Paris, coloc'

tu comprends, c'était plus possible, 31 m², j'ai pas la télé, alors elle la regardait sur skype tout en discutant avec sa mère jusqu'à plus d'heure, j'ai dû  frapper à la porte de sa chambre plein de fois pour lui demander de parler plus bas, oui, une fille d'à peu près mon âge, 30 ans

photo ratée (5) saisie

ce n'était que ça, 

et tous les nuages sombraient,
juste lâcher prise

béante sur l'été,

ils n'en sont pas revenus,

c'était une issue

 

quarante ans plus tôt,

une salle de classe, la voix monocorde du prof, gratter, oui, il faudrait, sentiment d'être encagée, prendre alors son stylo rouge et sur le mur blanc immaculé, il vient d'être recrépi, écrire, s'y reprendre, le stylo adhère mal, cri du cœur et protestation "que la Vie est quotidienne ! " mais se réjouir précisément de ça aujourd'hui, de cette liberté pour l'esprit tandis que l'intendance va son chemin

Complainte sur certains ennuis Jules Lafforgue

Un couchant des Cosmogonies !
Ah ! que la Vie est quotidienne...
Et, du plus vrai qu'on se souvienne,
Comme on fut piètre et sans génie...

On voudrait s'avouer des choses,
Dont on s'étonnerait en route,
Qui feraient une fois pour toutes !
Qu'on s'entendrait à travers poses.

On voudrait saigner le Silence,
Secouer l'exil des causeries ;
Et non ! ces dames sont aigries
Par des questions de préséance.

Elles boudent là, l'air capable.
Et, sous le ciel, plus d'un s'explique,
Par quel gâchis suresthétique
Ces êtres-là sont adorables.

Justement, une nous appelle,
Pour l'aider à chercher sa bague,
Perdue (où dans ce terrain vague ?)
Un souvenir d'AMOUR, dit-elle !

Ces êtres-là sont adorables !

à la sécu

attendre, bribes de conversation
- ... chimio, taxi, prise en charge... 
- ... et l'acupuncteur, c'est sur sa route, on fait comment ? 
- ... et le remboursement des lunettes ? 
- Je vais vous dire ça, donnez-moi il se tourne vers l'écran et pianote son nom... sa date de naissance... vous avez sa date de naissance ? 
- 1940 ensuite je sais pas, c'est que des dates de naissance, elle en a deux, une  le 20 et l'autre le 23 février, vous comprenez, c'était la guerre et selon la date où on la déclarait son père y allait ou pas

Cinéma

Collège. L'enfant vient d'arriver d'un pays lointain aux confins de la Russie. Un "primo-arrivant". Le CDI (Centre de Documentation et d'information), oui, bien sûr mais pourquoi pas aussi, la Médiathèque de la ville ? Rendez-vous est pris. Une première. Le père accompagne. Et chacun de s'ingénier à rendre ce contact chaleureux "Vous trouverez des films en votre langue au rayon DVD" Sourire du père, voix rocailleuse, il se redresse "Non, nous ce qu'on veut, c'est des films français, des films avec Jean Gabin"

Parole de violoniste

Elle est belle, intelligente. Ses longues mains virevoltent et dessinent de folles arabesques. Violoniste. "Je n'aurai jamais les moyens de posséder un Stradivirius mais il m'est arrivé d'en jouer. Vous accédez à des sonorités que vous ne soupçonniez pas et quand vous reprenez votre instrument, votre jeu s'est enrichi de ces sonorités-là. Ainsi du choc de rencontres." Qu'importe si surgit aussi une qualité particulière de manque.