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lundi 21 octobre 2024

dans le funiculaire

 elle insiste, veut vous céder sa place, vous la regardez, bien quinze, vingt ans de plus que vous, accepter sans faire d’histoires, la regarder encore, élégante, toute de beige vêtue, le Vuitton mallette replié sous le bras, pas une contrefaçon, c’est sûr, des escarpins à talons vertigineusement hauts, pourtant incroyablement petite, menue, comme recroquevillée sur elle-même, des cheveux longs auburn soigneusement lissés, des bijoux, ses mains tavelées de taches brunes s’accrochent à la sangle au-dessus de sa tête, sans doute une faveur à la gueuse à cheveux blancs, il se pourrait qu’on ne se voie pas 

dimanche 20 octobre 2024

Lu et vu (120)

 Lu

Mon sous-marin jaune de Jón Kalman Stefánsson

Vu 

Installation 

EskuBideak d’Iruña Cormenzana baie de la Concha, Saint-Sébastien   

Film

Histoire de Souleymane de Boris Lojkine

samedi 19 octobre 2024

jour après jour




un soir, 


un matin, à La Manga, province de Murcia

mercredi 16 octobre 2024

Installation (44) d’Iruña Cormenzana

 Sur le site de Jakiunde : 

«  L'artiste navarraise Iruña Cormenzana présente une installation sur la plage de Kontxa sur sollicitation de Jakiunde, pour un cycle d’événements et conférences sur le thème de migrations et populations. 

Cette intervention artistique « Eskubideak »  «chemins de  main» (…) vise à créer une réflexion sur la tragédie silencieuse vécue par les personnes qui se lancent dans la dangereuse traversée migratoire des mers et des rivières. Il ne raconte pas d’histoires individuelles et ne met pas non plus de visages sur des tragédies. Le but est d’expliquer la gravité du problème, de montrer des statistiques froides et terribles.

Ce travail a utilisé la matière première issue des déchets industriel [moules de gants d’une usine désaffectée], créant un certain parallèle avec la population qui arrive comme matière première pour répondre aux besoins démographiques des pays récepteurs.

(…)

L'installation bénéficie du soutien du Ministère de la Science, de l'Université et de l'Innovation et du Département de l'Éducation du Gouvernement Basque »

saisissant, 

foule de mains tendues jaillies du sable, 


elles apparaissent, 
cadre merveilleux de la Concha,
photos, 
voire selfies pour quelques-uns, 
marche au ras des vaguelettes, 
dans un sens dans l’autre, 
les marées,
elles disparaissent, 

un monde s’engloutit, 

 son ombre portée, 

d’une puissance qui prend au cœur

mardi 15 octobre 2024

Petites choses qui (86) émeuvent

 


il reste à quelques pas d’elle et, de salle en salle, ne se lasse pas de la regarder regarder, elle se retourne parfois et lui sourit, une autre photo, un couple

dimanche 13 octobre 2024

Vu (119)

 Vu 

Cinéma

Au hasard Balthazar de Robert Bresson Filmoteca de Murcia, cycle Robert Bresson, vingt-cinq ans qu’il nous manque

Exposition 

musée d’art abstrait espagnol de Cuenca

espacio Torner (peintre sculpteur cent ans en 2025)

museo Ramón Gayá Murcia 

Château de Cardesse (Béarn) chez Cristobal Hall, sur le chemin de l’exil, 1939, gouache sur toile. 


« En 1939, lors des derniers jours de la guerre sa femme meurt dans le bombardement de Figueras tandis que survit sa fille. »



nueve obras maestras, Fundación Antonio Pérez de Cuenca du collectionneur Roberto Polo

vendredi 11 octobre 2024

Conversation (36)

