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mercredi 27 novembre 2013
mardi 26 novembre 2013
J'aime les moutons... les moutons qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux moutons !
L'Etranger Charles Baudelaire
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ?
ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est
resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas...
là-bas... les merveilleux nuages !
ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est
resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas...
là-bas... les merveilleux nuages !
dimanche 24 novembre 2013
il pleut
cliquer sur l'image pour entendre et voir Barbara
Il pleut,
Il pleut,Sur les jardins alanguis,
Sur les roses de la nuit,
Il pleut des larmes de pluie,
Il pleut,
Et j'entends le clapotis,
Du bassin qui se remplit,
Oh mon Dieu, que c'est joli,
La pluie,
Quand Pierre rentrera,
Il faut que je lui dise,
Que le toit de la remise,
A fui,
Il faut qu'il rentre du bois,
Car il commence à faire froid,
Ici,
Oh, Pierre,
Mon Pierre,
Sur la campagne endormie,
Le silence et puis un cri,
Ce n'est rien, un oiseau de la nuit,
Qui fuit,
Que c'est beau cette pénombre,
Le ciel, le feu et l'ombre,
Qui se glisse jusqu'à moi,
Sans bruit,
Une odeur de foin coupé,
Monte de la terre mouillée,
Une auto descend l'allée,
C'est lui,
Oh, Pierre,
Pierre
vendredi 22 novembre 2013
mercredi 20 novembre 2013
La République des Pyrénées du 19/11/2013 : 150 ans après ses ancêtres, un Uruguayen cultive ses racines basques
J.L.Belhartz # Soule - Xiberoa (Jean-Louis Belhartz ) |
par J.-L. B. (Publié le 19/11/2013 à 10h17 - Mise à jour : 19/11/2013 à 11h05)
Ce jeune gynécologue de 34 ans, habitant à Montevideo, est en effet resté fidèle à ses racines et parle couramment le basque souletin alors que cela fera bientôt 150 ans que ses arrière-grands-parents, Marthe Arhainx Jouréguiborda et Pierre Irigaray ont émigré en Uruguay.
Comme c’est souvent le cas chez les expatriés, la famille est restée fidèle à sa langue maternelle. « C’est ma grand-mère, Margaita Irigaray, qui m’a appris le souletin quand j’étais enfant », confirme le jeune médecin (avec un blouson clair, au centre de la photo).
« Plus tard, je suis allé suivre des cours d’alphabétisation à l’Euskal Etxetan (à la maison des Basques) de Montevideo. » Même s’il n’en a manifestement pas besoin, il aura le temps de perfectionner son souletin, car, arrivé la semaine dernière, il n’est pas pressé de fixer la date de son retour en Amérique du Sud.
Il était déjà venu découvrir le pays et faire connaissance avec sa famille en 2008. Il faut croire qu’il s’y est attaché car il a l’air bien décidé à prendre le temps de s’imprégner de la terre de ses ancêtres.
dimanche 17 novembre 2013
mots oubliés (3) : c'est quoi un tombereau ?
cliquer sur l'image
un tombereau dès les premiers plans de la bande-annonce Farrebique (1946) Georges RouquierA Paris, ce vendredi 17 juillet [1676].
(...) Enfin c’en est fait, la Brinvilliers est en l’air. Son
pauvre petit corps a été jeté, après l’exécution, dans un fort grand
feu, et les cendres au vent,
de sorte que nous la respirerons, et par la
communication des petits esprits, il nous prendra quelque humeur
empoisonnante, dont nous serons tous
étonnés. Elle fut jugée dès hier ; ce matin, on lui a lu
son arrêt, qui était de faire amende honorable à Notre-Dame et d’avoir
la tête coupée, son
corps brûlé, les cendres au vent.
