Rechercher dans ce blog
lundi 25 février 2013
dimanche 24 février 2013
vendredi 22 février 2013
" Lisez, continuez de lire, à propos et hors de propos (...)"
Adieu, vive clarté... Jorge Semprun
J'ai fréquenté Armand J. pendant le dernier trimestre scolaire de l'année 1939. Ensuite, il y eut la dispersion estivale et vacancière. Puis la guerre. A la rentrée, le lycée Henri-IV devint, pour des raisons que j'ignore, un établissement pour jeunes filles. Le mélange des sexes n'étant pas alors à l'ordre du jour, les mâles furent expédiés vers des lycées avoisinants. J'échouai à Saint-Louis, pour y faire ma classe de première.
Le proviseur d'Henri-IV m'avait convoqué, en effet, avant les vacances d'été, pour me conseiller, au vue de mes résultats et de l'appréciation des professeurs des matières humanistes—je veux dire, celles concernant ce qu'on appelle les humanités—, de passer directement en première. « Vous perdrez votre temps en seconde, m'avait-il dit. Il vous suffira de travailler un peu durant l'été », ajouta-t-il. Mais il conclut, percevant sans doute quelque désarroi ou quelque révolte dans mon regard, à cette allusion au travail: « Lisez, continuez de lire, à propos et hors de propos, comme vous semblez déjà le faire ! C'est cela que j'entends. »
Je me rassurai, ayant compris ce qu'il entendait par travailler.
mercredi 20 février 2013
mercredi 13 février 2013
frontières
la tuile, l'ardoise, le rouge, le gris, le toit, le ciel, flocons, gouttelettes, de ce côté, de l'autre côté
samedi 9 février 2013
"Quand Loulou et Babette rangent leurs affaires, ils les retrouvent toujours."
Des hommes jouaient aux quilles
et buvaient de la bière,
Mademoiselle M. recopiait des morales.
La propreté et la bonne tenue sont deux grandes marques de politesse.
La bonne humeur que l'on a rend les autres heureux.
Dites toujours la vérité.
Soyez généreux, rendez toujours service de bon cœur.
Les sports entretiennent la bonne santé.
Le respect se doit à tous : aux plus âgés, aux plus jeunes, aux plus forts, aux plus faibles.
Un sourire à l'un, un sourire à l'autre et chacun est content.
Pensez d'abord aux autres.
Quand Loulou et Babette rangent leurs affaires, ils les retrouvent toujours.
Sachez partager avec vos amis, et même avec ceux qui le sont moins.
mardi 5 février 2013
vendredi 1 février 2013
Ronde (1) : empaysements
Empaysements
De
la pierre chocolat, douce au toucher et au ciseau du sculpteur, on ne peut voir
que quelques veines sur les flancs du causse de Montbel et des pierres tombales
dans le cimetière du village. L. s'imprègne de son odeur sucrée, une odeur d'enfance
comme sortie du four au soleil de l'été, oublieuse des temps glacés de l'hiver
où ne flotte plus dans l'air que l'émanation de l'eau sur les herbes gelées et
les craquements de la couche de neige. Elle ignorait cette curiosité géologique
(une couche de granite sur un substrat de calcaire, en stratigraphie inversée),
ces lits percés de gouffres où tombent parfois les brebis pour descendre loin
là-bas portées par les flots souterrains vers la fontaine de Nîmes, histoires
sorties de la mythologie des lieux et dont on ne dit rien aux petits. La route
qui conduisait à la petite ville de son premier exil, elle ne s'en souvient
sans doute que pour l'avoir arpentée de nombreuses fois, par la suite, pour
rejoindre le pays où l'on ne revient jamais, celui de la première enfance.
Ensuite,
ce fut un nouveau départ, du Languedoc septentrional vers les plaines
viticoles. Comme un rite, à chaque vacance, la voiture prenait le chemin du
retour, bien que ce fût un départ, du retour vers la montagne. Quissac, Anduze
et l'eau violente du Gardon qui couvre de boue les façades et plisse la
falaise, Saint-Jean-du Gard et ses sacristains feuilletés d'amande et de sucre
glace, les planches à savon pour la luge d'été au Pompidou, la ferme sombre sur
le causse au-dessus du village, dans l'austérité des hivers et des paysans
protestants. Là-haut, sur le plateau, le vent soufflait parfois en congères :
passerons-nous le col ? Puis la route descendait en virages innombrables vers
Florac, riante sous le soleil d'été, vers les bories des cantonniers, vers
Saint-Etienne-du-Valdonnez et ses sources pétrifiantes et la rivière qui
parfois se volatilise en gouffres et résurgences, et enfin la ville de son
enfance et ses ruelles sombres. Ainsi s'ancra l'exil, de départs en retours, un
sens et puis l'autre, et toujours comme un arrachement. Pourtant, le chemin du
retour n'était dans sa mémoire, qu'une bouffée d'air chaud après l'ombre noire
du Mont Mimat sur la petite Ville - l'hiver toujours gommé - et surtout les
odeurs des pinèdes lorsque la corniche des Cévennes, violette, s'achève au col
Saint Pierre, après le franchissement du col de l'Exil et avant de que la route
ne plonge vers la plaine, la garrigue et les alignements de ceps.
Sur
cette route, elle posait des repères, adoptait des arbres, qui lui faisaient
une autre famille, imaginaire, dans le silence du voyage. Un bouleau, surtout
un bouleau, fragile sur un coin de parapet, tout près des empreintes de
dinosaures - il y avait aussi dans le rituel du voyage ce bouquet de pins au
passage du col. Un bouleau au tronc grêle, brillant de blancheurs striées,
incliné vers le vide creusé dans la montagne par la vallée du Tarn. Un jour, un
arrêt près de lui, on sortit l'appareil photo et elle conserva longtemps
l'image de l'arbre dans sa chambre d'enfant. L'arbre a disparu (elle reconnaît
le virage), l'image aussi, le mur de pierre est toujours là, par fragments dans
l'étrange solitude de celui qui seul se souvient.
Inscription à :
Articles (Atom)