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dimanche 28 octobre 2012

Installations (18) : calligraphie

 l'élan d'un geste,
quelqu'un approche
un appel d'air,
 le signe vacille

mercredi 24 octobre 2012

"A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus..."

Couverture : Sido dans le jardin de sa maison, à Châtillon-Coligny. Collection particulière.

       Ô géraniums, ô digitales... Celles-ci fusant des bois taillis, ceux-là en rampe allumés au long de la terrasse, c'est de votre reflet que ma joue d'enfant reçut un don vermeil. Car « Sido » aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines filles du rosier, de la croix-de-Malte, des hortensias et des bâtons-de-Saint-Jacques, et même le coqueret-alkékenge, encore qu'elle accusât sa fleur, veinée de rouge sur pulpe rose, de lui rappeler un mou de veau frais... A contre-cœur elle faisait pacte avec l'Est: « Je m'arrange avec lui », disait-elle. Mais elle demeurait pleine de suspicion et surveillait, entre tous les cardinaux et collatéraux, ce point glacé, traître, aux jeux meurtriers. Elle lui confiait des bulbes de muguet, quelques bégonias, et des crocus mauves, veilleuses des froids crépuscules.
       Hors une corne de terre, hors un bosquet de lauriers-cerises dominés par un junky-biloba—je donnais ses feuilles, en forme de raie, à mes camarades d'école, qui les séchaient entre les pages de l'atlas—tout le chaud jardin se nourrissait d'une lumière jaune, à tremblements rouges et violets, mais je ne pourrais dire si ce rouge, ce violet dépendaient, dépendent encore d'un sentimental bonheur ou d'un éblouissement optique. Étés réverbérés par le gravier jaune et chaud, étés traversant le jonc tressé de mes grands chapeaux, étés presque sans nuits... Car j'aimais tant l'aube, déjà, que ma mère me l'accordait en récompense. J'obtenais qu'elle m'éveillât à trois heures et demie et je m'en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres  maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues.
      A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d'abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps... J'allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C'est sur ce chemin, c'est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d'un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion...
      Ma mère me laissait partir, après m'avoir nommée « Beauté, Joyau-tout-en-or »; elle regardait courir et décroître sur la pente son œuvre, —« chef-d'œuvre », disait-elle. J'étais peut-être jolie; ma mère et mes portraits de ce temps-là ne sont pas toujours d'accord... Je l'étais à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la verdure, des cheveux blonds qui ne seraient lissés qu'à mon retour, et de ma supériorité d'enfant éveillée sur les autres enfants endormis.
      Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d'avoir mangé mon saoul, pas avant d'avoir, dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l'eau de deux sources perdues, que je révérais. L'une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, et traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L'autre source, presque invisible, froissait l'herbe comme un serpent, s'étalait secrète au centre d'un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goût de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de jacinthe... Rien qu'à parler d'elles je souhaite que leur saveur m'emplisse la bouche au moment de tout finir, et que j'emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire...

mardi 23 octobre 2012

Château et dépendances (10) : la petite serre

 sur des barreaux rouillés, 
une folle exubérance,
la vie malgré tout, la vie plus que tout

dimanche 21 octobre 2012

château et dépendances (9)

la corde à linge tient le coup,
la porte de la cuisine aimante,
se glisser à l'intérieur

vendredi 19 octobre 2012

lundi 15 octobre 2012

jeudi 11 octobre 2012

mercredi 10 octobre 2012

éruption : battre en retraite

 
la vieillesse avait surgi, etxea ez zen segidatua, la maison n'avait pas "de suite" (d'héritiers),  juste le temps de refermer la porte ; derrière soi, cendres et scories d'une vie
 

dimanche 7 octobre 2012

rien que des promesses

l'automne cognait, mais déjà se déprendre, vieux soleil menteur

jeudi 4 octobre 2012

rendez-vous aux Halles "on marchait au pas des bêtes"


 Ses quatre-vingt-deux ans tassés sur un tabouret, nouveau ce tabouret, encore une petite reddition oh ! juste trois patates et quelques œufs, elles pondent pas beaucoup, c'est pas la saison mais qu'est-ce que vous voulez ça me sort un peu de venir, 
avec la mécanisation on a perdu le voisinage, on marchait au pas des bêtes, quand il faisait chaud on se mettait à l'ombre, on se couchait à la nuit et le monde s'arrêtait au bout de nos pas, son beau regard bleu s'égare,  je vis de plus en plus dans mes souvenirs...
l'émotion affleure, elle se reprend, sourit à samedi