jeudi 19 septembre 2024
mercredi 18 septembre 2024
mardi 17 septembre 2024
Petites choses (82) tendres et douces
un gîte d’étape, dans un angle, le remarquer lui d’abord, son air voûté et fragile, un appareil audio, elle ensuite, une alerte septuagénaire, elle prend la couchette du haut, le rejoint sur celle du bas, s’endormir bercée par leur chuchotis
dimanche 15 septembre 2024
Lu et vu (113)
Lu
Triste Tigre de Neige Sinno
La nuit des pères de Gaëlle Josse
La prochaine fois le feu de James Baldwin
Vu
Cinéma
Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier
Exposition
Saul Leiter (photographe) à la Tabakalera Saint-Sébastien
vendredi 13 septembre 2024
Petites choses qui font sourire
jamais rassasiée, jamais pressée, savourer un petit en-cas sur le chemin, Izar (Étoile) la chevrette
mardi 10 septembre 2024
Petites choses (81) tranquilles et douces
au sommet de la colline, près du fronton, dans la petite église, lui dire adieu, en basque sans faillir, la langue d’ici, prêtre pataud engoncé dans un corps lourd, d’hésitation en hésitation, d’une apnée à l’autre, finira finira pas, le portrait d’un homme simple et bon « bakestua » prend forme, sa vie accomplie sans bouger de chez lui sauf pour l’armée, chauffeur, conduire il aimait, il aimait, il avait gardé ça de là-bas, tous le dimanche après-midi tour en voiture avec la femme, elle aussi elle aimait, ils s’entendaient, partie de pelote, tour à la frontière, ou rien, juste se promener, les bêtes, les terres, la famille, un bon coup de fourchette , une bonne cuisinière la femme, les tablées, enfants, petits-enfants, le fils à ses côtés, il était resté, maintenant le petit-fils, sur la fin assis à la fenêtre, regard perdu, des heures tourné vers Garralda, sa montagne, à reconnaître ou croire reconnaître sur ses flancs le tracteur, le troupeau de tel ou tel voisin, à la sortie, son fils, les yeux encore embués Ce qu’il a dit d’aita [papa] le curé, je crois qu’on pourra dire pareil de moi, l’après-midi se prolonge au café, un temps pour l’évoquer encore, le petit-fils s’éclipse, soins au troupeau, quelqu’un à son oreille C’est du boulot mais elles [les brebis] t’attendent et vont t’aider, il sourit.
dimanche 8 septembre 2024
Lu et vu (114)
Lu
Sukkwan Island de David Vann
Un gars et son chien à la fin du monde de C. À. Fletcher
Journal des jours tremblants Après Fukushima précédé de Trois leçons de poétique de Yoko Tawada
Trust de Hernán Diaz
Film
Irati de Paul Urkijo
samedi 7 septembre 2024
Petites choses qui (80) rassérènent
jeudi 5 septembre 2024
mardi 3 septembre 2024
Conversation (34)
Chez le médecin, une salle d’attente à l’ancienne, des rendez-vous mais il prend son temps alors on se parle. Soigné, plutôt bel homme, de l’assurance. J’ai soixante-dix-huit ans et je suis content, je suis cardiaque, c’est parfait, je sais comment je vais mourir. Éclater de rire. Rien de garanti, et puis un peu rude pour ceux qui vous aiment, non ? Il lève un sourcil surpris, ne perd rien de sa superbe Non, il faut savoir lâcher.
dimanche 1 septembre 2024
Lu et vu (113)
Lu
Un tesson d’éternité de Valérie Tong Cuon
Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour
Le ministère des contes publics de Sandra Lucbert
Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon
« Sans doute suis-je une enfant des années 1980, ces années qui ont promu la « réinvention de soi », et en ont fait un rêve à portée de clip vidéo. L'aérobic promettait un nouveau corps et les ouvrages de développement personnel, une nouvelle personnalité. Il suffisait de le vouloir : on serait celle qu'on rêvait d'être. Just do it.
L'identité était un costume, un déguisement.
Madonna était toutes les femmes, une Marilyn, une Vierge, une féministe, une businesswoman, un sex-symbol, une égérie de mode, une danseuse, une mère, Eva Perón, une blonde aux aisselles sombres, fière de s'être créée et recréée.
La musique vendait de l'optimisme mondialisé : We Are the World, un monde nouveau dans lequel on n'aurait plus le droit ni d'avoir faim ni d'avoir froid, il suffisait d'y croire. Par la grâce d'une petite main jaune accrochée au revers de son blouson, les racismes reculeraient, on ne toucherait pas à mon pote.
Je l'ai embrassée, cette croyance, dans l'espoir de m'éloigner d'un paysage dévasté, de m'éloigner de ces morts-là.
Toutes les injustices, toutes les causes, j'y adhérais, surtout celles qui ne me concernaient pas directement : les zapatistes du Chiapas, les prisonniers basques ou les sans-logis. Toutes les injustices, toutes les tragédies, sauf une. » (p 51, 52)
(..)
« (…) Dans le train, une femme assise derrière moi s'agace au téléphone. C'est trop flou, tu es tellement flou, dit-elle à son interlocuteur.
Je l'imagine, à l'autre bout de la ligne, tentant désespérément d'éclaircir ses mots, d'en parfaire la mise au point.
J'aimerais m'emparer du téléphone et réconforter ce flou conspué. Le flou est une espèce en voie de disparition dans un monde où règne l'exigence de transparence. On y vante la limpidité, la clarté d'une intervention médiatique.
Savoir résumer son propos en quelques mots est un savoir contemporain, un idéal d'agence immobilière.
Les discours « clairs» sont souvent ceux de communicants, qu'ils soient hommes politiques ou publicitaires. On voit au travers: ils nous vendent quelque chose. Le flou interroge. Il faut y regarder de plus près. C'est une brume de mer qui dissimule le profil d'une falaise. C'est ce trouble d'un amour naissant, qui ne s'appelle pas encore « relation ». C'est une tristesse sans objet, qui surgit quand on s'y attendait le moins, au bord du bonheur. Les créatures floues ont pour elles l'espace de la fiction, qui n'aime rien tant que les personnages dont on ne saura jamais tout. Un roman ne peut être transparent, il est tissé de doutes et de solitude, celle de l'écrivain qui lui a consacré son temps. Un roman ne vend pas, il propose. (…) » p 55. 56
Cinéma
Emilia Perez de Jacques Audiard