La ronde est un échange périodique de blog à blog sous forme de boucle, mis en ligne le 15 du mois. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième et ainsi de suite.
Sur le thème de Jardin(s), j'ai le plaisir aujourd'hui d'accueillir Hélène
tandis que je me décale vers Noël Bernard
Closerie. Il y a, dans la physionomie des lieux, un jardin du haut qui jouxte le village, enclos de murets chaperonnés de grès qui bordèrent des tombes. Ici poussent les ifs et, rituellement, fleurissent les lilas. Le talus garde trace d'une grotte de Lourdes entourée de pervenche comme conque marine.
Cloître. Plus loin, devant le bâtiment se cache une citerne au couvercle de fer près d'un grand carré d'herbe bordé d'acanthes où nous déambulons, contemplant en silence le mystère des murs contrefortés de pierre.
Parc. Derrière le grand mur de brique et de silex, commence le drapé des jours à l'abri des bruissements et clameurs du village. Sous mes yeux se dessinent en courbes de niveau le passage des ombres. Celle des chats qui, entre deux rêves, partent chasser la nuit. Celle des soleils passés et des lunes d'hiver. Et celle des absents.
Les grands frênes se meurent et j'en suis attristée. Il faudra replanter.
Point-de-vue. Dans le jardin du bas, tête levée je contemple cheminées et clocher qui concourent dans une course-en-ciel avec le tilleul immense et séculaire tout enchâssé de buis plantés en 1746 – cette année-là, je veux le croire. Bientôt il répandra les bouffées de ses sucs sous le chant des abeilles.
Étang. L'étang noir est un monde de secret que nul ne jardine. Ou peut-être seulement les poules d'eau qui chaque printemps construisent un nid flottant, un abri de jardin comme une île sur un monde qu'elles protègent de cris violents pour chasser les intrus. Les tétards frétillent dans leur course à survivre. Ainsi sonnera le chant des grenouilles dans les soirs de l'été.
Potager. Le jardin est fait d'espoirs et de renoncements.
Bartas*. Enclos dans la topographie, il y a, dans un coin, de ces coins de broussailles, de ces lieux qu'on abandonne au lieu qui y reprend ses droits. Fait d'herbes folles et de buissons, de taillures, de gratterons et d'orties, de liserons à la férocité glaçante. Parfois viennent y pousser les ancolies, comme poussent sur les grands murs euphorbes et pavots transportés par le vent ou le vol des oiseaux. Bartas, car il faut bien transplanter ici les mots venus du Sud, aux antipodes de l'enfance sur les sentes du jardin.
5 juin 2016
La ronde tourne dans ce sens :
chez Dominique Autrou
chez Jean-Pierre Boureux
chez Guy Deflaux
chez quotiriens
chez Hélène Verdier
chez Elise L
chez Noël Bernard
chez un promeneur, etc.
Dans ces étapes, ces points-de-vue, comme une musique issant des 'tableaux d'une exposition' et qui par bondissements innerve et déploie les sens qu'éveille la littérature.
RépondreSupprimerUn texte tiré au cordeau.
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