Une jeune Argentine. J’ai eu mon diplôme de médecin et je suis partie aussitôt. Nous partons tous. L’Italie, parce que les papiers c’est facile. Il suffit d’avoir des arrières-grands-parents italiens. Au début, je ne parlais pas la langue, je ne connaissais pas mes droits, c’était difficile. C’est mieux dans le Nord. Je travaille dans un hôtel. Saison d’hiver, saison d’été, je suis payé sur huit mois. Je voyage et vis mieux que mes rares amies restées là-bas. Trois ans déjà, ça prend de temps pour traduire les diplômes mais j’espère qu’au plus tard je pourrai exercer l’été prochain. Ma sœur est installée à Palma. Là, nous nous retrouvons tous à Madrid sauf mon petit frère qui doit préparer des examens. Nous leur avons offert le voyage. Ma mère aussi est médecin, mon père dans l’immobilier, enfin il essaie, c’est un pays où on n’écrit plus les prix au supermarché parce qu’ils changent aussitôt, où on ne se sent pas en sécurité comme ici mais ils sont trop vieux pour changer de vie, devenir serveur ou veilleur de nuit et s'adapter. 

jeudi 10 octobre 2024

De l’uniforme (3)




les enfants grandissent,


les jupes raccourcissent 

mardi 8 octobre 2024

Petites choses qui (87) étonnent

Murcia, un matin au supermarché, elle égrène son chapelet accroché au guidon de son chariot, au moment d’entrer elle l’enfouit dans sa poche, l’éclat dansant des perles de verre disparaît 

dimanche 6 octobre 2024

Lu et vu (118)

Lu

Mauvaises herbes de Dima Abdallah

Vu

Cinéma

Les graines du figuier sauvage de Mohamed Rasoulof

Les galeries des collections réales : patrimonio de todos documentaire de Pablo Iraburu et Miguel Garcia Iraburu/Filmoteca Cartagena 

Expostión 

Yoshitomo Nara Guggenheim de Bilbao

samedi 5 octobre 2024

Mots oubliés (13)

 avant d’entamer le pain, elle se signait aussi, ou se contentait-elle de rapidement dessiner une croix ? rompre le pain, du sacré dans le quotidien 

vendredi 4 octobre 2024

Conversation (35)

sud-est de l’Espagne, Cartagena, à quelques tables, trois femmes en terrasse de ce salon de thé, gâteaux café con leche, on sait vivre, un échange joyeux mais qu’a donc dit la plus jeune des trois pour que celle qui lui fait face se signe précipitamment ? et dans l’instant se souvenir, même geste au premier éclair ou au premier roulement de tonnerre, conjurer, implorer, plus tard juste une ébauche, c’était plus fort qu’elle, aussitôt esquissé, aussitôt rengainé, ses filles se moquaient, ne pas leur déplaire

mardi 1 octobre 2024

Guëmes et le père Ernesto


un tout petit détour sur le chemin du Nord pour passer par chez lui, sa maison natale aujourd’hui transformée avec l’aide de bénévoles en immense accueil pour les pèlerins…. un ancien prêtre ouvrier, quatre-vingt-sept ans, quelque chose de sa bonté continue de rayonner, ce soir-là, cinquante-sept personnes, dix-sept nationalités, s’asseoir entre une lituanienne et un taïwanais face à un biélorusse, 

partager un micro dortoir douche WC spécial senior aménagé dans des écuries avec un couple, soixante-seize ans, ils se houspillent, se soutiennent, lui Arrête donc de parler si fort, plus tard, elle T’as pensé à aller prendre les affaires au sèche-linge ? vers moi  Vous comprenez on sème pas mal ! on a commencé il y a deux ans, l’année dernière en est allé jusqu’au bout depuis chez nous, à Mérignac. mais par le Camino Francés, cette année on espère qu’on arrivera à Compostelle aussi. On savait rien de tout ça, ça s’apprend vite mais attention, on s’entraîne, hein ? treize kilomètres par jour, sauf s’il pleut des cordes

dimanche 29 septembre 2024

Lu (117)

 Lu

Chanson de la ville silencieuse d’Olivier Adam

personne ne sort les fusils de Sandra Lucbert

Le bleu du lac de Jean Mattern

samedi 28 septembre 2024

voisinage

 


longer le Centre Pénitentiaire de El Dueso, au bout la grande plage de Berria, air de vacances et goût de liberté

vendredi 27 septembre 2024

cimetière marin

 

