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mercredi 30 novembre 2022

réminiscences

 

elle parle d'une thèse, les bruits des villages au XIX ème siècle, elle ne développe pas mais autre urbanisme, arrière cour, métiers, forgeron, maréchal-ferrant, bûcheron, sonnailles, songer alors à la vitesse de l'oubli, se transporter à ce matin-là, peut-être posé ici mais qui pour s'en souvenir, même plus vous, on dira, plus chic, que c'est une variation, se souvenir de ce matin-là, le demi-sommeil d'avant d'aller en cours, une voix masculine, presque toujours masculine à cette heure-là, le cours du Collège de France, en contrepoint une sorte de picotements, de petits coups secs irréguliers, un agacement, c'était donc quoi, ça venait pas du poste au moins,

 puis reconnaître et le soulagement, la craie à l'appui de la démonstration, il y a peu pourtant votre quotidien aussi la craie, gliser alors vers cette salle de classe aux murs lézardés, aux affiche à leur assaut, à droite avec son cadre rose en A4, J'apprends de Brigitte Giraud,

 secrète mise en abyme, secrète incitation à conjuguer correctement les verbes en "endre" au présent et secret espoir de toujours se renouveler J'apprends

mardi 29 novembre 2022

du Pays Basque au Béarn, paysages

le samedi, passer chez les cousins sur les hauteurs d'Urcuit, puis redescendre vers l'Adour,

 une plaine gorgée d'eau, la pluie de ces derniers jours, un soleil pâle, à peine quatre heures pourtant et remonter vers Guiche rendre visite à une amie

 le lendemain matin, courte balade du côté de Castet, un village tout près de Pau. Au pied d'un chêne quelques jonquilles en fleur. Hésitation des saisons.

Le gui, lui, s'accroche !

lundi 28 novembre 2022

à l'unique café d'un village

 

 

jusqu'à la vaisselle qui n'a pas changé, se souvenir alors d'une histoire entendue ailleurs alors qu'on s'attardait sur l'emballage du sucre, le patron d'un autre café,

Kafe Negro ça passait plus, il avait les réseaux sociaux contre lui et ça commençait à monter, alors il a changé l'emballage, le nom Kafe Negro et c'est passé comme une lettre à la poste, je vois pas ce que ça change, c'est pareil, non ? pas tout à fait quand même, Kafe Beltza Café noir, une autre langue, un autre visage, un béret pour dire le gars du coin, l'accent sur une identité et toujours vendre

dimanche 27 novembre 2022

Conversation (19) entre amies

 Elle s'assied, regard laser.

-Mais dis-moi, t'as beaucoup maigri. 

- Pas depuis la dernière fois qu'on s'est vues début juin.

 Elle n'en démord pas, insiste et lâche :

- Si, si, t'as maigri du visage, le reste je sais pas, je te vois assise, mais le visage, alors là c'est frappant.

- Tu veux dire que j'ai pris un coup de vieux, c'est ça ?

Vieillir. A ne pas dire. Elle se reprend.

- Non, c'est pas ça, je me suis inquiétée, t'es pas malade, t'es sûre ?

samedi 26 novembre 2022

Lu et vu (30)

Lu 

Bleu nuit Dima Abdallah

Le corps de l'âme de Ludmila Oulitskaïa

Vu 

théâtre

La Reprise. Histoire(s) du théâtre (I) conception et mise en scène de Milo Rau

vendredi 25 novembre 2022

vieillir (36) en maison de retraite

Il appelle sa mère tous les soirs. Deux opérations lourdes à quatre-vingt-dix ans passés, elle récupère comme elle peut. L'infirmière entre, elle raccroche mal, il entend la conversation. Voix joviale Bonjour Madame M. je viens pour le pansement, alors à la cuisse gauche ou la cuisse droite ? bredouillements confus, ah, vous savez pas, on va regarder, mais je vois rien moi, pas grave, je vais appeler la chef,  Elle vient de réintégrer sa chambre après une intervention pour occlusion intestinale.

jeudi 24 novembre 2022

Veuve (2)

