mardi 29 avril 2025

à la boucherie charcuterie traiteur

relevant la tête, à la cantonade vers ses clients J’arrête pas de le dire, on se parle plus, ça nous tue, un geste vague, quelqu’un Ça ? oui, nos téléphones, tenez ma belle-fille, je l’ai vue préparer le repas, portable bien posé sur le plan de travail, un oeil dessus pour suivre une série, vous vous rendez compte ?

dimanche 27 avril 2025

Vu (146)

 Vu

à Mantoue le Palazzo Te, le Palazzo ducale, la Rotonde de San Lorenzo, la façade de la maison du rabbin…

à Vérone, Palazzo Maffei, l’église San Zeno et son cloître, l’église Anastasia. le Duomo, le pont Scaliger, le musée de Castelvecchio, les arènes…

Vérone, le pont Scaliger

à Brescia, le Duomo 

à Milan, le Duomo

Milan, en sortant du métro, dimanche de Pâques, 10h45

au palais Maffei accompagnant un tableau de Picasso, cette citation 

« Tout le monde veut comprendre l'art.

Pourquoi ne pas essayer de comprendre le chant d'un oiseau ?

Pourquoi aime-t-on la nuit, les fleurs, tout ce qui nous entoure, sans chercher à les comprendre ?

Mais en peinture, il faut comprendre.

Si seulement on pouvait comprendre avant tout qu'un artiste travaille par nécessité, qu'il n'est lui-même qu'une infime partie du monde, et qu'on ne devrait pas lui accorder plus d'importance qu'à tant d'autres choses qui nous plaisent dans le monde, même si nous ne pouvons les expliquer… »

John Berger, The Success and Failure of Picasso, Pantheon Books, New York 1989

Vérone, place de l’Erbe depuis le palais Maffei, 26 avril, 13 heures 

vendredi 25 avril 2025

un soir un matin à Monte Isola

 


de petites vignes, la neige sur les sommets au fond et la présence du lac, 

en contrebas, l’îlot de San Paola emballé par Christo et Jeanne-Claude en 2016

et jaillissant, le printemps 

jeudi 24 avril 2025

à Monte Isola sur le lac d’Iseo


 et sur les hauteurs le hameau de Cure, 

Cure -on y rassemblait les bêtes pour les soigner, et à Cure l’épicerie bar da Ernesta


le village s’y retrouve, des hommes surtout, on y joue aux cartes, de petites cartes étroites, on y parle fort, triche, du vin rouge, on se carre sur son siège, les coudes bien posés sur la toile cirée Love


et autour d’Ernesta, quatre-vingt douze ans, qui veille depuis ses appartements au-dessus, toute une famille, la fille, le petit-fils, la petite-fille. et les arrières-petits-enfants, une photo sur un mur, et on se dit qu’on est bien là dans ce temps oublié 

mercredi 23 avril 2025

Lectrice

 

Monte Isola, 22 avril 25, midi 

mardi 22 avril 2025

à Bergame, affichage public

 

Bergame, dimanche 20 avril 2025


N’abandonne pas ton bébé. Laisse-le dans le berceau sans que personne sache rien de toi.

lundi 21 avril 2025

en train

 


regarder par la fenêtre et s’entendre penser, Tiens, le maïs est sorti ici. Une enfance à guetter ces signes. Force de ce qui se souvient. 

dimanche 20 avril 2025

Lu et vu (145)

 Lu

King de John Berger

G de John Berger 

Aujourd'hui je voudrais relater un événement qui eut lieu en septembre 1910.

L'aéroclub de Milan avait promis une récompense de trois mille lires au premier homme qui survolerait les Alpes. Geo Chavez, vingt-quatre ans, un Péruvien déjà célèbre dans le monde de l'aviation, attend depuis plusieurs jours à Brig, sous le col du Simplon en Suisse, que le temps s'améliore. Plusieurs autres candidats attendent aussi.


 (…)


Weymann avait du mal à comprendre pourquoi son jeune ami, que les vols enthousiasmaient, ne voulait pas piloter lui-même. Je suis d'accord pour te donner des leçons, disait-il. À Pau et à New York, il y a des gens qui font la queue pour avoir ce privilège. (p 158 à 164)


Madelaine avant l’aube Sandrine Collette

Le feu sur la montagne d’Edward Abbey

Ilaria ou la conquête de la désobéissance de Gabriella Zalapì

« Quand Isabella lit à haute voix, elle redresse son dos, éclaircit sa voix, prend son souffle. Un livre posé sur les genoux, elle tourne une page, deux pages, trois, et me jette un regard pour voir si je suis là, avec elle. Elle reprend, un sourire dans les yeux.

