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mardi 20 novembre 2018

Maryline

10 heures, le couloir, elle est là, le chariot, le balai, la serpillère, toute petite, menue, cheveux blancs courts ébourriffés, visage parcheminé, quelques mots à la volée, entre deux portes, la retraite, tout ça, Je suis née en 65, les enfants sont casés mais on sait pas demain, on voudrait pas qu'ils nous doivent quelque chose, alors le travail tant qu'on peut, à 11 heures je finis le secteur elle montre du bras libre le long couloir, et cantine, la plonge, oui, c'est dur aussi, les mouvements, se retourner, mais moi j'aime bien, au moins on voit les enfants, c'est le seul moment, son visage s'éclaire, ses yeux s'embuent, un feu soudain aux pommettes leur dire bonjour, un sourire, se regarder, c'est pas grand chose, au début ils passaient la tête baissée, maintenant, je le sens, ils guettent ce moment, y en a même un, je parle patois, elle baisse les yeux, presqu'un aveu, eh ! bien on se parle en patois, comment qu'il a su, je sais pas, va pla ? il m'a dit un jour, alors je lui réponds, pas quand il est avec les copains, ça lui ferait honte et je veux pas le gêner, pour la chaîne ça va pareil, on fait pas moins vite

dimanche 4 novembre 2018

conversation (5) auprès des tombes, village natal

vous arrangez trois fleurs sur la tombe, déplacez un pot, ça y est, vous êtes repérée, on sait de quelle maison vous êtes, zoin etxekoa, qui vous êtes, nor ziren ; à quelques pas, kalakan emazte batzu, des femmes bavardent, coups d’œil à la dérobée, échange de sourires, vous  Ze tenoretan da omia sainduko meza ? - La messe de Toussaint ? à onze heures, réponse en français, si c'était la première fois ! sans doute plus de ce monde-ci, de cette langue, trahie par un manque d'assurance ou un accent ; à moins que ce soit refuser de se sentir assignée au basque par celui d'ailleurs qui se croit encore d'ici et protester, je ne suis pas pauvre, moi aussi, qu'est-ce que tu crois, je possède l'autre langue, la dominante