sûr, elle ferait tout pour vous attirer, comme ça dès qu’elle voulait des nouvelles, alors un biscuit, un bonbon, un peu de chaud par temps d’hiver, surtout refuser, tirer les vers du nez, sa spécialité à la voisine, donc ne pas rentrer, ne pas dire, ne pas répondre, au-dehors, ils n’avaient pas besoin de savoir, il faudrait être à la hauteur, un haussement d’épaules, le rire grinçait, l’ombre d’une douleur Chez nous, c’est pire que le KGB
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vendredi 14 février 2025
jeudi 13 février 2025
Tu sais ????
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photo Simone C. |
pas moins de quatre points d’interrogation pour accompagner la photo au-dessus, une maison coiffée croirait-on des clochers de l’église Saint-Jacques. Plongé à plusieurs reprises vers le Hédas en prenant à gauche dans la rue Serviez mais rien remarqué. Elle si, l’œil toujours affuté. Amusée par cette facétie de la perspective, elle s’est arrêtée, a sorti son portable et vite partager. Elle, Mademoiselle, l’institutrice, la toujours frêle et vivace Mademoiselle. Née en 40. Toute une vie, celle qui montre..
mercredi 12 février 2025
mardi 11 février 2025
Pau, un soudain avant-goût de printemps
dimanche 9 février 2025
Lu et vu (135)
Lu
Sofia Pétrovna de Lydia Tchoukovskaïa
Déplace le ciel de Leslie Kaplan (théâtre)
Guerre et pluie de Velibor Čolić
Beloved de Toni Morrison
Vu
Cinéma
Le roman de Jim des frères Larrieu
La Noire de… de Ousmane Sembène
Soundtrack to a Coup d’Etat de Johan Grimonprez
Spectacle
Close up de Noé Soulier
vendredi 7 février 2025
petites choses (95) qui attristent
gare d’Hendaye, salle d’attente, assis sur un des bancs, gros sac et grosse valise à ses pieds, visage exténué, il fait mine de se lever, une grande bringue efflanquée fonce sur lui Ça fait déjà deux fois que je vous le dis, on laisse pas ses affaires sans surveillance, on a des consignes, c’est la loi, les WC ? je veux rien savoir, vous les prenez avec vous, puis à la cantonade ça parle pas français, ça parle pas espagnol, ça parle rien le mot rien résonne comme un crachat, l’homme se lève avec peine, traîne ses bagages, elle s’éloigne à grands pas, disparaît
mercredi 5 février 2025
mardi 4 février 2025
petites choses qui (94) rendent joyeux
la Poste, une employée met soigneusement de côté et de façon bien visible au-dessus d’un guichet une canne oubliée La deuxième dans la semaine, on arrive avec et on l’abandonne en partant, pas qu’à Lourdes les miracles, ici aussi des rires, un autre levant le nez de son travail et comme s’il saluait le prêtre en soutane qui vient de sortir, avec toute la componction requise Merci mon père, nouvelle salve de rires
lundi 3 février 2025
de la signalétique
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Biarritz, photo B. L. |
pour l’urbaniste ou aménageur d’espaces publics, un énigmatique « fin de zone de rencontre » se distinguer de « centre piéton », trop commun, traduire en basque on a oublié, le basque on a oublié, l’élégante cité balnéaire joue pourtant à fond la carte de l’identité, et qu’entendre de l’ensemble de pictogrammes sur le même panneau, interdit jusqu’à cette limite de marcher, de faire du vélo, d’aller à plus de 20 kms heures, de prendre sa voiture, drôle d’endroit pour une rencontre,
dans le dos, une volée de marches et en contrebas, l’Océan, il en a vu d’autres
dimanche 2 février 2025
Lu et vu (134)
Lu
La Marche de l’océan de Yannis Ritsos
Mère absolument de Ketty Rouf
Monstres de Frédéric Richard
Vu
dans le cadre du Fipadoc à Biarritz
Joan Mallwitz-Momentum de Günter Atteln
Une famille de Christine Angot
Erik Satie, entre les notes de Gregory Monro
L’homme aux mille visages de Sonia Kronlund
Je ne haïrai point - un médecin de Gaza sur les chemins de la paix de Tal Barda
Orlando - une vie de compositeur à la Renaissance de Joachim Thôme
Un pays de papier de Marion Boé
Bonnes terres de Vladimir Perović
Qui a peur de Nathan Law ? de Joe Piscatella
Soudan, souviens-toi de Hind Meddeb
Exposition
Fragments de réalité de Guillaume Fauveau au DIDAM de Bayonne
vendredi 31 janvier 2025
à la ferme (11)
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Amikuze, 30 août 2015, 15 h 45 |
chaleur d’un jour d’été, vous êtes attendue, personne sur le seuil, coincé dans la porte d’entrée, sur un bon gros bout de carton récupéré, bien visible, un mot au feutre
Élize, Mets-toi au frais. On est partis tirer un veau à Borde-Sallabure. À tout à l’heure.
