mercredi 22 mai 2024

L’Aita Marí à Getaria

 visite autoguidée du Aita Marí ONG SMH

Aita Marí

Il est amarré là

drapeaux désormais au vent, 


photos ci-dessus et ci-dessous Nadine K. 



quelqu’un vous invite à entrer, et c’est une visite guidée par tous les recoins, le pont d’abord Oui c’est là qu’ils arrivent mais quand ils posent le pied ici ce sont pas des migrants ou des réfugiés mais DES HOMMES les douches, les toilettes, les cuisines les réserves, l’extension, un vrai labyrinthe Ça a commencé en 2013 sur une côte de Grèce, des corps sur la plage, on pouvait pas rester les bras croisés, on s’est mis ensemble et on a monté un projet, acheté puis aménagé ce chalutier, 70 % d’argent public, le reste on va le chercher, des ventes, des fêtes, des cotisations de membres, des dons…ce qu’on fait c’est rien, une goutte, dans une petite salle des fresques enfantines œuvre d’artistes du coin, Quand la mer est démontée c’est rassurant pour les enfants et leurs mères, il déroule un écran, images de sauvetage, des photos de Gabriel Tyzón violence du dénuement et puissance de la beauté, J’étais cuisinier sur les bateaux, maintenant je suis à la retraite, il y a beaucoup à faire sur terre aussi, de l’administratif, avant de nous séparer, envie de vous  lire un poème d’Eduardo Galeano Los Nadies, vous connaissez ? son écran de téléphone, il cherche, Les « Personnes  sa voix hésite et trébuche parfois, son émotion, la nôtre

Les puces rêvent de s'acheter un chien
Et les « personnes »* rêvent d'échapper à la pauvreté,
Qu'un beau jour magique
La bonne fortune pleuve soudain,
Que la bonne fortune pleuve à verse,
Mais la bonne fortune ne pleut pas hier,
Ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais,
La bonne fortune ne tombe pas du ciel, même en petite bruine,
Peu importe combien de fois les « personnes » l'appellent
Même quand leur main gauche les pique,
Ou quand ils se lèvent du pied droit,
Ou quand ils commencent l'année en changeant de balai.



 
Les « personnes » : les fils de personne, les propriétaires de rien.
Les « personnes » : les aucuns, les méprisés,
Qui font la course au lièvre, mourant la vie, foutus, complètement foutus :
 
Qui ne sont pas, bien qu'ils soient.
Qui ne parlent pas des langues, mais des dialectes.
Qui ne professent pas de religions, mais des superstitions.
Qui ne font pas de l'art, mais de l'artisanat.
Qui ne pratique pas une culture, mais un folklore.
Qui ne sont pas des êtres humains, mais des ressources humaines.
Qui n'ont pas de visage, mais des bras.
Qui n'ont pas de nom, mais un numéro.
Qui ne figurent pas dans l'Histoire universelle,
Mais dans la chronique rouge de la presse locale.
 
Les « personnes » qui coûtent moins que la balle qui les tue.

Los ocupantes de una de las pateras rescatadas hoy. Fotografía de Gabriel Tizón.

Le projet pour 2024


2 commentaires:

  1. Immense respect pour ces marins. "Le Livres des étreintes" d'Eduardo Galeano est l'un de mes livres de chevet.

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  2. De même Pierre. Je suis encore très émue par mon passage à l’Aita Marí, le cliché du héros que je portais encore a volé en éclats, des hommes comme nous, que rien ne désigne qui un jour décident de réagir, et puis une puissance, une force, leur sens du collectif. J’ajoute ce livre de Galeano dans mes prochains à lire. Merci.

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