la plus grande rue d'un quartier populaire, que j'aime, où vivent quelques amis.
     Je gagne ma vie paisiblement, sans peine, en faisant un travail régulier et facile pour lequel je ne risque pas du tout d'être ennuyé gravement.
     Tout a été soigneusement nettoyé et mis en place lorsque j'arrive ; quand je ferme la porte et m'en vais, saluant mes chefs, aucun souci ne sort avec moi.
      Ainsi je gagne ma vie qui s'écoule avec assez de lenteur et d'aisance, et que je goûte beaucoup, à sa valeur."


      "Cependant le soir, libre de mon temps, je prends conscience d'être un homme pensant ; je lis et je réfléchis, réservant une demi-heure à cet effet avant de dormir.
      Dans ce moment, une amertume coutumière m'envahit et je me prends à songer que vraiment je suis un être humain supérieur à sa fonction sociale. Mais je dis alors une sorte de prière où je remercie la Providence de m'avoir fait petit et irresponsable dans un si mauvais ordre des choses.
      Si la colère m'anime je me calme aussitôt, songeant à cette fortune d'être placé, par mes intérêts comme par mes sentiments, dans la classe qui possède la servitude et l'innocence.
      Esclave, je me sens plus libre qu'un maître chargé de soins et de mauvaise conscience.
      Je rêve quelquefois au monde meilleur que mon enthousiasme refroidi me représente plus rarement depuis quelques années. Mais bientôt je sens que je vais dormir.
      Et je tourne encore mon esprit vers mon enfant qui me lie à l'ordre social, et dont l'existence aggrave ma condition de serf. Je pense aussi à cette femme... Alors ma respiration devient tout à fait régulière car la tranquillité m'apparaît comme le seul bien souhaitable, dans un monde trop méchant encore pour être capable de se libérer, d'après ce que disent les journaux."

lundi 15 février 2016

Ronde (16) : empreintes (s)

La ronde est un échange périodique de blog à blog sous forme de boucle, mis en ligne le 15 du mois. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième et ainsi de suite.

Sur le thème de Empreinte (s),  j'ai le plaisir aujourd'hui d'accueillir  
Noël Bernard
 tandis que je me décale vers Quotiriens



 Ce poème est réalisé selon la contrainte du persillage, à partir du poème d'Eluard


" Le sommeil a pris ton empreinte
Et la colore de tes yeux
. "

Les mots de ce dystique sont disposés selon les chiffres successifs du nombre d'Euler e=2,718281828459045... Ainsi l'empreinte d'Eluard est-elle imprimée dans le présent poème.



 empreinte


écoute
le vent sournois
qui vient troubler ton sommeil à la pointe du jour

un feu
a pris
à ton
refuge

l'embrasement
te marque de son empreinte


vitrail de Guy Simard (2003)


et sous
tes paupières
collées par la fatigue
la chaleur colore ton iris de teintes inversées

un cercle
de poussière
se dépose

tes compagnons te ferment
les yeux



 La ronde autour du mot empreinte(s) tourne dans ce sens :













dimanche 14 février 2016

ils s'aimaient

https://youtu.be/5KSxQZKLkWY
cliquer l'image, carte lue



Chère Simone,

Je suis en Avignon pour une heure d'où je vais partir pour Lille. Tous ces kilomètres m'éloignent de toi. Comme je languis jeudi 16 h 30 ! J'ai fait un voyage de retour épouvantable avec des arrêts prolongés dans toutes les gares mais crois-moi même si ce voyage était à refaire, je le referais volontiers pour être près de toi et passer de doux moments dans tes bras. Hélas ces moments sont si courts et le temps passe si vite. Mais je dois partir, le train entre en gare, à bientôt dans cinq jours qui vont me paraître horriblement longs.
                                                                     
 Doux baisers

mercredi 10 février 2016

antiquité

     - Après les vacances, nous allons aborder Les Métamorphoses d'Ovide.
     Il lève la main.
     - C'est vieux. Un soupir. On pourrait pas, pour une fois, étudier autre chose que il hésite, se lance euh, des histoires des années 80 ?

lundi 1 février 2016

penser aux munitions,

le nez dans la mangeoire,
des soucis de bélier