Castro-Urdiales, 18 septembre, 8h23

l’hiver venu, paysage dépouillé, une transparence, se dégage la vue sur l’Océan

8h32

mercredi 25 septembre 2024

à la boulangerie (9)

 


Donosti/Saint-Sébastien. Tomber un soir en arrêt devant cette affiche au cours d’une promenade dans le vieux quartier. Le lendemain, 


la boulangère C’est le travail d’un collectif de jeunes artistes basques. Si tu veux je t’en donne une, j’avais aussi des banderoles, dommage, tu aurais pu en accrocher une chez toi au balcon.

mardi 24 septembre 2024

s’asseoir là (5)


 sur l’arbre arraché, un combat violent, témoignage, repris par l’océan, bousculé puis enfoui dans le sable, étouffé mais la messe n’est pas dite, un peu de sève, rejets, vivre encore

lundi 23 septembre 2024

Choses qui (86) émerveillent


la dune, rosée, brise marine, de grandes herbes ploient, le jour se lève à peine, le ciel s’embrase, attendre à Laredo le premier bac pour Santoña, sur la plage un homme à grands pas, être là, de la carte postale 

dimanche 22 septembre 2024

Vu (116)

Vu

Partitura de Silvia Bãchli au Centro Botín de Santander

samedi 21 septembre 2024

Choses qui (85) surprennent

 


des champs de maïs basculent dans l’Océan. Comment les engins agricoles font-ils demi-tour au bout du rang ?

vendredi 20 septembre 2024

Petites choses (84) qui font plaisir

 

l’Océan en contrebas, la lumière est douce, marcher dans le matin frais, surgis de nulle part un agneau, quelques brebis en liberté 

jeudi 19 septembre 2024

Mots oubliés (12)


de ce côté-ci comme de ce côté-là de la frontière, elles disparaissent, qui pour se rappeler encore les merceries 

mercredi 18 septembre 2024

Petites choses (83) agréables


septembre, odeur d’océan mêlée à celle de l’herbe coupée, regain

mardi 17 septembre 2024

Petites choses (83) tendres et douces

 


un gîte d’étape, dans un angle, le remarquer lui d’abord, son air voûté et fragile, un appareil audio, elle ensuite, une alerte septuagénaire, elle prend la couchette du haut, le rejoint sur celle du bas, s’endormir bercée par leur chuchotis

dimanche 15 septembre 2024

Lu et vu (113)

 Lu 

Triste Tigre de Neige Sinno

"Mon idéal en réalité c'est Claude Ponti. Un type qui a été violé dans son enfance par son grand-père. Il devient un grand artiste, avec un monde à lui, qui n'a rien à voir avec ça. Enfin, pas exactement rien à voir une fois qu'on sait, son monde est un univers parallèle dans lequel on peut se plonger et affronter des monstres sans crainte, vivre des aventures dont on ressort vainqueur et ragaillardi. Ce monde est un remède contre la cruauté du dehors. On y apprend à ne plus avoir peur de sa peur. Il ne fait cependant pas de références directes à la maltraitance ou au viol. Plus tard, quand il possède une certaine notoriété, quand son nom est associé à son univers artistique, aux histoires et personnages qu'il a créés, il prend la parole et dénonce ce qu'il a vécu avec force et courage mais aussi avec un certain apaisement. Il n'y a plus rien à faire. Il ne veut pas attaquer sa mère qui n'a rien fait pour le défendre, qui l'a confié à des membres de la famille sans même venir le voir pendant plusieurs mois, qui l'a mis en pension chez le grand-père violeur, qui l'a abandonné. Il dénonce et explique ce qu'on peut ressentir quand on est une preuve permanente, vivant dans la maison d'un homme qui peut vous atteindre à n'importe quel moment, dans des interviews où on peut passer du sujet de la maltraitance à celui du choix graphique entre la couleur et le noir et blanc et affronter des monstres sans crainte, vivre des aventures dont on ressort vainqueur et ragaillardi.

