une impatience
et Izar /Etoile, la chèvre,
Avec deux traites par jour, elle arrive à trois litres. Fierté dans la voix de sa maîtresse, c’est sa petite protégée. Elle, elle va vieillir avec moi. Du bras, dans un geste tendre, elle entoure son long cou et la tient contre elle Pas question de la vendre ou de la manger.
elle gagne l’échancrure de port de Zumaia et s’en vient tout envahir
Lu
La langue des papillons et autres nouvelles de Manuel Rivas
À quoi songent ceux que le sommeil fuit ? de Gaëlle Josse
« Parfois l'écriture l'emmène au bord du vide et la retient là, sur cette frontière, puis au dernier moment elle la sauve de l'effroi, de la tiédeur, du demi-jour et des colères tristes. Elle poursuit son travail obscur de sourcière.
Elle écrit ce qui se tisse sous sa main, ce qui demande à venir. Elle écrit un morceau de nuit traversé d'un vol d'oiseau, d'un trait de lumière. Elle ne sait pas où ça l'emporte. Peut-être écrit-elle ce lieu, aussi, celui qu'elle habite en rêve, là où les champs de blé viennent caresser la mer.
Elle écrit. J'écris. »
Vu
La mémoire éternelle de Maité Alberdi
Zarautz en Gipuzkoa. Elle est assise sur un banc, toute de noir vêtu, une sorte de grande aube, le voile. Petite cinquantaine. Une conversation en arabe au téléphone. S’asseoir à l’autre bout. Quelques instants plus tard, voix joyeuse d’homme, lever la tête To aspaldikoa littéralement Tiens celle d’il y a longtemps, Tiens la revenante ! elle se lève, ils s’étreignent. Une conversation animée reprend, en basque cette fois.
à Betanzos. dans la petite pensión de Bego, au moment de déposer son petit linge du jour sur le séchoir commun, aviser deux grandes culottes blanches à petites fleurs en coton à côtes et un vaste TShirt vert barré d’un mot, déchiffrer Ireland machinalement et dans la cuisine découvrir Mary attablée, petit casse-croûte au fromage en main, bonhomie du sourire, oui, je marche vers Compostelle, à soixante-et-onze ans ma première fois, je prends mon temps, c’est joli ici, je vais me reposer deux jours et visiter, ses souvenirs de français, mon anglais bégayant, nous poursuivons cahin-caha Oui, elle aussi lit Claire Keegan et non, elle non plus n’est pas allée voir l’adaptation cinéma de Les trois lumières, comme moi, elle a été très touchée par Ce genre de petites choses, À travers les sentiers bleus, le recueil de nouvelles elle ne voit pas, si inattendu de communier là autour de cet auteur, la reverrais avec plaisir mais non le lendemain dormir un peu plus loin, un signe de la main, lancer le rituel Buen Camino et se retirer
A peine a-t-on le temps de vivre
qu’on se retrouve cendre et givre
AdieuL’observer, la brise soulève sa crinière, ses oreilles frémissent, juste une sieste dans le soleil levant
Lu
La vie de ma mère de Magyd Cherfi
Bilbao-New York-Bilbao de Kirmen Uribe
Extrait : J’ai récupéré mes affaires et j'ai regardé derrière moi. Les gens, dans la file d'attente du contrôle de sécurité. Je n'ai vu personne de ma connaissance. Le geste de Maritxu m'est revenu à l'esprit. Le geste que son père lui avait adressé pour la dernière fois. C'était un geste à eux seuls, leur secret. Le dernier.
Et, à mon tour, j'ai voulu faire ce geste à quelqu'un de loin ; poser une main sur l'autre, la caresser et dire, en silence, « maite-maite », je t'aime, je t'aime.
et la voir ressortir et s’engager vers la maison neuve derrière, son mari à quelques pas Les petits-enfants répareront s’ils veulent à moins qu’on touche le gros lot
Bruma, disent ceux du coin. Une route, trois maisons, et rien, le désert. Pourtant, là, au milieu de ce nulle part un restaurant, il ne désemplit pas. Du monde jusqu’en terrasse et course souriante des serveurs. D’où viennent-ils donc tous ?
Un mural, la vie d’antan, rêvée, naïve
Il fait bon. Des tablées aux cartes tout l’après-midi, tuer le temps mais ensemble.
au centre culturel Okendo, Zentro Kultural Etxea
entendre et reconnaître avant même de voir, un faucheur,
Oroso, lundi 22 avril, 12h40 |
un peu plus loin, dans la trouée de lumière d’une toute petite clairière, un autre,
le temps d’approcher, il a pris son râteau,
le temps presse, quelques instants appuyé sur le manche de son outil Je suis à la retraite, ça m’occupe. Le malheur c’est que les jeunes ne veulent plus de cette vie, ils s’en vont, on reste seuls un sourire et il s’en retourne travailler .