Une urgence donc.
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vêleuse pour mise bas difficile |
L’Ukrainienne de Josef Winkler
« Nietotchka Vassilievna Iliachenko, ainsi que je la nommerai néanmoins, plongea une main dans le vagin d'une vache pleine pour attraper le veau par un pied. Elle avait le bras enfoncé jusqu'au coude dans le vagin de l'animal. Elle l'en retira et nous fit comprendre qu'elle ne trouvait pas le pied. La poche des eaux se rompit et gicla, nous éclaboussant, moi et son benjamin qui étions accroupis devant la vache, sur le pantalon, les mains et le visage. Je fis la grimace, comme à chaque fois que quelqu'un claque l'un contre l'autre les revers de ses mains mouillées et m'éclabousse le visage des gouttes restées sur ses doigts. De nouveau elle plongea la main dans le vagin, et à l'expression de son visage je compris qu'elle venait d'attraper un pied. Elle arriva enfin à le sortir, y noua la corde à veau qui était attachée à un petit bâton. Nietotchka Vassilievna enfonça de nouveau la main dans le vagin de la vache pour fixer la deuxième corde à la deuxième patte du veau. Une échelle était posée au sol de manière à buter contre le rebord de la rigole où s'écoulait l'urine des animaux. Le benjamin de Nietotchka Vassilievna et moi, un genou au sol, l'autre jambe tendue contre un barreau de l'échelle, nous tirions, lentement et en rythme, l'un puis l'autre, sur les deux cordes, tandis que Nietotchka Vassilievna, elle, écartait de ses mains le vagin de la vache pour que le crâne du veau puisse glisser au-dehors.
Nous apercevions déjà la langue bleue qui pendait hors de la gueule du veau, le mufle rose bleuté, et quand apparut la tête, nous tirâmes de toutes nos forces sur les cordes attachées aux pattes avant de cette apparition. Le veau avait encore le cou retenu par le col du vagin lorsqu'il ouvrit les yeux et regarda les visages de tous les accoucheurs. Le corps du nouveau-né vint à la suite en se tordant comme un serpent, puis il fut couché dans la paille, maculé de sang et de mucus. J'étais présent lorsqu'à cinq heures du matin, les yeux que venait d'ouvrir pour la première fois ce veau nouveau-né se révulsèrent, que sa tête s'affaissa et que Nietotchka Vassilievna s'écria Mon Dieu, le veau! Je frottai le corps trempé de mucus de l'animal, lui massai le cœur, bougeai ses pattes. Il me semblait sentir au-dessus de ma tête le courant d'air provoqué par des hirondelles noires qui volaient vers la fenêtre. Dépassant par la fenêtre de l'étable éclaboussée de bouse, les fleurs ouvertes des deux abricotiers assistaient à la naissance. Je vis Nietotchka Vassilievna plonger la main dans la gueule du nouveau-né, en extirper la langue bleue et la débarrasser du mucus pour qu'il ne s'étouffe pas. Je sortis de l'étable et courus à travers la cour pour aller chercher au garde-manger de l'eau-de-vie, l'alcool de tête, pour la faire couler sur le nombril du nouveau-né afin, selon les mots de Nietotchka Vassilievna, de le désinfecter. Elle étendit l'animal sur le dos. Je regardai le cordon ombilical rompu, encore sanglant, et renversai le verre d'eau-de-vie. |
Encore un peu, dit Nietotchka Vassilievna, vas-y, verse encore, voilà, ça suffit. Il se passa bien un quart d'heure avant que nous puissions commencer à nous dire que l'animal survivrait. Nous lui bougions les pattes, Nietotchka Vassilievna lui secouait la tête et suppliait Dieu de garder l'animal en vie. La vache était étendue au sol, les yeux écarquillés, la tête tournée vers le nouveau-né.