Je l'ai entendu répondre à un journaliste, dans une émission de radio, qui lui demandait si les violences subies dans son enfance avaient laissé des traces dans son existence. Bien sûr, avait-il dit, de sa voix douce mais un peu étonnée qu'on puisse Poser une telle question, comme si ça n'était pas une évidence, et il avait raconté que, par exemple, pendant des années, il ne pouvait pas courir. Le bruit de sa respiration quand il courait ou faisait un effort physique lui rappelait le bruit que faisait le grand-père quand il était sur lui et il s'évanouissait carrément. Le souvenir était si insupportable que son cerveau se déconnectait. Je me souviens d'entendre les battements de mon cœur dans mes oreilles se superposer à la belle et grave voix du dessinateur en écoutant cela. Il y avait eu un silence après la réponse, le journaliste devait avoir été affecté lui aussi, puis il avait réussi à rebondir sur une autre question.

Claude Ponti n'est pas une ancienne victime qui a fait des livres. C'est un grand auteur-dessinateur qui a eu une enfance difficile. Comme Blaise Cendrars, qui n'est pas un manchot poète mais un poète manchot. Et la différence est de taille. La différence fait toute la différence. »

La nuit des pères de Gaëlle Josse

La prochaine fois le feu de James Baldwin 

Vu 

Cinéma 

Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier

Exposition 

Saul Leiter (photographe) à la Tabakalera Saint-Sébastien

vendredi 13 septembre 2024

Petites choses qui (82) font sourire

 


jamais rassasiée, jamais pressée, savourer un petit en-cas sur le chemin, Izar (Étoile) la chevrette

mardi 10 septembre 2024

Petites choses (81) tranquilles et douces

au sommet de la colline, près du fronton, dans la petite église, lui dire adieu, en basque sans faillir, la langue d’ici, prêtre pataud engoncé dans un corps lourd, d’hésitation en hésitation, d’une apnée à l’autre, finira finira pas, le portrait d’un homme simple et bon « bakestua » prend forme, sa vie accomplie sans bouger de chez lui sauf pour l’armée, chauffeur, conduire il aimait, il aimait, il avait gardé ça de là-bas, tous le dimanche après-midi tour en voiture avec la femme, elle aussi elle aimait, ils s’entendaient, partie de pelote, tour à la frontière, ou rien, juste se promener, les bêtes, les terres, la famille, un bon coup de fourchette , une bonne cuisinière la femme, les tablées, enfants, petits-enfants, le fils à ses côtés, il était resté, maintenant le petit-fils, sur la fin assis à la fenêtre, regard perdu, des heures tourné vers Garralda, sa montagne, à reconnaître ou croire reconnaître sur ses flancs le tracteur, le troupeau de tel ou tel voisin, à la sortie, son fils, les yeux encore embués Ce qu’il a dit d’aita [papa] le curé, je crois qu’on pourra dire pareil de moi, l’après-midi se prolonge au café, un temps pour l’évoquer encore, le petit-fils s’éclipse, soins au troupeau, quelqu’un à son oreille C’est du boulot mais elles [les brebis] t’attendent et vont t’aider, il sourit.

dimanche 8 septembre 2024

Lu et vu (114)

 Lu

Sukkwan Island de David Vann

Un gars et son chien à la fin du monde de C. À. Fletcher 

Journal des jours tremblants Après Fukushima précédé de Trois leçons de poétique de Yoko Tawada

Trust de Hernán Diaz 

Film

Irati de Paul Urkijo

samedi 7 septembre 2024

Petites choses qui (80) rassérènent

 

lac d’Estaens, mardi 27 août, midi 1/2

de l’autre côté de la colline aux bruyères, concert joyeux de sonnailles, vaches par troupeaux autour du lac, trop tôt pour la vallée et ses étables, l’automne peut attendre

jeudi 5 septembre 2024

mardi 3 septembre 2024

Conversation (34)

 Chez le médecin, une salle d’attente à l’ancienne, des rendez-vous mais il prend son temps, toujours du retard, alors on se parle. Soigné, plutôt bel homme, de l’assurance. J’ai soixante-dix-huit ans et je suis content, je suis cardiaque, c’est parfait, je sais comment je vais mourir. Éclater de rire. Rien de garanti, et puis un peu rude pour ceux qui vous aiment, non ? Il lève un sourcil surpris, ne perd rien de sa superbe Non, il faut savoir lâcher

dimanche 1 septembre 2024

Lu et vu (113)

 Lu

Un tesson d’éternité de Valérie Tong Cuon

Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour

Le ministère des contes publics de Sandra Lucbert

Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon

« Sans doute suis-je une enfant des années 1980, ces années qui ont promu la « réinvention de soi », et en ont fait un rêve à portée de clip vidéo. L'aérobic promettait un nouveau corps et les ouvrages de développement personnel, une nouvelle personnalité. Il suffisait de le vouloir : on serait celle qu'on rêvait d'être. Just do it.

