Rechercher dans ce blog

samedi 8 mars 2025

vieillir (69)

Porto de Fisterra, 4 mars, 16h45

la criée en contrebas, ils sont quelques-uns à ne pas en perdre une miette, commentaires, le ton monte parfois, le galicien se fait rugueux, ils protestent, approuvent aussi, un spectacle, ils n’en sont plus

porto de Fisterra, Galice

vendredi 7 mars 2025

famille (19)

 elle est radieuse, seulement l’effet vacances ? Non, là,  je suis pas dispo, Joseph arrive ce week-end, c’était pas prévu, en écho remarque d’une cadette Quand il [l’aîné] rentre de Bordeaux, on dirait que maman est amoureuse, elle s’habille mieux, se met à réfléchir à ses petits plats préférés, elle est pas comme ça d’habitude 

jeudi 6 mars 2025

de la vie dans les plis


Finisterre, Mar de Fora, 15h30



mercredi 5 mars 2025

avant de s’évanouir en cendres,


 les arbres le disent aussi, 

paix

mardi 4 mars 2025

lundi 3 mars 2025

petites choses (100) qui attirent l’attention


offerte, 

des ombres veillent, 

une flaque à débordement

dimanche 2 mars 2025

Lu et vu (137)

 Vu 

Exposition 

Bosque de memoria au Musée San Telmo


Tout régime totalitaire est construit et soutenu en mettant en pratique des technologies de domination et de contrôle social qui opèrent dans de multiples strates. Ses conséquences et sa portée survivent au-delà du temps même d'exercice de ce pouvoir et façonnent notre présent. C'est-à-dire que ses traits, ses empreintes matérielles et immatérielles continuent d'agir au cours des générations qui se succèdent. Comment une société se transforme-t-elle sous un régime totalitaire ? Quelles sont les empreintes qu'il imprime sur chaque société ? Comment les assumons-nous ? Combien d'histoires sont couvertes et découvertes avec lui ? Quelles histoires nous laisse-t-il ? Quelles histoires discutons-nous ?

Ces questions constituent la base de cette exposition, où un ensemble de propositions artistiques aborde, de manières très diverses et dans un sens large, les modes de fonctionnement des régimes totalitaires et leurs formes de survie.

(…) Si l’axe central de l’exposition repose sur les formes de contrôle du pouvoir totalitaire, en revanche, en contrepoint, d’autres pièces sont ajoutées qui montrent des luttes différentes ou se positionnent comme des formes de résistance. Toutes remettent en cause les politiques d’oubli et de silence.

(…)



L’herbier résistant de Rosa Luxembourg vu et repris par Paula Valero




L'Herbier Résistant Rosa Luxemburg est un projet artistique de Paula Valero qui se veut une continuation de l'herbier que Rosa Luxemburg a créé tout au long de sa vie, principalement en prison lors de son opposition à la Seconde Guerre mondiale. Le projet « Herbier Résistant » consiste à élaborer une généalogie qui établit des correspondances entre la contribution fondamentale des femmes en matière de protection de toutes les manifestations du vivant et la capacité de résilience des plantes urbaines.

Il s'agit d'un projet multiforme que Paula Valero mène depuis 2020 dans différents pays, où elle crée en partie des herbiers locaux avec des collaborations spécialisées pour les placer dans la connaissance du lieu : à partir d'une étude des plantes et des historiographies des femmes, en collaboration avec des spécialistes locaux, des botanistes, des artistes, des théoriciens féministes, entre autres.

L'herbier des femmes antifascistes du Levant a pour protagonistes les vingt femmes fusillées dans les fosses communes de Paterna à Valence, l'une des plus grandes fosses communes de l'État espagnol. 

Dans cet herbier, ces femmes sont liées aux plantes qui émergent de ces fosses.


