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| Adour, 10 novembre, 17 heures |
en descendant vers la gare depuis le village,
« Mon troisième Sud-Ouest est encore plus réduit : c'est la ville où j'ai passé mon enfance, puis mes vacances d'adolescent (Bayonne), c'est le village [Urt] où je reviens chaque année, c'est le trajet qui unit l'une et l'autre et que j'ai parcouru tant de fois, pour aller acheter à la ville des cigares ou de la papeterie, ou à la gare chercher un ami.
un matin,
« la lumière du Sud-ouest » célébrée par Roland Barthes,
Mon second Sud-Ouest n’est pas une région ; c’est seulement une ligne, un trajet vécu. Lorsque, venant de Paris en auto (j’ai fait mille fois ce voyage), je dépasse Angoulême, un signal m’avertit que j’ai franchi le seuil de la maison et que j’entre dans le pays de mon enfance ; un bosquet de pins sur le côté, un palmier dans la cour d’une maison, une certaine hauteur des nuages qui donne au terrain la mobilité d’un visage. Commence alors la grande lumière du Sud-Ouest, noble et subtile tout à la fois ; jamais grise, jamais basse (même lorsque le soleil ne luit pas), c’est une lumière-espace, définie moins par les couleurs dont elle affecte les choses (comme dans l’autre Midi) que par la qualité éminemment habitable qu’elle donne à la terre. Je ne trouve pas d’autre moyen que de dire : c’est une lumière lumineuse. Il faut la voir, cette lumière (je dirais presque : l’entendre, tant elle est musicale, à l’automne, qui est la saison souveraine de ce pays ; liquide, rayonnante, déchirante puisque c’est la dernière belle lumière de l’année, illuminant chaque chose dans sa différence (..,)
un côté rénové, l’autre pas, traces d’un passé encore vif
La lumière du Sud-Ouest Roland Barthes Journal L’humanité, 10 septembre 1977





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