Au restaurant, elle laisse au fond de la grande assiette creuse les têtes de chipirons à la galicienne "Il terminait mes plats, sourire vaillant, une fêlure puis la voix se charge de tendresse, c'était mon composteur, oui, mon composteur, je l'appelais comme ça"

mercredi 23 novembre 2022

Petites choses qui (16) étreignent le coeur

Place Clémenceau, rue Serviez, presque huit heures, se hâter, le spectacle n'attendra pas. En sens inverse, à vélo, un père et son fils, petit bonhomme en ciré jaune. Six sept ans maxi. Tous deux noir ébène. La pluie collante de novembre, les trottoirs mouillés, de rares passants fantomatiques. Resserrer son écharpe. Ils pédalent. Ça monte un peu, le petit est à la peine, le père "Allez, on y est presque". Un gros sac sur son dos. Lire machinalement et penser un Uber eats. S'en vouloir. Un homme.

mardi 22 novembre 2022

Conversation (18)

Ses doigts habiles s'activent, le crochet va-et-vient. Le grand châle pour se draper comme la prof de danse prend forme. Tu comprends, elle, elle a le droit et pas nous lui a dit pas sa petite fille c'est pas juste. Parfait pour cadeau de Noël. Je lui ai demandé quelle sorte de rose elle voulait, voilà qu'elle ne porte plus que du noir. Son âge ? onze ans, elle vient d'entrer en sixième. J'espère que ce vieux rose lui plaira quand même.

lundi 21 novembre 2022

sur le chemin des phares en Galice

 

zona de Especial Proteccion de los Valores Naturales Costa da Morte 26 sept 22

 

Masses marron posées sur les rochers à droite de la piste. 

Des vautours ? 

vers Fisterra

mises en garde insistantes,  

ne pas quitter le sentier, 

prudence,

avancer donc à pas menus,

 

 

et s'étonner des chèvres et des chevreaux, un petit troupeau paresse là dans la tiédeur du jour.

O Camiño dos Faros


dimanche 20 novembre 2022

Fidèle (2)

on en croise parfois au parc ou au bord du gave, leur chien gambade autour d'eux ou tente de tirer sur la laisse mais avant de les voir, leur voix grondeuse, autoritaire, tyrannique Ici... Non là... au pied... il obéit toujours, dévoué, le regard quêtant leur approbation, évidemment ça ne va jamais et songer, c'est quoi leur relation aux autres à ces maîtres

samedi 19 novembre 2022

Lu et vu (29)

 Lu

Les cantiques du corbeau Bartabas

La bonne chance de Rosa Montero

La fille de la supérette de Sayaka Marata

Vu 

Orfeu negro de Marcel Camus

Armaggedon Time de James Gray

Dalida de Lisa Azuelos

vendredi 18 novembre 2022

Rencontre

Le long du gave de Pau, à hauteur de Jurançon, ils sont deux penchés sur une souche d'arbre, une grand sac en plastique bien plein à la main. S'approcher, ils vous montrent, lui, l'excitation du cueilleur dans le regard C'est la piboule du peuplier. Avec son petit goût de noisette, ail et persil, un régal. Et le voilà lancé sur ses projets, le champignon une passion. Bientôt, c'est sûr, il en fera pousser sur son lopin de terre du côté de Bagnères-de-Bigorre. Elle, bientôt maman, se pliant avec difficulté et les lui soumettant Celui-là pas trop vieux ? lui toujours au bonheur de partager Il faut prendre le plus frais et ne pas cuisiner les pieds, vers elle Oui, oui, c'est bon, tu peux y aller tranquille. Repasser par là un autre jour, d'autres ont poussé, songer qu'au pays d'enfance, aller aux champignons, c'est aller aux cèpes exclusivement, délaissées par exemple girolles ou  trompettes de la mort, sentiment de transgresser en cueillant puis cuisinant les jolies petites piboules tout frais sorties de terre, il avait raison, délicieux.


jeudi 17 novembre 2022

Conversation (17)

A peu près du même âge. Elle, une Paloise, de la ville donc.

- Ne me dis pas qu'à l'église tu as connu le temps des mantilles et des hommes séparés des femmes, ses yeux s'écarquillent, elle poursuit les hommes dans les galeries ? ah, oui, le Pays Basque et avec un soupir presque incrédule, je croyais que tout ça c'était du siècle dernier !

- Mais c'est le siècle dernier !

