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jeudi 29 décembre 2011

"je me consacre aux marges de l'homme"


Treizième poésie verticale Roberto Juarroz
4

Muet parmi les mots,
presque aveugle parmi les regards,
au-delà du coude de la vie,
sous l'emprise d'un dieu qui est absence pure,
je déplace l'erreur d'être un homme
et corrige avec patience cette erreur.

Ainsi je ferme à demi les fenêtres du jour,
j'ouvre les portes de la nuit,
je creuse les visages jusqu'à l'os,
je sors le silence de sa caverne,
j'inverse chaque chose
et je m'assieds de dos à l'ensemble.

Je ne cherche désormais ni ne trouve,
je ne suis ici ni ailleurs,
je me refais au-delà du souci,
je me consacre aux marges de l'homme
et cultive en un fond qui n'existe pas
l'infime tendresse de ne pas être.

mardi 27 décembre 2011

lumière


elle se fraie un chemin,
voie étroite

lundi 26 décembre 2011

fardeau

se délester, bientôt neuf heures, un répit avant la sonnerie

samedi 24 décembre 2011

choses qui réchauffent le coeur

 de retour chez soi,
une fleur inespérée,
grâce du présent

 

vendredi 23 décembre 2011

Homme de gauche Alex Métayer


Le père est dans le salon et il lit. Valérie, quatorze ans, entre dans la pièce
VALERIE (de sa petite voix ingénue): Papa ? Je peux te poser une Question ?
LE PÈRE (sans lever la tête): Oui...
VALERIE: Voilà, papa. Quand tu parles, toujours tu dis que tu es un homme de gauche. C'est quoi exactement un homme de gauche ?
Le père lève les yeux et regarde sa fille l'air épuisé.
LE PÈRE: Valérie, j'ai un peu mal au crâne mais je vais te répondre... Je... (II se lève.) Un homme de gauche, si tu veux, Valérie, c'est quelqu'un qui est plus sensible qu'un autre à tous les problèmes humains. C'est une question de sensibilité... Et on appelle ça avoir une sensibilité de gauche.
VALÉRIE: Mais cette sensibilité de gauche papa, on 1'a de naissance ?
LE PERE : Oui. Je crois. Je crois qu'il y a des gens, comme moi, qui ont une sensibilité plus grandeà la misère des autres.
VALERIE: Ça veut dire que toi, tu souffres de la misère des autres ?
LE PERE: Attention, Valérie ! Pas tout le temps-tout le temps ! Parce que tu sais, ta mère et moi, on est très occupés... Mais oui, ça nous arrive d'en souffrir.
VALERIE: Attends, papa. Y a quelque chose que j' comprends pas... (Toujours de la même petite voix naïve.) Toujours tu dis que si je veux réussir dans cette société, faut pas que je sois sensible. Ça veut dire que j'ai intérêt à être de droite ?
EE PÈRE: Euh... Enfin... De droite dans ton travail, et de gauche tout le reste du temps ! Pour te battre, et changer les choses !
VALÉRIE (illuminée): Ah, d'accord ! Je comprends. C'est une question d'horaires !... Mais toi, papa, tu te bats pour changer les choses ?
LE PÈRE: Pas tout le temps-tout le temps, quand même, Valérie ! Parce qu'avec ta mère, on est très pris. Mais ça nous arrive, oui.
VALERIE: Mais qu'est-ce que tu fais, pour te battre ?
LE PÈRE: Eh bien... ON S'INFORME ! Tu as remarqué qu'on regarde beaucoup la télé? Donc, on est très informés ! Tu vois ?
VALERIE (dubitative): Non mais concrètement, comment tu te bats ?
LE PERE (pris de panique, il bredouille): Concrètement, concrètement... Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?... Y a mille manières... Je... Je... (Soudain, triomphant:) Tiens ! Par exemple: en votant pour des hommes de gauche!
VALERIE: Mais toujours tu dis que tous les hommes politiques de droite ou de gauche, c'est tous des pourris !
LE PÈRE: Oui, c'est vrai, je dis ça... Mais parmi eux, y en a quand même qui ont une sensibilité de gauche !
VALERIE: Ah oui! C'est des pourris sensibles ?
LE PÈRE (excédé): Voilà, si tu veux !
VALÉRIE: Et à droite, c'est des pourris qui ont même pas de sensibilité ?
LE PÈRE: Attends ! Là, j'ai peur de dire des conneries !
Écoute-moi, Valérie. En politique, les formules les plus simples sont les meilleures. Il faut donc que tu saches que, quand on est de gauche, il est toujours préférable d'envoyer au gouvernement des gens de gauche ! Voilà. Ça, c'est sûr.
VALERIE: Oui, mais alors y a autre chose que j' comprends pas... Toujours tu dis que tous les hommes de gauche qui sont au gouvernement, ils font une politique de droite...
LE PÈRE: Oui... MAIS ILS EN SOUFFRENT ! 
Il prend sa tête entre ses mains.
Valérie. Valérie, sois gentille, papa a mal à la tête. Alors descends à la pharmacie m'acheter de l'aspirine, et on reprendra cette conversation plus tard. D'accord, Valérie ?
Il la regarde s'éloigner en poussant un long soupir, puis va vers sa femme. Nicole ! Tu sais, chérie, que Valérie est en crise ! Avec le type de questions qu'elle m'a posées, elle aurait ses petits problèmes de femme d'ici peu que ça m'étonnerait pas !
 voir aussi Le taré nucléaire 