Révéler le mystère, travaux de María Paz Jiménez, une exposition au Kubo de San Sebastián 




vendredi 28 février 2025

chorégraphie


 des arbres éperdus, il a soufflé si fort

Petites choses (99) qui touchent


solitudes en faction, figées derrière les barreaux de la porte d’entrée, ne rien perdre du va-et-vient de la rue, une photo ? bien sûr, pas de problème, 


quitter sa chaise, s’effacer pour lui laisser la vedette « Elle, c’est une sorcière, elle sort, circule et fait ce qu’elle veut, l’autre, oui, celui que vous ne voyez pas, est bon avec moi, il est caché tout en haut de l’escalier » dans les entrailles de la maison, la masse sombre d’une épaisse fourrure, l’éclat d’un regard « deux morceaux de soleil », se rappeler Maurice Carême, récitations de l’enfance d’alors, années 60

mercredi 26 février 2025

Petites choses (98) qui serrent un peu le coeur

 


l’entendre bêler à fendre l’âme de loin, inlassable, inconsolable, une chèvre, blanche comme celle de M. Seguin, une lourde chaîne, le pis gonflé de lait, on lui a pris son petit

mardi 25 février 2025

en passant le pont

 

quatre heures, de Saint-Jean-de-Luz à Ciboure, derrière soi, 


et au retour. vers 18 heures, de lourds nuages gros de pluie

lundi 24 février 2025

à la ferme (12)

 


le pré elles l’ont bien pelé, demain on les mettra ailleurs, il a fallu fermer la barrière, des mangeoires pleines d’un bon foin sec et odorant attendent, elles en ont profité pour cavaler devant, la bergère presse le pas

dimanche 23 février 2025

Lu et vu (136)

 Lu

La nuit des femmes qui chantent de Lídia Jorge

Le manuel des inquisiteurs de António Lobo-Antunes

Vu

Cinéma

When The Light Breaks de Rúnar Rúnarsson

Spectacle 

La Ferme des Animaux par la Cie La Fleur du Boucan, théâtre, théâtre d’objets, mis en scène par Manuel Diaz, direction artistique Nicolas Luboz, écriture collective Sara Charrier, Nicolas Luboz, Manuel Diaz

vendredi 21 février 2025

et au bout du chemin (13)

 

pas de Prairie du Petit Pont, la barrière est fermée, le petit troupeau file bon train, une voiture a su les dépasser, elles se sont sagement rangées sur le côté, sûrement quelqu’un du coin, d’autres au contraire piétinent et il faut courir et faire mine de les ranger ou pire encore s’impatientent klaxonnent et les font galoper au-devant, des coups à perdre le lit, pas grand monde heureusement, bien  embêtant quand même, bientôt le petit chemin à droite puis à gauche la Grande Prairie, elles savent, la barrière est ouverte

mercredi 19 février 2025

Petites choses (97) qui rendent nostalgique

 

dans le sous-bois, comme échappées du temps jadis, la frimousse de petites jonquilles, se revoir à la saison le cœur battant, s’écarter de la route, si le voisin nous surprenait, de ce côté de l’eau c’était à lui, se pencher tout de même, et vite vite les cueillir, de la sève sur les mains, c’était gluant, les essuyer sur le tablier, reprendre le chemin, encore un bout après le Petit Pont, Mademoiselle se tiendrait au portail, lui tendre le bouquet, son sourire, elle choisirait un vase, les arrangerait joliment, du soleil dans la grande salle de la classe unique, aujourd’hui les laisser là, fleurs sur un souvenir. 

mardi 18 février 2025

Vieillir (68)

Quatre-vingts ans, ne pas vivre seul plus longtemps, en avant pour le site de rencontre Tinder, enfin une qui semble cocher toutes les cases, la voir, élégante, cultivée, du goût pour les sorties culturelles, les voyages, le restaurant… très bien oui mais non, recalée, Pas question de s’embarquer avec une vieille femme, elle a trois ans de plus que lui. 

lundi 17 février 2025

Petites choses (96) qui amusent

Elles s’apprêtent à sortir, toutes deux d’alertes septuagénaires, l’une T’as pensé au portable ? l’autre, fébrile, retournant aussitôt ses poches puis le brandissant soulagée Maintenant, je fais comme les jeunes, je le mets dans la poche arrière du jean, sauf que je m’y fais pas l’air piteux  j’oublie La première,  goguenarde T’apprendras, t’as le temps ! elles rient

dimanche 16 février 2025

Lu et vu (135)

 Lu

Longue sécheresse de Cynan Jones

D’ici là de John Berger 

Trois Récits L’Apprentissage Le Bain Le Voyage à La Haye de Jean-Luc Lagarce 

L’apprentissage (p 26)