Quand Isabella lit, elle coule à l'intérieur de sa respiration, ralentit, accélère. Chaque mot tombe dans mon corps, l'ouvre, l'engourdit. Des images défilent sous mes paupières. Je deviens mer, je deviens fil, je deviens baleine, je deviens sel.

Quand Isabella lit, elle agite ses épaules, ses mains.

Elle fait des pauses, accompagne les phrases, ondule. Ça te plaît? Le salon se remplit d'air, le vent siffle ooouuuuh ouuuuuhhh. Isabella fait mine de s'interrompre, me regarde, je fronce les sourcils.

Continue s'il te plaît. Je suis prête à sauter, à nager.

Ne t'arrête pas.


La bibliothèque qui jusqu'ici me faisait trembler m'attire maintenant. Si chaque livre contient un univers, comment faire? Aurai-je le temps de tout lire? Où ranger ces nouvelles sensations ?


Après le repas, couchée dans mon lit, l'histoire revient. Je mets de l'ordre dans les images et selon les soirs, c'est une autre histoire encore qui prend forme. J'y ajoute des personnages, des détails, des mots. C'est comme les enchaînements de Nadia Comaneci. Pour élargir le récit, il faut repousser les limites, désobéir à la logique, trouver l'endroit où le corps bascule et atteint un nouvel équilibre. » (p 155, 156)


Papa et Maman se font face. Ils ne se quittent pas des yeux. Maman croise les bras sur sa poitrine. Je regarde le tapis, compte les formes. Trois losanges bleus, deux losanges rouges, trois losanges bleus, deux losanges rouges, trois losanges bleus, deux losanges rouges. Mon ventre est enflé, dur. Je pense aux yeux de la poupée que nous avions achetée à Turin pour Ana. Je pense à ses longs cils de plastique qui se baissent d'un coup d'un seul. Clac. Puis l'avocat éclaircit sa voix. Ilaria. Ilaria. Je ne lève pas la tête. Il parle et sa voix est une décharge électrique qui dure des heures. Je presse Birillo [son ours en peluche] contre moi. L'avocat pose sa main sur mon épaule. Il me demande quelque chose. Il répète sa question, s'agenouille, pousse mon menton vers le haut avec son doigt. Il appuie ses yeux dans les miens. Avec qui veux-tu aller? Avec Maman ou avec Papa? 

Je regarde la pointe des chaussures de Papa, puis celle de Maman.


Je me rétracte, retrouve ma grotte. M'enfonce dans le noir.


Laissez-lui le temps de réfléchir, dit Papa. Il s'approche de Grand-Mère. Personne ne respire dans cette pièce. L'air est plein de béton. Papa s'éloigne.

Des verres s'entrechoquent. Un liquide coule. Je vois à ce moment-là les chaussures de Vito [domestique attaché à la famille] s'approcher de lui. Il murmure quelque chose. Je n'entends pas. Papa ne répond rien, puis s'accroupit à ma hauteur. Je sens son haleine lourde.

Va avec Maman. Tu seras mieux avec elle.

Quand il me serre dans ses bras, je sens son odeur d'alcool. De transpiration. De tabac. Je sens l'odeur de sa peur. De ses larmes.

Ses mains sont moites.(p 179, 170)


Vu

Spectacle 

Opéra pour Sèche-cheveux de AntoineTerrieux et Julien Mandier, Compagnie Blizzard Concept

jeudi 17 avril 2025

d’une langue à l’autre

 lurra la terre

itzul lurra selon labourer, retourner, bêcher, rendre la terre 

itzul le mot aussi pour dire traduire et bien cela au fond traduire, labourer retourner bêcher rendre une terre 

parfois, deviner une incertitude dans la langue d’accueil, ainsi de, venu du persan « elle s’appuie sur la banque de la cuisine » ou « il prend le toboggan de l’autoroute » pas si important, reconnaissance acquise à tous ceux qui permettent d’explorer d’autres univers, d’entendre d’autres voix, les traducteurs

mercredi 16 avril 2025

Vieillir (71)