On l’a présentée à la question; elle a dit qu’il n’en
était pas besoin, et qu’elle dirait tout. En effet, jusqu’à cinq heures
du soir elle a conté sa
vie, encore plus épouvantable qu’on ne le pensait. Elle a
empoisonné dix fois de suite son père (elle ne pouvait en venir à
bout), ses frères et
plusieurs autres ; et toujours l’amour et les
confidences mêlés partout. Elle n’a rien dit contre Pennautier.
Après cette confession, on n’a pas laissé de lui donner,
dès le matin, la question ordinaire et extraordinaire; elle n’en a pas
dit davantage. Elle a
demandé à parler à Monsieur le procureur général; elle a
été une heure avec lui. On ne sait point encore le sujet de cette
conversation.
A six heures on l’a menée, nue en chemise et la corde au
cou, à Notre-Dame faire l’amende honorable. Et puis on l’a remise dans
le même tombereau, où je
l’ai vue, jetée à reculons sur de la paille, avec une
cornette basse et sa chemise, un confesseur auprès d’elle, le bourreau
de l’autre côté ; en
vérité, cela m’a fait frémir. Ceux qui ont vu
l’exécution disent qu’elle a monté` sur l’échafaud avec bien du courage.
Pour moi, j’étais sur le pont
Notre-Dame avec la bonne d’Escars; jamais il ne s’est vu
tant de monde, ni Paris si ému ni si attentif. Et demandez-moi ce qu’on
a vu, car pour moi je
n’ai vu qu’une cornette, mais enfin ce jour était
consacré à cette tragédie. J’en saurai demain davantage, et cela vous
reviendra…
A Paris, mercredi 22 juillet.
…Encore un petit mot de la Brinvilliers : elle est morte
comme elle a vécu, c’est-à-dire résolument. Elle entra dans le lieu où
l’on devait lui
donner la question, et voyant trois seaux d’eau : «
C’est assurément pour me noyer, dit-elle, car de la taille dont je suis,
on ne prétend pas que je
boive tout cela. ».
Elle écouta son arrêt, dès le matin, sans frayeur ni
sans faiblesse; et sur la fin, elle le fit recommencer, disant que ce
tombereau l’avait frappée
d’abord, et qu’elle en avait perdu l’attention pour le
reste. Elle dit à son confesseur, par le chemin, de faire mettre le
bourreau devant elle, « afin
de ne point voir, dit-elle, ce coquin de Desgrez qui m’a
prise » ; il était à cheval devant le tombereau. Son confesseur la
reprit de ce sentiment;
elle dit : « Ah, mon Dieu ! je vous en demande pardon;
qu’on me laisse donc cette étrange vue ». Et monta seule et nu-pieds
sur l’échelle et sur
l’échafaud, et fut un quart d’heure mirodée, rasée,
dressée et redressée, par le bourreau; ce fut un grand murmure et une
grande cruauté.
Le lendemain on cherchait ses os, parce que le peuple
disait qu’elle était sainte. Elle avait, disait-elle, deux confesseurs :
l’un disait qu’il
fallait tout dire, et l’autre non ; et elle de cette
diversité; disant : « Je peux faire en conscience tout ce qu’il me
plaira. » Il lui a plu de ne
rien dire du tout. Pennautier sortira un peu plus blanc
que de la neige ; le public n’est point content; on dit que tout cela
est trouble.
Admirez le malheur : cette créature a refusé d’apprendre
ce qu’on voulait, et a dit ce qu’on ne demandait pas. Par exemple elle
dit que M. Foucquet avait
envoyé Glaser, leur apothicaire empoisonneur, en Italie,
pour avoir d’une herbe qui fait du poison; elle a entendu dire cette
belle chose à Sainte-Croix.
Voyez quel excès d’accablement et quel prétexte pour
achever ce misérable. Tout cela est bien suspect. On ajoute encore bien
des choses, mais en voilà
assez pour aujourd’hui.
Je vous dirai plus, monsieur ; il n’y a point en France de loi expresse qui condamne à mort pour des blasphèmes. L’ordonnance de 1666 prescrit une amende pour la première fois, le double pour la seconde, etc., et le pilori pour la sixième récidive.
