samedi 7 novembre 2009

Samedi : marché



Les magasins, comme devenus tristes : les viandes, sous plastique, méfiance. Les fruits et légumes : origines douteuses, méfiance. Les choses emballées, les mêmes en tous pays, et le pain mou dans son emballage, c’est comme ça qu’on les avait réduits à ça. François Bon, Tiers Livre.

Tant que. Se reprendre. Samedi, marché. Pas trouvé d'autre cabas que, en sourire. Elles sont là toutes les deux, dignes, épargnés leurs maux de dos, d'épaules, leurs insomnies, A notre âge, on dort moins vous savez, oublié pour l'une, le temps d'un matin, le mari atteint d'Alzheimer Je n'ai que les carottes et quelques œufs, le reste c'est du cousin, pour l'autre, on la photographie, air de famille évident, C'est ma dernière, puis elle se redresse et avec orgueil Elle est infirmière à l'hôpital, ce soir donc pot de soupe avec plein de légumes (et pour demain et après-demain aussi), en sourdine discrète sa voix Attends, on va compter combien il y a de légumes, doigts ouverts en éventail, sept, non, huit, l'oignon, je l'ai déjà dit ? et recommencer, observations ou conseils, rien n'y fait, une soupe différente, vieux refrain Y a autant de soupes que de cuisinières, donc carottes, patates, poireaux, ces trois-là la base, Pour moi, elle dit souvent, sans poireau c'est pas une soupe, citrouille, quelques haricots secs, 5 euros la livre, commenter parfois Je sais pas pourquoi c'est si cher, regarde la carotte à côté, oignons, ail, la clef Ajouter les poireaux un quart d'heure avant la fin de la cuisson sinon ils perdent le goût, sa moue de désapprobation Ah ! tout en même temps ? Nettoyer, gratter, ça occupe, bientôt odeurs, buée, puis sortir à nouveau, la pluie, courir échanger le grille-pain acheté il y a un mois seulement au Champion, rectifier intérieurement non maintenant Super U, une chance gardé le ticket de caisse, le compteur disjoncte, gardé vingt ans le précédent, zut, là-bas rien qui disjoncte, quand même pas eu la berlue, une responsable l'air responsable de circonstance Je vais le faire réviser A mon Alors pas de pain grillé pendant plus d'une semaine Son Je vous comprends moi aussi le matin, bla bla bla... un sourire et rentrer les mains vides, décidément aucune autorité, mains vides pas tout à fait, tour dans les rayons avant de s'en retourner, puis la pluie toujours, un regard oblique par en-dessous le parapluie, tout jeune couple encore là, ils mendient, rencogné près du distributeur du Crédit Agricole, elle jolie et frêle, l'éclat d'un regard vif, moche ça changerait quoi, la manche, leur petit déj' demain, ce sera comment.

2 commentaires:

  1. Oui, une soupe, pourquoi pas ? j'en parlais tout à l'heure, hier, je ne sais plus, oui, une soupe, comme un verre qu'on trinque, ou un sourire d'ami, les jolies rides de joie des vieilles personnes, ou celles d'aigreur aussi bien qui marquent tant le temps qui dessus est passé, voilà, oui, une soupe... Prendre, déprendre, se reprendre, voilà... (juste l'ail, c'est pas si sûr, quoi que avec le potiron, peut-être bien...)

    RépondreSupprimer
  2. Vous avez raison, l'ail ça peut se discuter ! on en met partout, il me semble, vais quand même vérifier.

    RépondreSupprimer