L'identité était un costume, un déguisement.

Madonna était toutes les femmes, une Marilyn, une Vierge, une féministe, une businesswoman, un sex-symbol, une égérie de mode, une danseuse, une mère, Eva Perón, une blonde aux aisselles sombres, fière de s'être créée et recréée.

La musique vendait de l'optimisme mondialisé : We Are the World, un monde nouveau dans lequel on n'aurait plus le droit ni d'avoir faim ni d'avoir froid, il suffisait d'y croire. Par la grâce d'une petite main jaune accrochée au revers de son blouson, les racismes reculeraient, on ne toucherait pas à mon pote.

Je l'ai embrassée, cette croyance, dans l'espoir de m'éloigner d'un paysage dévasté, de m'éloigner de ces morts-là.

Toutes les injustices, toutes les causes, j'y adhérais, surtout celles qui ne me concernaient pas directement : les zapatistes du Chiapas, les prisonniers basques ou les sans-logis. Toutes les injustices, toutes les tragédies, sauf une. » (p 51, 52)


(..)


« (…) Dans le train, une femme assise derrière moi s'agace au téléphone. C'est trop flou, tu es tellement flou, dit-elle à son interlocuteur.

Je l'imagine, à l'autre bout de la ligne, tentant désespérément d'éclaircir ses mots, d'en parfaire la mise au point.

J'aimerais m'emparer du téléphone et réconforter ce flou conspué. Le flou est une espèce en voie de disparition dans un monde où règne l'exigence de transparence. On y vante la limpidité, la clarté d'une intervention médiatique.

Savoir résumer son propos en quelques mots est un savoir contemporain, un idéal d'agence immobilière.

Les discours « clairs» sont souvent ceux de communicants, qu'ils soient hommes politiques ou publicitaires. On voit au travers : ils nous vendent quelque chose. Le flou interroge. Il faut y regarder de plus près. C'est une brume de mer qui dissimule le profil d'une falaise. C'est ce trouble d'un amour naissant, qui ne s'appelle pas encore « relation ». C'est une tristesse sans objet, qui surgit quand on s'y attendait le moins, au bord du bonheur. Les créatures floues ont pour elles l'espace de la fiction, qui n'aime rien tant que les personnages dont on ne saura jamais tout. Un roman ne peut être transparent, il est tissé de doutes et de solitude, celle de l'écrivain qui lui a consacré son temps. Un roman ne vend pas, il propose. (…) » p 55. 56


Cinéma


Emilia Perez de Jacques Audiard

vendredi 30 août 2024

Petites choses qui (78) réjouissent le cœur

 retour de marché, rue Samonzet, pas dansant, tempes argentées et silhouette dégingandée, un air insistant d’adolescence, à son épaule un sac de toile Biocop, il s’arrête parfois, le dépasser, dans sa main un bouquet fouillis de dahlias et zinnias, il le contemple, sourit, quelqu’un sera heureux

mercredi 28 août 2024

Petites choses qui (77) réchauffent le cœur




parc Beaumont, bientôt midi, à l’ombre généreuse d’un arbre, un jeune home allongé sur le dos, rien ne vient le distraire, il lit

lundi 26 août 2024

Petites choses qui (76) réchauffent le cœur

La croiser au Hédas, une toute petite fille, jupe qui tourne, t-shirt rose et sandalettes dorées, cinq six ans pas plus, quelques pas derrière elle un jeune couple , tongs et bermuda, ils se donnent la main, volte face de la petite, elle bombe le torse, sa voix se fait sifflante, En rangs, allez on se dépêche, entendre soudain la voix de la maîtresse, les parents se regardent, sourient

dimanche 25 août 2024

Lu et vu (112)