Cependant les juges d’Abbeville, par une ignorance et une cruauté inconcevables, condamnèrent le jeune d’Étallonde, âgé de dix-huit ans :
1° À souffrir le supplice de l’amputation de la langue jusqu’à la racine, ce qui s’exécute de manière que si le patient ne présente pas la langue lui-même, on la lui tire avec des tenailles de fer, et on la lui arrache.
2° On devait lui couper la main droite à la porte de la principale église.
3° Ensuite il devait être conduit dans un tombereau à la place du marché, être attaché à un poteau avec une chaîne de fer, et être brûlé à petit feu. Le sieur d’Étallonde avait heureusement épargné, par la fuite, à ses juges l’horreur de cette exécution.
Le chevalier de La Barre étant entre leurs mains, ils eurent l’humanité d’adoucir la sentence, en ordonnant qu’il serait décapité avant d’être jeté dans les flammes ; mais s’ils diminuèrent le supplice d’un côté, ils l’augmentèrent de l’autre, en le condamnant à subir la question ordinaire et extraordinaire, pour lui faire déclarer ses complices ; comme si des extravagances de jeune homme, des paroles emportées dont il ne reste pas le moindre vestige, étaient un crime d’État, une conspiration. Cette étonnante sentence fut rendue le 28 février de cette année 1766.
Relation de la mort du chevalier de La Barre par Voltaire
Je vous dirai plus, monsieur ; il n’y a point en France de loi expresse qui condamne à mort pour des blasphèmes. L’ordonnance de 1666 prescrit une amende pour la première fois, le double pour la seconde, etc., et le pilori pour la sixième récidive.
Cependant les juges d’Abbeville, par une ignorance et une cruauté inconcevables, condamnèrent le jeune d’Étallonde, âgé de dix-huit ans :
1° À souffrir le supplice de l’amputation de la langue jusqu’à la racine, ce qui s’exécute de manière que si le patient ne présente pas la langue lui-même, on la lui tire avec des tenailles de fer, et on la lui arrache.
2° On devait lui couper la main droite à la porte de la principale église.
3° Ensuite il devait être conduit dans un tombereau à la place du marché, être attaché à un poteau avec une chaîne de fer, et être brûlé à petit feu. Le sieur d’Étallonde avait heureusement épargné, par la fuite, à ses juges l’horreur de cette exécution.
Le chevalier de La Barre étant entre leurs mains, ils eurent l’humanité d’adoucir la sentence, en ordonnant qu’il serait décapité avant d’être jeté dans les flammes ; mais s’ils diminuèrent le supplice d’un côté, ils l’augmentèrent de l’autre, en le condamnant à subir la question ordinaire et extraordinaire, pour lui faire déclarer ses complices ; comme si des extravagances de jeune homme, des paroles emportées dont il ne reste pas le moindre vestige, étaient un crime d’État, une conspiration. Cette étonnante sentence fut rendue le 28 février de cette année 1766.
Le Grand Meaulnes Alain-Fournier Deuxième partie Chapitre 11 Je trahis...
Que faire ?
Le temps s’élevait un peu. On eût dit que le soleil allait se montrer.
Une porte claquait dans la grande maison. Puis le silence retombait. De temps à autre mon père traversait la cour, pour remplir un seau de charbon dont il bourrait le poêle. J’apercevais les linges blancs pendus aux cordes et je n’avais aucune envie de rentrer dans le triste endroit transformé en séchoir pour m’y trouver en tête-à-tête avec l’examen de la fin de l’année, ce concours de l’École Normale qui devait être désormais ma seule préoccupation.