à peine soixante-dix ans, un air de pas dans son assiette Tu sais, ça y est, ils m’ont fait d’autres examens à Vignalou, et ça toute la matinée, crevant, j’en pouvais plus, des exercices et puis  des tas de questions, les questions des fois ça me fait comme un trou noir et c’est comme si j’étais prise dedans, j’ai pas su dire l’âge de mes enfants, j’avais honte mais tellement honte, tu peux pas savoir comme j’avais honte 

lundi 14 avril 2025

Vieillir (70)

Un couple d’octogénaires, quelques années de vie commune. Ce jour, elle l’accompagne à la maison de retraite, elle ne peut rien de plus. Son fils est là aussi qui rudoie son père, lui donne des ordres. Il s’éloigne enfin. Des larmes et dans un souffle J’ai peur de lui

dimanche 13 avril 2025

Lu et vu (144)

Lu

On s’y fera de Zoyâ Pirzâd

Vie de poète de Robert Walser

La Barque de Masao d’Antoine Choplin 

Ceux qui appartiennent au jour d’Emma Doude van Troostwijk

   Nicolaas s'installe prudemment sur la balançoire. Un des poteaux se soulève un peu sous son poids. Je m'assois en tailleur à côté de lui. J'arrache une tige, la tiens fermement au niveau de l'épi. Je demande poule ou coq? Nicolaas me regarde. Il répond poule. Je fais glisser la tige de la graminée entre le pouce et l'index. Les graines se détachent. Je montre le résultat, t'as gagné. Mon frère a les yeux perdus dans les mauvaises herbes du jardin. Dure journée? Il acquiesce. Une coccinelle se pose sur son tee-shirt. J'étais en stage d'aumônerie à l'hôpital aujourd'hui.Il récupère le petit insecte sur son doigt, observe la carapace rouge et noire. J'ai vu une vieille dame mourir pour la première fois. La coccinelle se secoue un peu. Nicolaas hésite avant de reprendre, je ne savais pas quoi dire pour la rassurer. D'un coup tout ce que j'avais appris ne servait plus à rien. Je décroise les jambes. Je demande, t'as fait quoi ? J'ai chanté doucement s'endort la terre. Le visage de Nicolaas se détend. J'entonne, doucement s'endort la terre, dans le soir tombant, ferme vite tes paupières, dors petit enfant. La coccinelle fait trembler ses ailes avant de s'envoler. (p 97, 98)


   Nicolaas, Papa et moi sommes assis dans les graviers, le dos contre le mur du Presbytère. Mama nous rejoint. Elle glisse son corps jusqu'au sol rocailleux. Nos bras mélangés forment une farandole. Papa rompt le silence. Il dit, la dernière fois, je me suis dit que le golf c'était en fait rien d'autre qu'un jeu de billes pour adultes, leuk hé? Nicolaas s'éclaire un peu. Mama pouffe. Le silence revient. Sur ma joue tombe une goutte. Je tends la main. Il va pleuvoir. Nicolaas soupire. Il forme un mot, le laisse planer un instant. À quoi ça sert. Je le regarde droit dans les yeux. Mama dit, à quoi ça sert quoi Nicolaas reprend son souffle. À quoi ça sert que je devienne pasteur si plus personne. Papa dit, si plus personne ne se souvient ? Je réplique, bah regarde Papa et Opa, ils ne se rappellent de rien mais ils existent et c'est chouette quand même. Papa me donne un coup de coude. Nicolaas rit. Mama se lève. Par-dessus son épaule, sa voix résonne, un pasteur, ça sert à garder les histoires vivantes Nicolaas, c'est déjà bien, raconter des histoires. (p 169, 170)


Emma Doude van Troostwijk à la librairie Mollat

Vu 

Exposition 

Bilbao, Azkuna Zentroa, projet abandonné de centrale nucléaire de Lemoiz vu par Ixone Sádaba Escale : 1,1