Une vieille fermière du village passée là par hasard assistait au vêlage. Les veaux qui viennent au monde tout seuls sur les alpages, dit-elle, sont farouches et parfois aussi sauvages que des chevreuils. Nietotchka Vassilievna traîna le nouveau-né vers la vache. La vache doit se remettre sur pattes tout de suite après la naissance, dit-elle, elle ne doit pas rester couchée. Elle ouvrit la claire-voie de la mangeoire et y versa le broyé de fourrage. La vache se releva et alla lécher les céréales concassées avant de se tourner enfin vers le nouveau-né qu'elle commença à lécher. Au début, l'autre vache debout à côté donna quelques coups de sabot envieux en direction du veau, après quoi les deux vaches furent à lécher le nouveau-né. Nous déposâmes le veau sur un sac de jute et le portâmes jusqu'à sa litière.
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souvent vigoureusement frictionné au gros sel, la mère lèche, un lien créé |
Le benjamin de Nietotchka Vassilievna tenait une pointe du sac, moi l'autre, et nous posâmes le nouveau-né sur la paille. Nietotchka Vassilievna s'approcha et enfouit les doigts dans les boucles de sa tête encore humide des entrailles de sa mère. J'avais oublié de me laver les mains et m'assis à ma table d'écriture avec sur mes doigts le mucus desséché du nouveau-né. » (p 37-39)
mercredi 29 janvier 2025
à la boulangerie (11)
un creux dans l’affluence, derrière le comptoir, les deux vendeuses bavardent, Hier (dimanche) midi et demie, à Carrefour, une queue !!! blindé de chez blindé, à chaque fois que j’arrivais dans un rayon, fallait que j’attende, bien cru que que j’y arriverais pas pour une heure, mon mari, s’il a une petite liste ? une petite tête oui, elles rient, mais c’est vrai que liste ou pas liste, il oublie beaucoup une ombre sur son visage.
dimanche 26 janvier 2025
Lu et vu (133)
Lu
Le meilleur des témoins Ruth Rendell
Quelqu’un va venir Le Fils de Jon Fosse (théâtre)
Jardinage humain de Rodrigo Garcia
Vu
Spectacle
La Métamorphose mis en scène par la compagnie du Baluchon
Films dans le cadre du Fipadoc de Biarritz
Déliés de Johny English, Tom Garner
Le long chemin de Tamara Kotevska
Vivre et laisser vivre : la voix de Jackie Shane de Michaël Mabbott et Lucas Rosenberg-Lee
La fabuleuse histoire de la collection Ambroise Vollard de Tania Rakhmanova
Enfin libre de Santiago Esteinou
The Bibi files d’Alexis Bloom
jeudi 23 janvier 2025
Petites choses (93) qui réchauffent le cœur
visite de routine, le dentiste est en vacances, tomber sur son jeune remplaçant Tout va bien, vous devez avoir une vie très saine, faire du sport… non ? … une alimentation équilibrée… non plus ? un sourire, l’entretien se conclut Alors c’est que vous avez une vie heureuse
mercredi 22 janvier 2025
lundi 20 janvier 2025
à la boulangerie (10)
elle choisit une miche imposante, avant de passer à la caisse, soulevant le pain, la vendeuse On vous le tranche ? Non merci, derrière elle dans la queue, un éclat de rire, l’amie Comme moi alors, ils les font vraiment trop fines, j’aime les bonnes grosses tranches épaisses et tant qu’à faire en avoir plein la bouche La première, presque avec hauteur Moi, c’est pas pour ça, c’est juste que j’aime rompre le pain
dimanche 19 janvier 2025
Lu et vu (132)
Lu
Et tout ça en famille de Ruth Rendell
Poésie Œuvres complètes 9 de Raymond Carver Éditions de L’Olivier
PEUR
Peur de voir une bagnole de flics pénétrer dans l'allée.
Peur de s'endormir la nuit.
Peur de ne pas s'endormir.
Peur que le passé remonte.
Peur que le présent s'envole.
Peur de la sonnerie du téléphone en pleine nuit.
Peur des orages électriques.
Peur de la femme de ménage avec sa tache sur la joue!
Peur des chiens dont on m'a dit qu'ils ne mordraient pas.
Peur de l'anxiété!
Peur d'avoir à reconnaître le corps d'un ami défunt.
Peur de n'avoir plus d'argent.
Peur d'en avoir trop, mais je sais que les gens ne le croiront pas.