Chose étrange : à cet ennui qui me désolait se mêlait comme une sensation de liberté. Meaulnes parti, toute cette aventure terminée et manquée, il me semblait du moins que j’étais libéré de cet étrange souci, de cette occupation mystérieuse, qui ne me permettaient plus d’agir comme tout le monde. Meaulnes parti, je n’étais plus son compagnon d’aventures, le frère de ce chasseur de pistes ; je redevenais un gamin du bourg pareil aux autres.
Et cela était facile et je n’avais qu’à suivre pour cela mon inclination la plus naturelle.
Le cadet des Roy passa dans la rue boueuse, faisant tourner au bout d’une ficelle, puis lâchant en l’air trois marrons attachés qui retombèrent dans la cour. Mon désœuvrement était si grand que je pris plaisir à lui relancer deux ou trois fois ses marrons de l’autre côté du mur.
Soudain je le vis abandonner ce jeu puéril pour courir vers un tombereau qui venait par le chemin de la Vieille-Planche. Il eut vite fait de grimper par derrière sans même que la voiture s’arrêtât. Je reconnaissais le petit tombereau de Delouche et son cheval. Jasmin conduisait ; le gros Boujardon était debout. Ils revenaient du pré.
« Viens avec nous, François ! » cria Jasmin, qui devait savoir déjà que Meaulnes était parti.
Ma foi ! sans avertir personne, j’escaladai la voiture cahotante et me tins comme les autres, debout, appuyé contre un des montants du tombereau. Il nous conduisit chez la veuve Delouche…
Le temps s’élevait un peu. On eût dit que le soleil allait se montrer.
Une porte claquait dans la grande maison. Puis le silence retombait. De temps à autre mon père traversait la cour, pour remplir un seau de charbon dont il bourrait le poêle. J’apercevais les linges blancs pendus aux cordes et je n’avais aucune envie de rentrer dans le triste endroit transformé en séchoir pour m’y trouver en tête-à-tête avec l’examen de la fin de l’année, ce concours de l’École Normale qui devait être désormais ma seule préoccupation.
Chose étrange : à cet ennui qui me désolait se mêlait comme une sensation de liberté. Meaulnes parti, toute cette aventure terminée et manquée, il me semblait du moins que j’étais libéré de cet étrange souci, de cette occupation mystérieuse, qui ne me permettaient plus d’agir comme tout le monde. Meaulnes parti, je n’étais plus son compagnon d’aventures, le frère de ce chasseur de pistes ; je redevenais un gamin du bourg pareil aux autres.
Et cela était facile et je n’avais qu’à suivre pour cela mon inclination la plus naturelle.
Le cadet des Roy passa dans la rue boueuse, faisant tourner au bout d’une ficelle, puis lâchant en l’air trois marrons attachés qui retombèrent dans la cour. Mon désœuvrement était si grand que je pris plaisir à lui relancer deux ou trois fois ses marrons de l’autre côté du mur.
Soudain je le vis abandonner ce jeu puéril pour courir vers un tombereau qui venait par le chemin de la Vieille-Planche. Il eut vite fait de grimper par derrière sans même que la voiture s’arrêtât. Je reconnaissais le petit tombereau de Delouche et son cheval. Jasmin conduisait ; le gros Boujardon était debout. Ils revenaient du pré.
« Viens avec nous, François ! » cria Jasmin, qui devait savoir déjà que Meaulnes était parti.
Ma foi ! sans avertir personne, j’escaladai la voiture cahotante et me tins comme les autres, debout, appuyé contre un des montants du tombereau. Il nous conduisit chez la veuve Delouche…
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vendredi 15 novembre 2013
jeudi 14 novembre 2013
mercredi 13 novembre 2013
A ce degré de profondeur, la beauté est croyante. Elle agenouille (...)