 Lu

Si le soleil ne revenait pas de C.F. Ramuz

Dix petites anarchistes de Daniel de Roulet

Whiskey de Bruce Holbert

La femme aux cheveux roux d’Orhan Pamuk

Vu

Comme le feu de Philippe Lesage

samedi 24 août 2024

barrage de Bious-Artigues

 

concert joyeux de sonnailles dans l’azur, un piétinement, les troupeaux descendent, colliers ouvragés, 

Juliette

mercredi 21 août 2024

Eaux-Chaudes, vallée d’Ossau




une rue village, sur la gauche de sa façade décrépite la Maison Loustaunau annonce également un restaurant, sur la droite une Épicerie Mercerie, une grande maison la maison Loustaunau

dimanche 18 août 2024

Lu et vu (112)

 Lu

En cas de forte chaleur de Maggie O’Farrell

Chanter d’Amos Oz

Scènes de vie villageoise d’Amos Oz

Au nord du monde de Marcel Theroux

Les pleurs du vent de Medoruma Shun

Requiem pour une ville perdue d’Asli Erdogan

J’aurais dû rester chez nous d’Horace Mac Coy

Vu

Ballet Maurice Béjart Hommage Opéra de Paris L’Oiseau de feu, Le chant du compagnon errant et le Boléro

jeudi 15 août 2024

Conversation (33) en boutique

Elle accompagne son mari, l’habiller toute une histoire, lui  Ce pantalon ? mais pourquoi tu veux que je le prenne, j’ai le même à la maison, le ton monte jusqu’à un Ixilik Tais-toi ! excédé À la vendeuse On voudrait quelque chose de bien, c’est pour un mariage mais à notre âge vous comprenez, on fait beaucoup d’enterrements, il faut quelque chose pour tout aller, qu’il puisse remettre facilement, la vendeuse comprend, maintenant docile  il se laisse entraîner, veste pantalon ceinture, cinq minutes, carte bleue et c’est fait, il a l’air content, pensent-ils chacun de leur côté que ça pourrait aussi être sa dernière tenue, celle d’apparat autour de laquelle on s’inclinera un jour ? 

mardi 13 août 2024

à la ferme (10)

 


pas question de se laisser distraire, retourner à sa tâche, couver



dimanche 11 août 2024

Lu et vu (111)

