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lundi 8 février 2010
la photo serait belle
Assistance clairsemée. Banc de devant.Trois hommes debout. Lourds et massifs. Âgés. Bérets soigneusement posés derrière eux. Se prendre à songer au temps, c'était l'enfance, où les églises étaient pleines, femmes en bas, hommes dans les galeries. Chants à gorge déployée, voix chevrotante des vieilles femmes, celle de Justina dont nous riions, voix puissante des hommes, du chantre, beauté du Gure aita, et sentiment parfois que le toit s'envolerait devant tant d'ardeur. Prie-dieu d'alors. Leur claquement. A genoux, assis, debout. Docilité des corps mais l'esprit, qui peut dire. Mantille blanche, les jeunes filles. Sentir parfois un regard de garçon posé sur soi, baisser les yeux. Les trois hommes se lèvent et s'éloignent vers l'autel. Trois bérets sur un banc. Le bois vernis brille. Couleur chaude de l'acajou. La photo serait belle. Ils reviennent. Bénédiction finale. Même façon de plier le béret sous le bras. Ils sortent. Photos que je ne ferai pas.
Willy Ronis disait comme vous : des photos qui seraient belles, mais qu'on ne fera pas... Hein, bizarre, cet arrêt, la stase, la fin du monde , hein ? Vu Annie Ernaux aujourd'hui à Beaubourg sur le thème "pourquoi écrire", la réponse pour faire et être quelque chose... humble mais dure... très bien.
RépondreSupprimerPhotos que vous ne ferez pas et que nous avons en tête, merci.
RépondreSupprimerNon loin du pays Basque , je connais aussi…
RépondreSupprimerElle est posée là-haut en bout de crête sur le fil de la colline . Près d’elle et peut-être avant elle cinq ou six maisons ont réussi à faire un hameau.Certainement parce que l’on est en dehors des passages , elle reste ouverte. C’est inespéré ! Elle apparaît à point nommé quand on en termine , souffle coupé, avec les 10 derniers mètres à vélo de l’épouvantable côte qui s’y achève.
Quand je vais de par les collines de cette campagne , je rentre dans les églises , je me pose et j’écoute…dans les églises vides...je ne sais pas trop pourquoi.
Sous le porche quelqu’un a eu la délicatesse d’étaler les feuilles d’un journal sous le nid d’hirondelle auquel personne ne semble avoir trouvé à redire ! Inespéré.
Cette petite église de G. est toute en réserve , sans prétention rassurée par deux beaux arcs arrondis de pierre blanche et sa chaire creusée dans la pierre. Il y a de la lumière qui vient flatter sa discrétion au travers de vitraux arlequin. Je me demande toujours comment personne n’a commis le sacrilège de la dépouiller d’un des émouvants tableaux du chemin de croix- en bois naïf polychrome. Il y a des statues qui veillent …….voilà.
Je prendrai une photo certainement la prochaine fois.
Il me semble que de ce côté-ci du Pays Basque, les églises restent le plus souvent ouvertes (récemment Espelette, Mendionde ou Labastide-Clairence) et quand c'est fermé comme à la chapelle d'Harambeltz, il suffit d'aller demander la clef chez les voisins !
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