cinq heures, au revoir maîtresse, tu
refermais le portail, il grinçait, sur ta gauche la
chapelle, face à toi la maison d’Huguette, parfois son visage derrière les
rideaux tirés, elle te guettait, sortait, tu essayais de l'éviter, elle te proposait un café au lait ou des
bonbons, tirer les vers du nez sa spécialité on disait, couper court, dire
non merci, bien poliment comme on t’avait appris, marcher sur la petite route,
serait-elle là, non, pas à la rivière, jupes relevées, avec maîtresse tu oubliais, un coup d’œil de l’autre côté à la grande maison à volets
verts, des durs au travail, jardin, fruitiers, marchés à Bayonne, les départs du samedi alors que le jour pointe à peine, et puis des vieux, grands-parents, oncles célibataires et avec ces vieux des retraites, de l'argent qui rentre facilement, ils étaient à l’aise on
disait, et tous on les enviait, Huguette et eux comme chien et chat, pourquoi au juste on savait pas, des histoires
de conseil municipal, des rivalités, des jalousies du temps d'avant avant, au quartier on en
riait, et puis plus de maisons pendant un moment, une plaine, ces
prairies, tout du plat, de l’or on disait, où serait-elle ? non, pas au grenier, le cou marbré de rouge, l'inquiétude revenait, ton pas se faisait lourd, sur la butte une maison vide, elle
montre on disait, mais quand même ils pourraient réparer le toiture on ajoutait, tu
avançais, ta maison aurait les volets clos, ça tu savais, c’était comme ça, un de la lumière
vers l’ombre tu te disais, la route se rapprochait de la forêt, de la rivière,
jeu des saisons, tu ne savais pas que tu voyais, ton goût des arbres, des ruminations et des longues
marches, c’était né alors et là, un regard vers le château, messes basses, pour du malheur elle en avait eu la Bésarine, les oreilles n’ont pas de
paupières, tu as lu ça des années-lumière plus tard, un malheur honteux, son homme un jour elle l’avait
trouvé pendu, ses fils près d’elle, puis la maison de Silveri, souvent
dehors Silveri, le corps presque plié à angle droit, un mot gentil que tu comprenais à
demi, sa femme dans les parages à le rudoyer, lui « elle irait chercher la lune pour ses enfants »,
il buvait, oubliait douleur, misères, tu passais vite, le petit pont, comme un goulot dans la forêt, là, au printemps les
jonquilles poisseuses de sève pour maîtresse, comme un jardin secret
dans le sous-bois, marcher encore, à nouveau la plaine, des champs, des
prairies, une maison, Thérèse, la grand-mère souvent plantée sur ton passage, les jeunes toujours au travail, la solitude des vieux « agur
matela gorria bonjour joues rouges », les jeunes au travail, elle était
seule, des cerisiers, le grand virage, tu y étais presque, descendre le petit
chemin, la maison en contrebas, encore des cerisiers, la haie tout du long, des
nids, un oiseau s’envolait, tu poussais la porte, ton cœur bondissait, l’odeur du chocolat mijoté sur le fourneau, un bon jour, dans un instant fendre sa
peau épaisse et craquelée « tela », elle était là
magnifique
RépondreSupprimermerci !
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