L’Apprentissage « Je m'accommode, je fais le bravache, je triche. Je suis vivant puisque à nouveau je fais semblant. » (p 26)


Traversée de Marie-Hélène Lafon 


p 35 (dernière page)

« La géographie est au sens premier du terme une écriture de la terre, on ne saurait mieux dire, ça m'écrase d'évidence ; l'immuable géographie de mes livres dessine un pays archaïque, un pays haut, pelu, bourru, violemment doux, ardemment rogue, perdu et retrouvé toujours, quitté et lancinant. Des hommes et des femmes, et quelques enfants, y vivent, y travaillent, ils habitent dans des maisons qui font corps autour d'eux, les bêtes sont nombreuses et vivaces, les apprivoisées et les autres ; on s'enfoncerait là, dans la chair des choses et des cantons minuscules. Si j'osais, si j'osais vraiment, si j'avais moins de peur et davantage de force, on ne passerait pas par les histoires, le roman la nouvelle, on n'aurait pas besoin de ces détours et méandres charnus, on ne raconterait rien et le blanc monterait sur la page jusqu'à la noyer de silence. On ferait ça, on serait à l'os de l'étymologie, dans le poème des choses nues et révélées, le vent, les arbres, le ciel, les nuages, la rivière, les odeurs, le feu, la nuit, les saisons. Il s'agirait de restituer un monde, de le donner à voir, mais aussi à entendre, écouter, deviner, humer, flairer, sentir, goûter, toucher, embrasser, à pleins bras, de toute sa peau, page à page, pas à pas, comme on marche, et ma place serait là, enfoncée dans les pays et dans la rumination lente du verbe.» (p 35, dernière page)


Vu


Spectacle 


Les Fausses Confidences mise en scène d’Alain Françon 


Silence, on double spectacle d’improvisation avec Benjamin Ardolade - adaptation, mise en scène, jeu,  Pierre Poitier, Léo Lebahurlet et Johanne Teste


vendredi 14 février 2025

Famille (18) du côté des mères

sûr, elle ferait tout pour vous attirer chez elle, une mise en garde, la leçon était répétée, on savait, dès qu’elle voulait des nouvelles c’était comme ça, alors un biscuit, un bonbon, un peu de chaud par temps d’hiver, refuser, ne pas rentrer, ne pas dire, ne pas répondre, parce que tirer les vers du nez et se répandre, sa spécialité à la voisine, oui, on savait, elle insistait encore au-dehors, ils n’ont pas besoin de savoir, sentiment de terrain miné,  son haussement d’épaules, un rire convulsif, elle concluait Chez nous, c’est pire que le KGB le rire s’effritait, c’était là, une douleur tue, une douleur enfouie

jeudi 13 février 2025

Tu sais ????


photo Simone C. 

pas moins de quatre points d’interrogation pour accompagner la photo ci-dessus, une maison coiffée croirait-on  des clochers de l’église Saint-Jacques. Plongé à plusieurs reprises vers le Hédas en prenant à gauche dans la rue Serviez mais rien remarqué. Elle si, l’œil toujours affuté. La deviner amusée par cette facétie de la perspective, arrêtée, le portable et vite partager. Elle,  Mademoiselle, l’institutrice, la toujours frêle et vivace Mademoiselle. Née en 40. Toute une vie, celle qui montre.. 

mardi 11 février 2025

Pau, un soudain avant-goût de printemps

 


son château dans l’azur du jour


le  bien nommé boulevard des Pyrénées, à l’horizon cimes encore enneigées,


 
square Aragon, le premier magnolia en fleur 


les autres suivront, entrée du parc du château, devant la Médiathèque, parc Beaumont…


guetter

dimanche 9 février 2025

Lu et vu (127)

 Vu

Exposición Espacio y tiempo.La escultura en la Colección ABANCA. en ACoruña. Galice


https://www.afundacion.org/es/agenda/evento/tiempo-y-espacio.-la-escultura-en-la-coleccin-abanca

Lu et vu (135)

 Lu

Sofia Pétrovna de Lydia Tchoukovskaïa

Déplace le ciel de Leslie Kaplan (théâtre)