Peur des profils psychologiques.
Peur d'être en retard et peur d'arriver avant tout le monde.
Peur de voir l'écriture de mes enfants sur les enveloppes.
Peur qu'ils meurent avant moi, et de me sentir coupable.
Peur de devoir vivre avec ma mère quand elle sera vieille, et que je serai vieux.
Peur de la confusion.
Peur que ma journée se termine sur une note malheureuse.
Peur de me réveiller pour découvrir que tu es partie.
Peur de ne pas aimer et peur de ne pas aimer assez.
Peur que ce que j'aime se révèle mortel pour ceux que j'aime.
Peur de la mort.
Peur de vivre trop longtemps.
Peur de la mort.
Ça, je l'ai déjà dit. (p22)
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p 223 |
Cinéma
Je suis toujours là de Walter Salles
La clepsydre de Wojciech Has
Spectacle
Richard III mise en scène de Guillaume Séverac-Schmitz/Cie [Eudaimonia]
Le procès de Jeanne conception Judith Chemla et Yves Beaunesne, mise en scène d’Yves Beaunesne
samedi 18 janvier 2025
Fenêtre (22)
Vu d’un cercle de Michel Jullien
La maison est sur le point de disparaître dans son jardin, à l'appétit des fourrés, le toit léché de basses branches alourdies par leur poids, sur quoi elles appuient, les gouttières gainées de ronces, des fruits gâtés au sol, tout un maquis grimpant sur les volets, la clôture ourlée par un taillis attenant à la Mornante. Jacotte va s'y éteindre, dans la chambre du bas où la broussaille prétend entrer, Charlotte Arrouet qu'on appelle autrement la Jacotte, parce qu'elle fut d'ici, du hameau de La Jacotte - quoique née cévenole -, parce qu'elle est menue mais davantage parce qu'on connaissait surtout Jacques, son mari chaudronnier, le grand Jacques Arrouet, alors elle, Jacotte, diminutive du lieu et du mari. (p 51)
jeudi 16 janvier 2025
un soir à Pau
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Pau, 15 janvier, 18h15 |
sortir de la gare
prendre le funiculaire
en haut bref coup d’œil sur la chaîne
l’ami Jean-Pierre se découpe sur des féeries de rose
le froid est vif
ne pas s’attarder davantage
mardi 14 janvier 2025
Petites choses (92) grisantes
bientôt le soir, les façades s’embrasent, lever les yeux, un enchevêtrement de ramures, dans le nu de l’hiver, un nid attend
lundi 13 janvier 2025
une belle gelée,
à Pau aussi,
dimanche 12 janvier 2025
Lu et vu (131)
Lu
Mère et le crayon de Josef Winkler
Gioconda de Nikos Kokàntzis
L’autre nom de Jon Fosse
(…) et je pense que j'ai rangé dans l'une des deux chambres mansardées du grenier les tableaux que je n'ai jamais voulu vendre, dont deux parmi les premières images que j'ai composées quand j'ai commencé à peindre de la façon dont je voulais peindre, qui ne sont pas des peintures de maisons et de bâtiments effectuées à partir de photographies, et ces deux images sont toujours parmi les meilleures que j'ai composées, des images où à mes yeux j'ai vraiment réalisé quelque chose, oui, quelque chose de plus que ce que je peux en fait réaliser, quelque chose de plus grand que la vie, si tant est qu'on puisse le dire de cette façon ? oui, et tant pis si c'est une façon un peu grandiloquente de le dire, tant pis si ça paraît trop grandiose et trop grandiloquent, car oui, quand même, dans certaines images, j'arrive à accomplir ce que je voulais réaliser, je le vois, je le sais, et bien sûr que ce que dit l'image ne peut être dit autrement que de la manière dont cette image le dit, et ces images, mes meilleures images, je ne veux pas les vendre car je sais que vraisemblablement personne d'autre ne verra la nature de ce que renferment ces images, ni la valeur de ces images d'ailleurs, oui, la valeur, et quoi qu'il en soit je n'en obtiendrais qu'une somme beaucoup trop basse si je les vendais, et la valeur et le prix ne correspondraient en rien, voilà pourquoi je ne les vends pas, mais dans la chambre mansardée du grenier que je n’utilise pas en guise d’entrepôt j’en ai presque toujours une en exposition, une et une seule, depuis longtemps maintenant, et c’est un portrait que j’ai peint d’Ales, je pense, parce qu’il y a deux chambres mansardées dans le grenier, et j’utilise une pièce pour le stockage de matériel beaucoup des montants que