pour la vieille chapelle abandonnée, pour l'envol des clochettes, pour la brise légère qui s’engouffre et sèche vos vêtements, pour une griserie qui vous saisit,
si ce n'était parfois le cœur glacé des hommes
pour la grand-mère qui s'affole, le temps de se retourner et le petit a filé droit dans les vagues, pour la femme aux cheveux gris, des boucles légères plaquées sur ses tempes, tôt encore, ventre lourd en avant, le nombril pointe, précautionneuse, elle marche, pour le gros homme appuyé sur une béquille, les vagues caressent ses chevilles, progression improbable au bord de la rupture mais il est là, vaillant, avance, aller retour,
si ce n'était parfois le cœur glacé des hommes
pour l'homme qui passe à votre hauteur, ce qu'il est velu, son regard vous effleure, il se détourne, robe à pois, chapeau orange, jeune côté pile, votre âge côté face, pourquoi s'attarderait-il, pour tous ces corps offerts, vigoureux, élancés, ou vieillissants, la plage arpentée dans un sens dans l'autre, une hâte, une lutte, une nonchalance, qu'importe, vivants, tous
si ce n'était parfois le cœur glacé des hommes
Un très beau texte. vraiment.
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