Patagonie intérieure Lorette Nobécourt
J'avance entre les magasins avec un sentiment de tristesse irrémédiable. Le monde s'en va vers son apocalypse. L’étymologie du mot signifie "mise à nu". Je vois avec une clarté stupéfiante la catastrophe en cours. Est-ce donc cela qui est nécessaire pour que l'homme cherche enfin son ailleurs en lui ? Son absolu, son infini ? Faudra-t-il que la mondialisation s’étende jusqu’à nous plaquer littéralement aux parois du néant pour que nous nous résolvions enfin à nous retourner vers le dedans ? A pénétrer à l’intérieur de l'ailleurs pour sortir de cette aporie ? S'en retourner vers le chemin qui a du cœur et qui attend au-dedans de nous avec une patience mille fois millénaire ?
Faudra-t-il aller jusqu’à l’anéantissement du langage pour que le verbe advienne enfin ?
(...)
A ce degré de profondeur, la beauté est croyante. Elle agenouille, et la prière nous vient comme une langue nécessaire.
extraits sur France Culture à écouter ici
Libellés :
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lundi 11 novembre 2013
dimanche 10 novembre 2013
au pays d'Ignace de Loyola : "Que la terre me semble vile, quand je regarde le ciel"
on quitte Azpeitia à pied,
un paysage austère et imposant,
couvents, églises,
c'est encore loin ?
le temps de se poser la question et c'est là,
haut des marches, embrasser le paysage, parc et joggers,
rêve de départ
Un homme qui a été saisi comme il l'a été ne prend pas de précautions. Ignace est resté lui-même dans la sainteté, mais il n'a pas choisi de devenir un saint. I1 y a, dans le saint, un enfant qui persévère, un nomme qui reste fidèle à son enfance, et cette fidélité comme cette persévérance sont au-dessus de nos forces. Nous ne pouvons là-dessus nous raconter d'histoires. Nul ne peut se transformer, et d'abord parce qu'on ne se change pas sans s'être dépris de soi, ce que nul ne peut faire s'il n'y est pas incité par une promesse, même confusément entendue. Aussi bien l'histoire d'Ignace est-elle celle d'un investissement par Dieu. Le créateur des mondes s'est engouffré de toute éternité dans le sillage du boulet de Pampelune, donnant à cet homme rétif l'étonnant courage de l'assentiment. «Je te rends, Seigneur, ma liberté entière », a-t-il écrit. I1 s'y est efforcé à chaque instant, les grâces les plus puissantes, les plus décisives, ayant développé en lui le sentiment paradoxal d'être un obstacle à l'influence divine, si bien qu'il ne s'abusait pas—et de moins en moins—sur la portée réelle de sa conversion. « Pour moi, j'ai la conviction qu'avant comme après je ne suis qu'obstacle », écrivait-il à François de Borgia dans une lettre qui est l'une des plus belles de la littérature spirituelle. Mais il y avait découvert alors les raisons d'une joie incomparable.
(...) Et j'aimais aussi qu'elle laissât dans l'ombre, comme autant de peaux mortes, cette masse de souvenirs et de sentiments dont Ignace eût pu faire usage pour nous toucher, au point qu'il faut à présent consentir un grand effort d'imagination pour raconter sa vie faire usage pour nous toucher, au point qu'il faut à présent consentir un grand effort d'imagination pour raconter sa vie. Et certes il n'aura rien oublié, pas plus que nous autres, de ces émotions familières qui lui avaient