j'utilise pour faire des châssis, beaucoup j'utilise pour faire des châssis, beaucoup de toiles, énormément de tubes de peinture à l'huile et encore plus de térébenthine, alors que l'autre chambre mansardée du grenier, celle de gauche, elle ne contient qu'une chaise, placée dans le milieu de la pièce entre les deux petites fenêtres du mur pignon, et sur cette chaise j'ai toujours posé contre le dossier un des tableaux que je ne veux pas vendre, et je ne veux pas les vendre car alors ils partent chez quelqu'un d'autre et ils disparaissent dans la nature, comme vont d'ailleurs le faire les deux piles de tableaux inclinés contre le mur tout près de la porte de la cuisine, car même si Beyer a soigneusement noté le nom et l'adresse de l'acheteur, oui, puisqu'il a photographié tous les tableaux depuis ma toute première exposition, il les a numérotés et il a noté le nom de l'acheteur, oui, même là, personne ne sait ce qu'il advient du tableau par la suite, si l'acheteur l'a donné ou revendu à quelqu'un d'autre, oui, le tableau disparaît alors dans la nature, à proprement parler, et il n'y a plus aucun moyen de le retrouver, oui, il y a des tableaux que j'ai vendus et que j'ai regretté d'avoir vendu, surtout les images que j'ai peintes quand j'allais à l'École des Beaux-Arts, jusqu'à ce que je prenne conscience qu'il y a des images que je refuse tout bonnement de vendre, et ce sont celles qui sont rangées dans le grenier, je garde donc les images que je ne veux pas vendre que j'ai peintes quand j'allais à l'École des Beaux-Arts, jusqu'à ce que je prenne conscience qu'il y a des images que je refuse tout bonnement de vendre, et ce sont celles qui sont rangées dans le grenier, je garde donc les images que je ne veux pas vendre dans la chambre mansardée de gauche, et j'en change régulièrement, je remplace par une autre celle que j'ai posée contre le dossier de la chaise, et parfois, surtout quand je n'arrive plus à peindre, quand je n'arrive plus à avancer dans ma peinture, je monte au grenier pour regarder l'image exposée contre le dossier de la chaise, ou bien je prends une autre image et je la pose contre le dossier de la chaise, et j'ai une autre chaise placée à quelques mètres de la chaise avec l'image, et je m'assieds sur cette chaise, et je regarde l'image, je la regarde encore et encore, oui, je peux rester assis comme ça depuis un certain temps, sans que je sache depuis combien de temps, et j'essaie de voir pourquoi dans le fond je continue à peindre des images, je reste assis et en silence je m'enfonce de plus en plus dans ce que je vois, dans ce qui est plus grand que la vie, peut-être, et tant pis si ce n'est pas la bonne façon de le dire, parce que, oui, ces images qui parlent en silence hors d'elles, qui disent la vérité, renferment une sorte de lumière, une sorte d'obscurité lumineuse, une lumière invisible, et là, quand je suis entré dans cette vision, ou dans cette manière de voir, ce n'est pas moi qui vois mais quelque chose qui voit à travers moi, en quelque sorte, et là je trouve toujours un moyen pour reprendre la composition de l'image que j'ai du mal à peindre dans l'instant, et c'est pareil avec tous les tableaux composés par les peintres que j'aime, j'ai l’impression que ce n'est pas le peintre qui voit mais quelque chose d'autre qui voit à travers le peintre, comme si ce quelque chose était capturé dans le tableau et parlait en silence hors de lui, et ça peut venir d’un simple coup de pinceau, un coup de pinceau qui permet à l’image de parler comme ça, et c’est incompréhensible, je pense, et je pense que c'est pareil avec l'écriture que j'aime lire, ce qui importe n'est pas ce qu'elle dit littéralement au sujet de ceci ou de cela mais quelque chose d'autre, quelque chose qui parle silencieusement dans et derrière les lignes et les phrases, et sinon, oui, voilà comment ça s'est fait, les tableaux que je garde dans le grenier ne sont que des grandes images parce que toutes les petites images vraiment bonnes Asleik les a choisies pour les offrir à la Sœur, oui, c'en est presque risible, il doit vraiment voir la même chose que moi, ou quelque chose d'approchant, (…) p 391 à 394