jeudi 22 décembre 2011

oecuménisme

quién me dice que religion vamos a visitar hoy ?
qui me dit quelle religion nous allons visiter aujourd'hui ?

vendredi 16 décembre 2011

jeudi 15 décembre 2011

installation (5)

c'était ainsi,
les cordons-bleus sortaient accompagnés,
toujours

mercredi 14 décembre 2011

supplique

 ne me laisse pas seul, 
pas déjà,
je fais mes premiers pas vers toi,
regarde-moi

mardi 13 décembre 2011

du ballet de feuilles mortes

et les montagnes... ? pourquoi vous photographiez pas les montagnes ? c'est quand même autre chose... il se moque gentiment, remarquez d'y penser j'en ai bien jusqu'à midi de me marrer, il reprend son balai, et à midi, je finis

lundi 12 décembre 2011

repartir

là depuis un bout de temps, quelques mots glanés, un signe, le cordial nécessaire
La fable mystique Michel de Certeau
"Est mystique celui ou celle qui ne peut s'arrêter de marcher et qui, avec la certitude de ce qui lui manque, sait de chaque lieu et de chaque objet que ce n'est pas ça, qu'on ne peut résider ici ni se contenter de cela."

dimanche 11 décembre 2011

vendredi 9 décembre 2011

savoir vivre

pour requinquer la bête, rien de tel qu'un Bordeaux

jeudi 8 décembre 2011

Chambre n° ... goûter

ah ! bon ? tu lui demandes si elle veut du lait dans son café ? Moi je lui donne, elle boit et puis voilà.

mercredi 7 décembre 2011

Prière pour...

rester ici encore un peu

 J'aime l'âne... Francis Jammes  (De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir 1898)

J'aime l'âne si doux
marchant le long des houx.

Il prend garde aux abeilles
et bouge ses oreilles;

et il porte les pauvres
et des sacs remplis d'orge.

Il va près des fossés,
d'un petit pas cassé.

Mon amie le croit bête
parce qu'il est poète.

Il réfléchit toujours.
Ses yeux sont en velours.

Jeune fille au doux cœur,
tu n'as pas sa douceur:

car il est devant Dieu
l'âne doux du ciel bleu.

Et il reste à l'étable,
résigné, misérable,

ayant bien fatigué
ses pauvres petits pieds.

Il fait son devoir
du matin jusqu'au soir.