permis d'apprivoiser un monde étranger. A la fin de sa vie, il tressaillira encore de plaisir au son d'une flûte de montagne. Mais, qu'il écrive ou qu'il dicte, Ignace est d'abord tendu vers une efficacité universelle. I1 ne veut rien céder à ces illusions de la mémoire et de l'amour de soi, qui, comme le pensaient les ascètes orientaux, enferment chaque homme dans sa nuit particulière et jettent un filet sur la créature pour l'empêcher de s'approcher de son Créateur et d'y goûter la joie parfaite. S'il se porte au-delà du chaos intérieur avec une sûreté tranchante dont les formules découragent par leur austérité, c'est pour ne perdre aucune chance d'amener chacun à la paix qui suit les combats. Peut-être au fond le secret d'Ignace réside-t-il en ceci que pour lui rien n'est perdu, et que rien ne se perd. I1 n'a pas vu nos vies comme l'ordure dont parlera Pascal, ni ce monde-ci comme une vallée de larmes où l'on attendrait l'autre en priant. L'Ancien Testament lui avait appris à voir l'invisible dans le sensible, et le Nouveau que le Royaume est déjà là. (..) Mais j'aimais surtout qu'il n'y eût guère de sacré chez Ignace. Les mitres et les chasubles ne m'ont jamais plu, et tout cet appareil processionnaire où l'orgueil des hommes se complaît, dans lequel ils me paraissent prostituer Dieu à leur désir de gloire, et par lequel ils maintiennent les peuples dans une crainte révérencielle qui justifie à mes yeux l'athéisme le plus incommode. Les églises elles-mêmes ne m'inspirent guère. (...) Je pressentais que ces créations, cette influence, ces actes trouvaient leur origine dans le silence d'un seul cœur abandonné, et ce silence surtout m'intéressait. Sans doute ai-je espéré, en m'approchant de ce domaine mystérieux, attirer sur mes proches et sur moi, au-delà du temps, l'amitié de l'objet de mon étude, et en recueillir des bienfaits insoupçonnés.
rêve de départ
Un homme qui a été saisi comme il l'a été ne prend pas de précautions. Ignace est resté lui-même dans la sainteté, mais il n'a pas choisi de devenir un saint. I1 y a, dans le saint, un enfant qui persévère, un nomme qui reste fidèle à son enfance, et cette fidélité comme cette persévérance sont au-dessus de nos forces. Nous ne pouvons là-dessus nous raconter d'histoires. Nul ne peut se transformer, et d'abord parce qu'on ne se change pas sans s'être dépris de soi, ce que nul ne peut faire s'il n'y est pas incité par une promesse, même confusément entendue. Aussi bien l'histoire d'Ignace est-elle celle d'un investissement par Dieu. Le créateur des mondes s'est engouffré de toute éternité dans le sillage du boulet de Pampelune, donnant à cet homme rétif l'étonnant courage de l'assentiment. «Je te rends, Seigneur, ma liberté entière », a-t-il écrit. I1 s'y est efforcé à chaque instant, les grâces les plus puissantes, les plus décisives, ayant développé en lui le sentiment paradoxal d'être un obstacle à l'influence divine, si bien qu'il ne s'abusait pas—et de moins en moins—sur la portée réelle de sa conversion. « Pour moi, j'ai la conviction qu'avant comme après je ne suis qu'obstacle », écrivait-il à François de Borgia dans une lettre qui est l'une des plus belles de la littérature spirituelle. Mais il y avait découvert alors les raisons d'une joie incomparable.