Son éclat de rire.

mercredi 16 novembre 2022

à la Poste

en bas des marches, vous l'avez vue du coin de l’œil, une femme en fichu tassée à même le sol, de grandes jupes colorées, pas jeune, tenter de passer comme si de rien n'était, à sa hauteur une plainte rauque, Pour manger, fraction de seconde vers elle, son regard et vous êtes faite, quelques mètres, fourrager dans votre porte-monnaie et demi tour, bien sûr que vous pouvez, trois sous dans son gobelet vide, son visage s'illumine, un sourire béant, beauté, là, se sentir éclairée, et sa voix, une voix rocailleuse résonne une autre fois, elle roule vraiment très fort les "r" "Merci sur toi"

lundi 14 novembre 2022

Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle : visite guidée

 

 Monter,  place de l'Obradoiro vue de haut, tiens en face sur la façade du palais Rajoy, aujourd'hui hôtel de ville,

 

Saint Jacques en guerrier sur un cheval blanc tel un chasseur de Maures ? descendre, le musée, le Porche de la Gloire, du temps à la fin pour encore et encore des explications, la guide, Maria Rosal est généreuse. Au musée, une représentation de vierge enceinte. En Galice, elle dit, ça n'étonne personne. Sans doute une trace de la mythologie celtique dans notre culture, un hommage à la fécondité. Vous pouvez d'ailleurs en voir un autre exemple tout à côté à l'église Santa-Maria-Salo. Cette église, vous vous y êtes attardée la veille, l'intérieur, le portail, il faisait bon mais de vierge enceinte point.


Y retourner et l'évidence de sa présence. Que voit-on, entend-on, sait-on du monde lorsque personne ne guide votre regard ou votre écoute ? et venue de loin,  les associations parfois, cette question d'enfant, peut-être bien Manuela, une sixième Oui mais pourquoi les peintres ils dessinent Eve, si c'est la première femme, avec un nombril ?

dimanche 13 novembre 2022

Casa Fernando et Marí, se souvenir du 13 novembre 2002, le naufrage du Prestige

s'arrêter là, à Camelle, Casa Fernando et Marí, les demander à la Pharmacie ou dans n'importe quel bar, une maison blanche, vous vous apprêtez à sortir votre téléphone, la pharmacienne court vers vous, elle vient de fermer son officine, Ils habitent là-haut, elle montre du doigt une volée de marches, vous pouvez aller frapper, vous comprendrez ensuite qu'elle a voulu épargner à Marí qui vient de se faire opérer de la hanche un aller/retour par de longs escaliers, bien raides, vous toquez à la porte, une grande femme rieuse vous accueille Ah ! tu es déjà là, on est à table, tu vas manger avec nous, cette difficulté à dire simplement oui, allez viens, mon fils a pêché du poisson hier soir, dès qu'il a un moment, c'est sa passion, le plat trône sur la table, quelques petites tomates qu'elle va chercher vite fait au jardin, oui ce sont les dernières, des lamelles d'oignon blanc, un filet d'huile d'olive, une grosse miche de pain, pas de couteau, Le poisson ça se mange avec les doigts, partager la dernière joue avec Marí, Le meilleur ! festin, Fernando à un bout de la table, leur fils à l'autre, mais il ne tarde pas à nous quitter, leur vie de jeunes gens, la mère avec les petits-enfants, elle sur le bateau avec lui, Tu comprends, dix-huit ans à peine, moi presque dix de plus, je pouvais pas la laisser, et la voix se fait tendre, regard coulissé vers elle, un bonbon, leurs rires, des nuits parfois à pêcher tous les deux en barque, puis la conversation prend un tour plus grave, Fernando prononce le nom du Prestige, vous n'osez plus vous tourner vers lui, oui, de grosses larmes silencieuses roulent sur ses joues, pour vous un vague souvenir, des images chassées par d'autres images, sur ce bout de côte un traumatisme toujours vif, 13 novembre 2002, la date ne s'effacera pas, elle préfère se rappeler la solidarité internationale, les femmes apportant bocadillos et café à toutes ces personnes venues du monde entier, lui revenant aux bottes maculées de mazout, aux trainées par toute la rue principale, à l'odeur, leur certitude à tous deux que quelque chose d'irréversible s'est produit alors, poisson et crustacés, le pouce-pied en particulier, ont perdu de leur saveur, ils se sont fait plus rares, l'après-midi a bien avancé, les quitter, leur nom comme un sésame dans le village, Rosario la prof de théâtre vous fait entrer chez elle, deux de ses élèves arrivent, puis c'est le jeune cuisinier d'un des bars du village en train de préparer une Tatin de figue pour le soir, il attend une tablée de copains, il se met en quatre pour vous trouver des timbres et vous offre une figue, J'étais chef dans un bon restaurant de Barcelone mais j'ai préféré revenir ici, j'ai tout ce qu'il me faut sur place, je descends au port et j'improvise, puis un passage 

Camelle, Galice, Corogne, 22 septembre 2022

par la Casa do Aleman, le Musée de l'Allemand, Manfred Gnädinger, une sorte de légende, l'ermite artiste autodidacte mort fou de douleur deux mois après le naufrage, ce qui faisait sa vie a disparu sous ce quelqu'un plus loin appellera un tsunami de mazout.