Guerre et pluie de Velibor Čolić

Beloved de Toni Morrison

Vu

Cinéma

Le roman de Jim des frères Larrieu 

La Noire de… de Ousmane Sembène

Soundtrack to a Coup d’Etat de Johan Grimonprez

Spectacle 

Close up de Noé Soulier

vendredi 7 février 2025

petites choses (95) qui attristent

gare d’Hendaye, salle d’attente, assis sur un des bancs, gros sac et grosse valise à ses pieds, visage exténué, il fait mine de se lever, une grande bringue efflanquée fonce sur lui Ça fait déjà deux fois que je vous le dis, on laisse pas ses affaires sans surveillance, on a des consignes, c’est la loi, les WC ? je veux rien savoir, vous les prenez avec vous, puis à la cantonade ça parle pas français, ça parle pas espagnol, ça parle rien le mot rien résonne comme un crachatl’homme se lève avec peine, traîne ses bagages, elle s’éloigne à grands pas, disparaît

mercredi 5 février 2025

mardi 4 février 2025

petites choses qui (94) rendent joyeux

la Poste, une employée met soigneusement de côté et de façon bien visible au-dessus d’un guichet une canne oubliée La deuxième dans la semaine, on arrive avec et on l’abandonne en partant, pas qu’à Lourdes les miracles, ici aussi  des rires, un autre levant le nez de son travail et comme s’il saluait le prêtre en soutane qui vient de sortir, avec toute la componction requise Merci mon père, nouvelle salve de rires

lundi 3 février 2025

de la signalétique

 

Biarritz, photo B. L. 

pour l’urbaniste ou aménageur d’espaces publics, un énigmatique « fin de zone de rencontre » se distinguer de « centre piéton », trop commun, traduire en basque on a oublié, le basque on a oublié, l’élégante cité balnéaire joue pourtant à fond la carte de l’identité, et qu’entendre de l’ensemble de pictogrammes sur le même panneau, interdit jusqu’à cette limite de marcher, de faire du vélo, d’aller à plus de 20 kms heures, de prendre sa voiture, drôle d’endroit pour une rencontre, 

dans le dos, une volée de marches et en contrebas, l’Océan, il en a vu d’autres

vu plus tard, à Saint-Palais, Donapale, gros bourg de l’intérieur, en version bilingue 



dimanche 2 février 2025

Lu et vu (134)

Lu

La Marche de l’océan de Yannis Ritsos

Mère absolument de Ketty Rouf

Monstres de Frédéric Richard

 Vu

dans le cadre du Fipadoc à Biarritz 

Joan Mallwitz-Momentum de Günter Atteln

Une famille de Christine Angot

Erik Satie, entre les notes de Gregory Monro

L’homme aux mille visages de Sonia Kronlund

Je ne haïrai point - un médecin de Gaza sur les chemins de la paix de Tal Barda

Orlando - une vie de compositeur à la Renaissance de Joachim Thôme

Un pays de papier de Marion Boé

Bonnes terres de Vladimir Perović

Qui a peur de Nathan Law ? de Joe Piscatella

Soudan, souviens-toi de Hind Meddeb

Exposition 

Fragments de réalité de Guillaume Fauveau au DIDAM de Bayonne 


vendredi 31 janvier 2025

à la ferme (11)

 

Amikuze, 30 août 2015, 15 h 45

chaleur d’un jour d’été, vous êtes attendue, personne sur le seuil, coincé dans la porte d’entrée, sur un bon gros bout de carton récupéré, bien visible, un mot au feutre 


Élize, Mets-toi au frais. On est partis tirer un veau à Borde-Sallabure. À tout à l’heure.

Une urgence donc. 