(...) Et j'aimais aussi qu'elle laissât dans l'ombre, comme autant de peaux mortes, cette masse de souvenirs et de sentiments dont Ignace eût pu faire usage pour nous toucher, au point qu'il faut à présent consentir un grand effort d'imagination pour raconter sa vie faire usage pour nous toucher, au point qu'il faut à présent consentir un grand effort d'imagination pour raconter sa vie. Et certes il n'aura rien oublié, pas plus que nous autres, de ces émotions familières qui lui avaient permis d'apprivoiser un monde étranger. A la fin de sa vie, il tressaillira encore de plaisir au son d'une flûte de montagne. Mais, qu'il écrive ou qu'il dicte, Ignace est d'abord tendu vers une efficacité universelle. I1 ne veut rien céder à ces illusions de la mémoire et de l'amour de soi, qui, comme le pensaient les ascètes orientaux, enferment chaque homme dans sa nuit particulière et jettent un filet sur la créature pour l'empêcher de s'approcher de son Créateur et d'y goûter la joie parfaite. S'il se porte au-delà du chaos intérieur avec une sûreté tranchante dont les formules découragent par leur austérité, c'est pour ne perdre aucune chance d'amener chacun à la paix qui suit les combats. Peut-être au fond le secret d'Ignace réside-t-il en ceci que pour lui rien n'est perdu, et que rien ne se perd. I1 n'a pas vu nos vies comme l'ordure dont parlera Pascal, ni ce monde-ci comme une vallée de larmes où l'on attendrait l'autre en priant. L'Ancien Testament lui avait appris à voir l'invisible dans le sensible, et le Nouveau que le Royaume est déjà là. (..) Mais j'aimais surtout qu'il n'y eût guère de sacré chez Ignace. Les mitres et les chasubles ne m'ont jamais plu, et tout cet appareil processionnaire où l'orgueil des hommes se complaît, dans lequel ils me paraissent prostituer Dieu à leur désir de gloire, et par lequel ils maintiennent les peuples dans une crainte révérencielle qui justifie à mes yeux l'athéisme le plus incommode. Les églises elles-mêmes ne m'inspirent guère. (...) Je pressentais que ces créations, cette influence, ces actes trouvaient leur origine dans le silence d'un seul cœur abandonné, et ce silence surtout m'intéressait. Sans doute ai-je espéré, en m'approchant de ce domaine mystérieux, attirer sur mes proches et sur moi, au-delà du temps, l'amitié de l'objet de mon étude, et en recueillir des bienfaits insoupçonnés.
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samedi 9 novembre 2013
il prenait le soleil,
on vient, le voilà qui bouge, se lève et vient saluer, tu me donnes quoi,
un porc
vendredi 8 novembre 2013
mercredi 6 novembre 2013
Heriotzaren begiak Xabier Lete (eskeintza/offrande)
(cliquer sur l'image pour entendre 4'12 et lire Xabier Lete sur des images du Pays Basque -sauf 4-)
une adaptation de La mort viendra et elle aura tes yeux
La mort viendra et elle aura tes yeux -
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu’au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
cette mort qui est notre compagne
du matin jusqu’au soir, sans sommeil,
sourde, comme un vieux remords
ou un vice absurde. Tes yeux
seront une vaine parole,
un cri réprimé, un silence.
Ainsi les vois-tu le matin
quand sur toi seule tu te penches
au miroir. O chère espérance,
ce jour-là nous saurons nous aussi
que tu es la vie et que tu es le néant.
La mort a pour tous un regard.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muet.
La mort viendra et elle aura tes yeux.
Ce sera comme cesser un vice,
comme voir resurgir
au miroir un visage défunt,
comme écouter des lèvres closes.
Nous descendrons dans le gouffre muet.
***
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
questa morte che ci accompagna
dal mattino alla sera, insonne,
sorda, come un vecchio rimorso
o un vizio assurdo. I tuoi occhi
saranno una vana parola,
un grido taciuto, un silenzio.
Cosi li vedi ogni mattina
quando su te sola ti pieghi
nello specchio. O cara speranza,
quel giorno sapremo anche noi
che sei la vita e sei il nulla.
questa morte che ci accompagna
dal mattino alla sera, insonne,
sorda, come un vecchio rimorso
o un vizio assurdo. I tuoi occhi
saranno una vana parola,
un grido taciuto, un silenzio.
Cosi li vedi ogni mattina
quando su te sola ti pieghi
nello specchio. O cara speranza,
quel giorno sapremo anche noi
che sei la vita e sei il nulla.
Per tutti la morte ha uno sguardo
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi.
Sarà come smettere un vizio,
come vedere nello specchio
riemergere un viso morto,
come ascoltare un labbro chiuso.
Scenderemo nel gorgo muti.
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi.
Sarà come smettere un vizio,
come vedere nello specchio
riemergere un viso morto,
come ascoltare un labbro chiuso.
Scenderemo nel gorgo muti.
mardi 5 novembre 2013
samedi 2 novembre 2013
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