Qu'as-tu fait jeune fille ?
Tu as tiré l'aiguille...

Mais l'âne s'est blessé:
la mouche l'a piqué.

Il a tant travaillé
que çà vous fait pitié.

Qu'as-tu mangé petite ?
- T'as mangé des cerises.

L'âne n'a pas eu d'orge,
car le maître est trop pauvre.

Il a sucé la corde,
puis a dormi dans l'ombre...

La corde de ton cœur
n'a pas cette douceur.

Il est l'âne si doux
marchant le long des houx.

J'ai le cœur ulcéré:
ce mot-là te plairait.

Dis-moi donc ma chérie,
si je pleure ou je ris ?

Va trouver le vieil âne,
et dis-lui que mon âme

est sur les grands chemins,
comme lui le matin.

Demande-lui, chérie,
si je pleure ou je ris ?

Je doute qu'il réponde:
il marchera dans l'ombre,

crevé par la douceur,
sur le chemin en fleurs.

lundi 5 décembre 2011

Le mépris, remake

Le propriétaire ? On l'a jamais vu, un riche promoteur, une femme du coin vient faire le ménage, quelqu'un d'autre le jardin, il paraît même qu'y a une piscine au sous-sol mais tout ça, personne n'en profite ... avec de l'argent, vous savez...

dimanche 4 décembre 2011

samedi 3 décembre 2011

de l'usage du vin...

... et de la retenue

vendredi 2 décembre 2011

cahier du jour (3) 10 janvier 64 : Noël à l'école

heureux, on est entré dans la jolie chambre de Mademoiselle, on a regardé le sapin illuminé (...) Puis on a laissé nos beaux joujoux tranquilles et on a répété les chansons que chantait le disque. Juste au milieu de la chanson l'électricité est partie. Quel malheur !
  J'ai distribué les cadeaux et tous les enfants étaient contents de voir que le père Noël n'avait oublié personne. J'ai eu un harmonica et une voiture rouge. (...)

jeudi 1 décembre 2011

montée de sève

au diable l'âge et l'expérience, un rayon de soleil et il y avait cru mais c'est bien vers l'hiver qu'il s'acheminait, il serait rude

mercredi 30 novembre 2011

nuit

Alfred Kubin
le retenir, ami à ses basques, course folle, porte d'entrée, escaliers, une autre autre porte, et ça claque, claque puis brusque volte-face, au bout de ses bras, une massue, il prend son élan, tourne sur lui-même, elle va décoller, c'est sûr, danger, l'ami s'efface, le voilà seul, un tourbillon, il rapetisse, un enfant, quitter le cercle, approcher, le désarmer, mais la peur, choc violent, réveil

mardi 29 novembre 2011

à bicyclette

Comment je l'ai rencontré ? ... oh, ça a tellement changé. Elle sourit, soudain une jeune fille. On rentrait en bande des fêtes d'Irrissary, combien qu'on était ? trente peut-être... elle s'anime, adieu les jambes lourdes, s'élancerait à coups de pédales Il m'a raccompagnée jusqu'au croisement de la maison, je l'avais remarqué mais là j'ai compris que je lui plaisais aussi et voilà, ça a commencé comme ça.

lundi 28 novembre 2011

vivre

même mourir lui prit du temps, elle aimait la lenteur

dimanche 27 novembre 2011

chose qui attriste le coeur

dans l'herbe une branche arrachée
chose qui réchauffe le cœur
chez soi la branche recueillie 

vendredi 25 novembre 2011

tout en haut

un effort encore,
et juste tendre la main, 
ce n'est pas fini 

jeudi 24 novembre 2011

installation (4)

glisser dans les failles
des meules prêtes à broyer
jamais trop prudent

mercredi 23 novembre 2011

miroir

A. Kubin
pas lourd, elle s'approche, se colle, que me veut-elle, s'enroule, bras tentacules, un éclair, je sais, me détrousser, corps à corps, coups, elle s'éloigne, je me palpe, réveil