Journal El País du 8 mars 2025

« Les racines de Lemoiz remontent à la fin de la période franquiste. Il s'agit d'un projet du gouvernement de la dictature visant à construire des dizaines de centrales nucléaires dans toute l'Espagne. Quatre d'entre elles devaient être implantées au Pays basque et en Navarre, mais seule celle de Lemoiz, qui devait abriter deux réacteurs sous des dômes de béton, a été réalisée. Les terres de la région, appartenant en grande partie à de petites exploitations agricoles, ont été expropriées de leurs propriétaires, qui ont reçu une maigre compensation. Les travaux de construction ont commencé en 1972, dirigés par la compagnie d'électricité alors connue sous le nom d'Iberduero. Une digue a été installée séparant la mer de la crique, la zone a été drainée et cimentée, et les environs ont été assainis en coupant le flysch (une formation rocheuse qui alterne des couches dures et molles) pour faire place au futur bâtiment, dans ce qui serait aujourd'hui considéré comme une menace écologique inconcevable. « Il existe des photos de cette époque qui montrent une ligne peinte en blanc marquant l'endroit où le flysch devait être coupé », explique Sábada.

Chefs d’œuvre de papier de Budapest, Guggenheim de Bilbao 




à Okendo Kultur Etxea Más allá de Mauthausen, Francesco Boix Campo, photographe


« Les Espagnols » APATRIDES BLEUS

Dans le système répressif nazi, l’obsession de l’ordre et de la catégorisation les a conduits à créer un symbole pour différencier chaque groupe de prisonniers. 
Les Juifs portaient l’étoile de David sur leurs uniformes, tandis que le reste des prisonniers portaient un triangle inversé.
Les criminels de droit commun le portaient en vert, les prisonniers politiques en rouge, le rose était réservé aux homosexuels, le noir aux gitans et aux asociaux, et le violet aux Témoins de Jéhovah et aux objecteurs de conscience. 
À l'intérieur du triangle, les prisonniers qui n'étaient pas d'origine allemande portaient également l'initiale de leur pays.
La logique voudrait que les Espagnols reçoivent le triangle rouge pour les prisonniers politiques, comme cela s'est produit, des années plus tard, dans le reste des camps. 
Cependant, à Mauthausen, les républicains espagnols reçurent le triangle bleu qui les distinguait comme apatrides. Un triangle bleu avec un « S » écrit dessus les définissait comme des spanier, c'est-à-dire des Espagnols apatrides. 
Une contradiction qui ne s'explique que par la volonté du régime franquiste de ne pas les reconnaître comme compatriotes. Dans les journaux de bord du camp et dans l'esprit des SS, cette définition était un peu plus large : tous les nouveaux arrivants étaient des Rotspanier.
L'explication pour laquelle ces hommes nés dans une nation amie du Reich, comme c'était le cas de 
L'Espagne méritait d'être à cette place vient d’une raison simple : il s'agissait de « rouges espagnols ».


jeudi 10 avril 2025

mardi 8 avril 2025

lundi 7 avril 2025

Le printemps pas à pas

 

parc du château, dimanche 6 avril, 11 h


cerisiers 

Saint-Palais, 29 mars, 11h1/4

et glycine, 

Jurançon 6 avril, midi 1/4

à venir, le lilas

dimanche 6 avril 2025

Lu et vu (143)

 Lu 

Je ne suis pas sortie de ma nuit d’Annie Ernaux

Le Goût âpre des kakis de Zoyâ Pirzâd

Qui va là ? de John Berger 

p 137, éditions de l’Olivier

Vu

Cinéma

Taxi Driver de Martin Scorsese

Spectacle 

Marius réécriture et mise en scène de Joël Pommerat

« Ya de l’Oc dans le Jazz » autour d’André Minvielle et Charlotte Planchou

jeudi 3 avril 2025

Conversation (41) au marché

petite queue devant le jeune producteur de fromage, un  nom sur son camion Citroën, elle Je connaissais dans le temps quelqu’un de ce nom, un Jean D. à Sainte Colome, Lui aussitôt C’est mon père Elle Vous êtes sûr ? interloqué, il marque le coup, s’empourpre, à deux pas, un copain sourire en coin n’en perd pas une miette, elle On était à la fac ensemble, lui soulagé Ah ! non, non, c’est pas lui ! mon père, il est pas allé aux études, alors je vous sers quoi, du fromage d’estive ? ce bout, ça vous va ? elle s’éloigne

mardi 1 avril 2025

à la ferme (13), un jour bleu

 


sortir au pas de l’oie, 


et s’élancer dans l’azur