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lundi 4 juillet 2016

Je sais maintenant que je ne possède rien...

 
JE SAIS... Philippe Jaccottet
(L'Effraie et autres Poésies, éd. Gallimard, 1953)

Je sais maintenant que je ne possède rien,
pas même ce bel or qui est feuilles pourries,
encore moins ces jours volant d'hier à demain
à grands coups d'ailes vers une heureuse patrie.

Elle fut avec eux, l'émigrante fanée,
la beauté faible, avec ses secrets décevants,
vêtue de brume. On l'aura sans doute emmenée
ailleurs, par ces forêts pluvieuses. Comme avant,

je me retrouve au seuil d'un hiver irréel
où chante le bouvreuil obstiné, seul appel
qui ne cesse pas, comme le lierre. Mais qui peut dire

quel est son sens ? Je vois ma santé se réduire,
pareille à ce feu bref au-devant du brouillard
qu'un vent glacial avive, efface... Il se fait tard.

vendredi 1 juillet 2016

"Lorsqu'on épuise ses forces dans la vision du malheur, comment affronter le malheur même ?"


Le mauvais démiurge par E. M. Cioran


p 134-135 (extraits)

*  

   La psychanalyse sera un jour complètement discréditée, nul doute là-dessus. Il n'empêche qu'elle aura détruit nos derniers restes de naïveté. Après elle, on ne pourra plus jamais être innocent

*

   L'irrésolution atteignait chez lui au rang de mission. N’importe qui lui faisait perdre tous ses moyens. Il était incapable de prendre une décision devant un visage.

*

   Il est, tout compte fait, plus agréable d'être surpris par les événements, que de les avoir prévus. Lorsqu'on épuise ses forces dans la vision du malheur, comment affronter le malheur même ? Cassandre se tourmente doublement : avant et pendant le désastre, alors qu'à l'optimiste sont épargnés les affres de la prescience