Lu
Sukkwan Island de David Vann
Un gars et son chien à la fin du monde de C. À. Fletcher
Journal des jours tremblants Après Fukushima précédé de Trois leçons de poétique de Yoko Tawada
Trust de Hernán Diaz
Film
Irati de Paul Urkijo
"Le dire ne console pas de ce qui reste à dire."
Lu
Sukkwan Island de David Vann
Un gars et son chien à la fin du monde de C. À. Fletcher
Journal des jours tremblants Après Fukushima précédé de Trois leçons de poétique de Yoko Tawada
Trust de Hernán Diaz
Film
Irati de Paul Urkijo
lac d’Estaens, mardi 27 août, midi 1/2 |
de l’autre côté de la colline aux bruyères, concert joyeux de sonnailles, vaches par troupeaux autour du lac, trop tôt pour la vallée et ses étables, l’automne peut attendre
Chez le médecin, une salle d’attente à l’ancienne, des rendez-vous mais il prend son temps alors on se parle. Soigné, plutôt bel homme, de l’assurance. J’ai soixante-dix-huit ans et je suis content, je suis cardiaque, c’est parfait, je sais comment je vais mourir. Éclater de rire. Rien de garanti, et puis un peu rude pour ceux qui vous aiment, non ? Il lève un sourcil surpris, ne perd rien de sa superbe Non, il faut savoir lâcher.
Lu
Un tesson d’éternité de Valérie Tong Cuon
Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour
Le ministère des contes publics de Sandra Lucbert
Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon
« Sans doute suis-je une enfant des années 1980, ces années qui ont promu la « réinvention de soi », et en ont fait un rêve à portée de clip vidéo. L'aérobic promettait un nouveau corps et les ouvrages de développement personnel, une nouvelle personnalité. Il suffisait de le vouloir : on serait celle qu'on rêvait d'être. Just do it.
L'identité était un costume, un déguisement.
Madonna était toutes les femmes, une Marilyn, une Vierge, une féministe, une businesswoman, un sex-symbol, une égérie de mode, une danseuse, une mère, Eva Perón, une blonde aux aisselles sombres, fière de s'être créée et recréée.
La musique vendait de l'optimisme mondialisé : We Are the World, un monde nouveau dans lequel on n'aurait plus le droit ni d'avoir faim ni d'avoir froid, il suffisait d'y croire. Par la grâce d'une petite main jaune accrochée au revers de son blouson, les racismes reculeraient, on ne toucherait pas à mon pote.
Je l'ai embrassée, cette croyance, dans l'espoir de m'éloigner d'un paysage dévasté, de m'éloigner de ces morts-là.
Toutes les injustices, toutes les causes, j'y adhérais, surtout celles qui ne me concernaient pas directement : les zapatistes du Chiapas, les prisonniers basques ou les sans-logis. Toutes les injustices, toutes les tragédies, sauf une. » (p 51, 52)
(..)
« (…) Dans le train, une femme assise derrière moi s'agace au téléphone. C'est trop flou, tu es tellement flou, dit-elle à son interlocuteur.
Je l'imagine, à l'autre bout de la ligne, tentant désespérément d'éclaircir ses mots, d'en parfaire la mise au point.
J'aimerais m'emparer du téléphone et réconforter ce flou conspué. Le flou est une espèce en voie de disparition dans un monde où règne l'exigence de transparence. On y vante la limpidité, la clarté d'une intervention médiatique.
Savoir résumer son propos en quelques mots est un savoir contemporain, un idéal d'agence immobilière.
Les discours « clairs» sont souvent ceux de communicants, qu'ils soient hommes politiques ou publicitaires. On voit au travers: ils nous vendent quelque chose. Le flou interroge. Il faut y regarder de plus près. C'est une brume de mer qui dissimule le profil d'une falaise. C'est ce trouble d'un amour naissant, qui ne s'appelle pas encore « relation ». C'est une tristesse sans objet, qui surgit quand on s'y attendait le moins, au bord du bonheur. Les créatures floues ont pour elles l'espace de la fiction, qui n'aime rien tant que les personnages dont on ne saura jamais tout. Un roman ne peut être transparent, il est tissé de doutes et de solitude, celle de l'écrivain qui lui a consacré son temps. Un roman ne vend pas, il propose. (…) » p 55. 56
Cinéma
Emilia Perez de Jacques Audiard
retour de marché, rue Samonzet, pas dansant, tempes argentées et silhouette dégingandée, un air insistant d’adolescence, à son épaule un sac de toile Biocop, il s’arrête parfois, le dépasser, dans sa main un bouquet fouillis de dahlias et zinnias, il le contemple, sourit, quelqu’un sera heureux