vêleuse pour mise bas difficile 

L’Ukrainienne de Josef Winkler

« Nietotchka Vassilievna Iliachenko, ainsi que je la nommerai néanmoins, plongea une main dans le vagin d'une vache pleine pour attraper le veau par un pied. Elle avait le bras enfoncé jusqu'au coude dans le vagin de l'animal. Elle l'en retira et nous fit comprendre qu'elle ne trouvait pas le pied. La poche des eaux se rompit et gicla, nous éclaboussant, moi et son benjamin qui étions accroupis devant la vache, sur le pantalon, les mains et le visage. Je fis la grimace, comme à chaque fois que quelqu'un claque l'un contre l'autre les revers de ses mains mouillées et m'éclabousse le visage des gouttes restées sur ses doigts. De nouveau elle plongea la main dans le vagin, et à l'expression de son visage je compris qu'elle venait d'attraper un pied. Elle arriva enfin à le sortir, y noua la corde à veau qui était attachée à un petit bâton. Nietotchka Vassilievna enfonça de nouveau la main dans le vagin de la vache pour fixer la deuxième corde à la deuxième patte du veau. Une échelle était posée au sol de manière à buter contre le rebord de la rigole où s'écoulait l'urine des animaux. Le benjamin de Nietotchka Vassilievna et moi, un genou au sol, l'autre jambe tendue contre un barreau de l'échelle, nous tirions, lentement et en rythme, l'un puis l'autre, sur les deux cordes, tandis que Nietotchka Vassilievna, elle, écartait de ses mains le vagin de la vache pour que le crâne du veau puisse glisser au-dehors. 



Nous apercevions déjà la langue bleue qui pendait hors de la gueule du veau, le mufle rose bleuté, et quand apparut la tête, nous tirâmes de toutes nos forces sur les cordes attachées aux pattes avant de cette apparition. Le veau avait encore le cou retenu par le col du vagin lorsqu'il ouvrit les yeux et regarda les visages de tous les accoucheurs. Le corps du nouveau-né vint à la suite en se tordant comme un serpent, puis il fut couché dans la paille, maculé de sang et de mucus. J'étais présent lorsqu'à cinq heures du matin, les yeux que venait d'ouvrir pour la première fois ce veau nouveau-né se révulsèrent, que sa tête s'affaissa et que Nietotchka Vassilievna s'écria Mon Dieu, le veau! Je frottai le corps trempé de mucus de l'animal, lui massai le cœur, bougeai ses pattes. Il me semblait sentir au-dessus de ma tête le courant d'air provoqué par des hirondelles noires qui volaient vers la fenêtre. Dépassant par la fenêtre de l'étable éclaboussée de bouse, les fleurs ouvertes des deux abricotiers assistaient à la naissance. Je vis Nietotchka Vassilievna plonger la main dans la gueule du nouveau-né, en extirper la langue bleue et la débarrasser du mucus pour qu'il ne s'étouffe pas. Je sortis de l'étable et courus à travers la cour pour aller chercher au garde-manger de l'eau-de-vie, l'alcool de tête, pour la faire couler sur le nombril du nouveau-né afin, selon les mots de Nietotchka Vassilievna, de le désinfecter.
Elle étendit l'animal sur le dos. Je regardai le cordon ombilical rompu, encore sanglant, et renversai le verre d'eau-de-vie.

Encore un peu, dit Nietotchka Vassilievna, vas-y, verse encore, voilà, ça suffit. Il se passa bien un quart d'heure avant que nous puissions commencer à nous dire que l'animal survivrait. Nous lui bougions les pattes, Nietotchka Vassilievna lui secouait la tête et suppliait Dieu de garder l'animal en vie. La vache était étendue au sol, les yeux écarquillés, la tête tournée vers le nouveau-né.



Une vieille fermière du village passée là par hasard assistait au vêlage. Les veaux qui viennent au monde tout seuls sur les alpages, dit-elle, sont farouches et parfois aussi sauvages que des chevreuils. Nietotchka Vassilievna traîna le nouveau-né vers la vache. La vache doit se remettre sur pattes tout de suite après la naissance, dit-elle, elle ne doit pas rester couchée. Elle ouvrit la claire-voie de la mangeoire et y versa le broyé de fourrage. La vache se releva et alla lécher les céréales concassées avant de se tourner enfin vers le nouveau-né qu'elle commença à lécher. Au début, l'autre vache debout à côté donna quelques coups de sabot envieux en direction du veau, après quoi les deux vaches furent à lécher le nouveau-né. Nous déposâmes le veau sur un sac de jute et le portâmes jusqu'à sa litière. 

souvent vigoureusement frictionné au gros sel, la mère lèche, un lien créé 


Le benjamin de Nietotchka Vassilievna tenait une pointe du sac, moi l'autre, et nous posâmes le nouveau-né sur la paille. Nietotchka Vassilievna s'approcha et enfouit les doigts dans les boucles de sa tête encore humide des entrailles de sa mère. J'avais oublié de me laver les mains et m'assis à ma table d'écriture avec sur mes doigts le mucus desséché du nouveau-né. » (p 37-39)