 Lu

Le café sans nom de Robert Seethaler

TU L'AS VU ? Blanc comme un linge. Carrément livide, et ces cernes qu'il a sous les yeux. Et puis maigre comme un coucou avec ça. Mais en fin de compte pas mal. Mieux qu'avant. Certains hommes, la maladie leur va bien. D'autres c'est la mort. Au premier abord on ne le reconnaissait pas. Il débarque comme un revenant et commence par vider les cendriers. Avant de dire bonjour. Un patron de café n'a pas besoin d'être poli. Il faudrait complètement cesser d'être poli, il faudrait dire la vérité.La vérité et la politesse s'excluent pour ainsi dire l'une l'autre. On n'en est pas là tout de même. Le principal, c'est d'avoir l'air aimable. Et tout le monde était content qu'il soit revenu. Mais qu'est-ce qu'il avait, finalement ?Une grippe? En plein été ? Les gens n'ont plus aucune résistance. Je n'ai jamais été malade de ma vie. Même les accouchements ne m'en ont pas vraiment fait voir. Moi si. Ça m'a complètement déchirée là en bas. Les enfants je les ai payés cher, par des années de vie! Ça, tu ne peux pas le savoir, sans les enfants tu serais peut-être partie depuis longtemps. Je vais te confier un secret: c'est juste pour rester jeune que j'ai eu les enfants. Ce n'est pas un secret, on le fait toutes. Mais ça ne sert à rien. Pour arrêter le temps, Pour arrêter le temps, tu fais des enfants, l’un après l'autre, et un beau jour ton giron est asséché. On ne peut pas arrêter le temps, voilà. J'ai mal au coeur. Eh bien cesse de boire autant de café. Depuis que j'y mets un doigt de cognac, je le supporte mieux. Tu vois, il y a une solution à tout. Maintenant, c'est Rudolf Kirchschläger qui est président. Il paraît qu'il prend tous les jours un bain de pieds dans de l'eau vinaigrée. Incroyable. J'aurais bien accordé encore un moment à Franz Jonas. Ça, c'était un homme bien. Maintenant il n'est plus rien. N'empêche que Kirchschläger est séduisant. Bien plus séduisant que Jonas. Il n'a pas de mal. Et pas de mérite. Le physique on n'y peut rien. Quand j'étais jeune, on m'a dit une fois : Chère demoiselle, vous êtes trop belle pour moi, je le sais, mais je tente tout de même ma chance, voulez-vous venir au cinéma? Quelle ineptie! Tu l'as envoyé promener? Non, je l'ai épousé. Je n'ai jamais vraiment compris les hommes, mais j'aimais bien les avoir à mon côté. L'amour ne m'a jamais fait mal. Mon père disait toujours : les souffrances ne sont que les petits coups de griffe de la vie. Là où ça devient grave, c'est quand on cesse de les ressentir. Un homme intelligent, sauf qu'ensuite il s'est mis à boire. Les hommes intelligents se mettent à boire et les imbéciles te racontent un beau jour qu'ils voudraient revenir dans le sein maternel. Ou peut-être que c’est le contraire. J'ai perdu un peu le fil. Dans les deux cas c’est minable. Quand je ne comprenais pas un homme, je me contentais de sourire. Je crois que j’ai passé la moitié de ma vie à sourire. On boit encore quelque chose ? Bien entendu. Dieu soit loué, je commençais à m’inquiéter. (p 119-121)


Voix endormies de Dulce Chacón


Souvenirs d’un futur radieux de José Vieira


La vie rêvée des plantes de Lee Seung-U

vendredi 9 août 2024

à la ferme (9)

 


elle l’a couvé, elle l’élève, jeune paon

dimanche 4 août 2024

Lu et vu (110)

 Lu

La Couverture du soldat de Lídía Jorge

« Oui, les amandiers s'étaient couverts de pétales en cette fin d'hiver, pendant un mois de février tiède et humide. Ces arbres réticulés avaient l'air de ne pas exister au milieu des autres arbres et soudain on voyait des pétales sortir de leurs branches fragiles. Un voile de pétales émergeait de ce réseau de néant, recouvrait les champs, les réunissait, comme si un souffle blanc s'élevait au-dessus de la terre pour montrer qu'elle était vivante. Une floraison aussi suave, aussi fine, n'avait jamais eu lieu, ni avant, ni après. Les chemins peu fréquentés étaient couverts de tapis de pétales qui survivaient des jours et des jours sans se faner, et quand ils se fanaient, la fille de Walter se disait que la nature revigorée était prête à défier une temporalité qui jamais ne se répétait.

Elle se souvenait d'images de la nature qui enseignaient que la vie s'écoule irréversiblement. Elle se souvenait de coquelicots rouges ondulant à la surface des champs de blé après les batailles, comme si le sang des hommes se métamorphosait en fleurs de la patrie. Elle se remémorait aussi d'autres passages semblables qui forment les pages tragiques des pays, déclamées en musique après les armistices. Sans le vouloir, en cette fin d'hiver, en parcourant les chemins elle pensait à la bataille sous la neige dans les collines des Ardennes, contemporaine de Walter. Elle reculait dans le temps et pensait aux soldats français renant d'une Moscou glaciale, elle évoquait des images épasses d'autres batailles, puis elle pensait à Hector, qu'elle arait fréquenté pendant les années de L'Iliade, Hector mort, transporté en grande pompe sur un char, sous les murailles de Troie. Comment aurait-elle pu évoquer d’autres images dispersées, limitée qu'elle était par l'insignifiance des vagues informations qui lui étaient parvenues sur les faits, confondus dans le souvenir de son âme intime, face au grand absolu qui s'inscrit toujours dans le temps et jamais ne se répète ni ne s'arrête. Cette grande mer en mouvement. Mais, par-delà l'infiniment insignifiant que sa mémoire retenait par bribes et par-delà le glissement véloce de cet immense océan extérieur, se dressait, vigoureux et tangible, ce qu'elle aimait. Elle savait depuis longtemps que pour elle, en certaines nuits de pluie, l'histoire de l'humanité était beaucoup moins importante que celle de son père, même s'il était indigne de le penser et encore plus de le dire, fût-ce à voix basse. Voilà pourquoi elle aurait aimé que Walter, qui avait reçu le sobriquet de soldat, soit mort près d'un champ de bataille »