 Tu verras, il reste encore des traces sur les rochers, ont affirmé Fernando et Marí, les chercher en marchant le lendemain vers Camariñas

23 septembre 2022

 Oui, c'est peut-être bien ça, tu sais on n'a pas pu tout nettoyer, s'excuse presque un pêcheur croisé sur le chemin et avec naturel t'es pas venue nous aider alors ?

O Camiño dos Faros

samedi 12 novembre 2022

Lu et vu (28)

 Lu

La petite communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon

Vu 

La Conspiration du Caire de Tarik Saleh

vendredi 11 novembre 2022

Galice, A Coruña, fin d'été

 

Muxía (Camariñas au fond), 24 sept 2022 Galice

 

personne d'autre dans l'eau, la baigneuse se retourne et marche vers vous Allez, viens, tu verras elle est pas froide, ça stimule, je suis de A Coruña, c'est pas loin et quand il fait beau comme ça, je viens ici pour le week-end et dors dans la voiture, alors, tu te décides ? son corps puissant rougi par les vagues ruisselle charriant des gouttelettes, éclats vifs dans la lumière, elle n'insiste plus et s'en retourne, vous hissez votre sac à dos sur les épaules

O Camiño dos Faros

mercredi 9 novembre 2022

automne à Pau

 
dans un halo doré

depuis la plaine de la Basse-Plante

le château


mardi 8 novembre 2022

plantain

 

Elle vous l'avait appris. Pour des plantes de pied en capilotade, quelques mois plus tôt, un miracle. Ah ! bon tu ne connaissais pas ? on l'appelle aussi la plante du marcheur. En chercher à nouveau. Lui soumettre une photo. Récusé. Le plantain, elle écrit, se reconnaît par les stries parallèles (surtout au verso) qui vont jusqu'à sept. Celui-ci le lancéolé.

 de pleines poignées dans ses chaussettes et poursuivre le long du gave, Jurançon, 

 

de l'autre côté le château, Gelos, longer le haras, la passerelle de Mazerolles, Bizanos, le parc Beaumont, au fil de la promenade dériver vers l'autre langue, se surprendre à songer "ez nila begian hartua", littéralement je ne l'avais pas pris dans les yeux, c'est-à-dire mémorisé, maintenant oui, sans doute, je le reconnaîtrai le plantain

lundi 7 novembre 2022

veuve (1)

 elle a pourtant déménagé mais l'impression que la maison ou alors est-ce sa vie flotte autour d'elle comme le feraient des vêtements trop grands

dimanche 6 novembre 2022

fauteuil de pierre

 

Camariñas, Galice 23 sept 22

s'asseoir là et déballer son pain jambon, 

savourer

O Camiño dos Faros


samedi 5 novembre 2022

Lu et vu (27)

 Lu

De nos frères blessés de Joseph Andras

Corps flottants de Jane Sautière

Vu

Mon pays imaginaire de Patricio Guzmán

L'ombre de Goya par J-Claude Carrière de José Luiz Lopez-Linares

vendredi 4 novembre 2022

sur le Chemin des Phares, Galice

 

Muxía, Costa da Morte, Galice (25 sept 22)
   




 

se hâter derrière l'arc-en-ciel, vent nuages, il joue à cache-cache, un peu plus tard, vraie saucée, le téléphone disparaît au plus profond du sac à dos et vous voilà mouillée comme une soupe, un coup de vent encore, il fait beau pour la journée

Camino dos Faros

 

mercredi 2 novembre 2022

Petites choses qui (16) vous pincent le coeur

 Vous les croisez souvent, ils sillonnent le centre-ville, un beau couple d'octogénaires à la démarche altière, lui, grand, enveloppé d'un loden l'hiver venu, un halo de cheveux blancs autour d'un beau visage marqué par le grand air, elle, toujours à son bras, jolie, délicate, carré poivre et sel impeccable et tirée à quatre épingles, vous le croisez aujourd'hui, il est seul, il s'appuie sur une canne