Le musée des contradictions d’Antoine Wauters

« Rongés par la stupeur d'en être réduits à ça (si peu d'intensité, de joie), on cherche la direction de la vie. Sa localisation. Quelle voie ? Quel ciel ? Où est-elle, hein ? Derrière quelles oreilles pleines de poils se trouve la putain de direction de la vie, Mamy ?

Tu sais, hier, on a pris des photos de notre nouveau tatouage. Sur la fesse... Le dragon, oui. Et on les a balancées sur la toile, car on en était fiers, en même temps que, déjà, on en était lassés.

Un rien nous réjouit.

Un rien nous flingue.

Où sont les haricots à couper ? Quelles sont nos tâches du jour ? Des ordres. On veut des ordres et les aboiements de la douceur, Mamy.

Tu te souviens quand on venait dormir chez vous, au village de Fraiture, au sommet du col du même nom, au numéro 54 de la rue du même nom ? Arracher les mauvaises herbes, cueillir les groseilles, laver les poireaux et les couper en prévision des soupes à venir, c'était ça, la direction. À présent, on a le cul entre le fauteuil à oreilles de la nostalgie et celui du rien. Des merles mélancoliques. De tristes merles qui, quoi qu'ils fassent, n'en finissent pas de faire signe à l'enfant de jadis. Toute notre vie ressemble à ça, à une chambre d'enfant. Même nos tatouages sont des dessins d'enfant. Quel adulte sérieux se dessinerait un dauphin sur le bras, Mamy? Ou un dragon, hein ? Qui se laisserait

 dévaster le triceps par les traits approximatifs de la pieuvre dessinée par son fils de 3 ans ?

Les magasins qu'on ouvre ? Des cavernes d'Ali Baba du regret. Ce qu'on y vend ? Les cendres de nos années de bonheur. Radiocassettes, survêtements Adidas. Du kitsch. Les tasses en porcelaine dans lesquelles vous buviez, les mêmes que les vôtres, oui. La marque Boch.

Hier, ces pensées nous ont sapé le moral.

Le monde ne nous suffisait plus. Comme s'il se détachait de nous, tels ces voiliers qui quittaient le port quand vous nous emmeniez à Ostende et Middelkerke, l'été venu. Comme si rien ne restait en nous plus de quelques instants. Comme si notre mémoire était un fantôme passé à la centrifugeuse.

On était un petit peu à cran, hier. »

Vu

Cinéma 

Six pieds sur terre de Karim Bensalah

Gondola de Veit Helmer

Spectacle 

dans le cadre de Un été à Pau, au Théâtre de Verdure Solann

la cavalcade de Mendionde

samedi 3 août 2024

la cavalcade de Mendionde Lekorneko Kabalkada



l’église de Mendionde, 

l’aventure collective d’un village, un spectacle entièrement en basque, 

pendant un an des  couturières à leurs ciseaux, choisir des tissus, se réunir, s’entendre, les jupons s’envolent, un an de répétitions, danse, chant, intermèdes entre burlesque et farce potache, parodie du procès d’une activiste, on égratigne le paysan du coin au robot, les courses à la venta Peio pour l’achat de médicaments vétérinaires, les chasseurs de sanglier, des touristes en quête de selfie avec autochtones « Do you want gasna (fromage) ? » des allusions échappent, leur histoire, les rires cascadent dans les gradins, 


la lumière se fait douce, le spectacle se termine, trois heures ensemble


quelqu’un L’année prochaine à ce qu’il paraît c’est Irissarry, on se donne déjà rendez-vous et salue tante et cousins cousines