Vu
Cinéma
La chambre d’à côté de Pedro Almodóvar
Spectacle
Première mondiale du Collectif És
samedi 11 janvier 2025
Petites choses qui (92) rendent un brin mélancolique
revenir sur cette photo découverte à Betanzos, Galice, juin 1956, jour heureux, masse claire des jeunes filles bras dessus bras dessous, puis comme un peu en retrait celle sombre des adultes, les parents, la grand-mère et sur les côtés, touchants, ceux qui voudraient en être, rareté des photo,des appareils photo. un cadrage qu’on aurait pu plus serré, qui prend la photo, le grand-père tout à son nouveau jouet ? faut-il aussi montrer la puissante automobile qui les a conduits à La Coruña, soixante-dix ans, que sont les Barrera devenus, maison appartement vidé, une ou deux vieilles dames ressassent encore, qui pour retenir leurs souvenirs
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Foto Serrano Bodas y Banquetes Rosita, 4 -Bajo Izda LA CORUÑA 27 jun. 1956 |
vendredi 10 janvier 2025
jeudi 9 janvier 2025
mercredi 8 janvier 2025
Vieillir (67)
un intérieur épuré et lumineux, la vue baisse, les ans sont là mais des heures à dessiner encore et encore, du goût pour la mise en scène, vêtements, accessoires, une vie à être belle, ce jour pour le thé, un pull ivoire d’une chaude matière moelleuse, tel un aimant, sur le devant, l’ombre d’une toute petite tache, sa main a dû trembler, c’est la première fois, ne rien dire
mardi 7 janvier 2025
entrer en hiver
lundi 6 janvier 2025
dimanche 5 janvier 2025
Lu et vu (130)
Lu
Ann d’Angleterre de Julia Deck
« Puisque la patiente, depuis deux semaines, s'obstine à ne pas mourir, on l'estime sortie de la zone de danger imminente. Sur le scanner de contrôle, le saignement paraît arrêté, mais l'hématome reste énorme. On distingue mal l'étendue des lésions. Je sais que ma mère ne remarchera pas. Après un tel accident, elle n'aura pas la force de se remettre debout. Il risque de lui arriver le pire cauchemar de l'imagination populaire, devenir un végétal, et un végétal conscient de son état, un végétal pensant. Je continue d'espérer qu'elle va mourir tout en me félicitant qu'elle vive, heureuse qu'elle me reconnaisse, d'avoir encore une mère, qu'à travers l'épuisement et la parole entravée, elle me témoigne une sollicitude, l'éternelle appréhension que j'épuise ma machine. Malgré tout ce qui a disparu avec l'accident, quelque chose de notre relation demeure intact. C'est une situation très particulière d'espérer les progrès d'une personne dont on espère aussi la mort. C'est une situation intenable, à laquelle il vaut mieux ne pas penser. » (p 37)
(…) « Sur le quai, de jeunes actifs parlent dans des téléphones à cing cents euros en buvant des boissons dans des gobelets jetables. Ils flottent sur le toit du monde dans des baskets à deux cents euros livrées à leur porte en vingt-quatre heures, dépensent quinze euros pour un déjeuner à emporter dont la moitié atterrit à la poubelle. Ici, tout le monde a un travail, de beaux vêtements, des cappuccinos à volonté et des vieux dans des hôpitaux qui s'effondrent. » (p 88)
L’autre nom de Jon Fosse
(…) comme si sa douleur, ou sa souffrance, peut-être que le mot est meilleur, me poussaient à vouloir partir loin de lui, non pas parce que je ne voulais pas être avec lui mais parce que, non, je ne sais pas pourquoi, et peut-être que j'ai pensé que je risquais d'une certaine manière d'emporter sa douleur avec moi, de la traîner derrière moi, que je risquais de l'emporter loin de lui avec moi, si je continuais de rouler ? voilà en tout cas ce que je pense maintenant, comme une excuse pour être passé sans m'arrêter et ne pas être allé le voir mais au contraire avoir continué de rouler, car pourquoi (…) je ne suis pas passé le voir ? parce que je suis lâche ? parce que je n'arrivais pas à partager sa douleur ? partager sa douleur, mais qu'est-ce que je veux dire en pensant ça? car ce n'est qu'une façon de paler, partager la douleur, partager la souffrance, c'est une façon de parler, comme s'il était possible de partager la douleur, de partager la souffrance, je pense, et je me vois assis dans la voiture, et je regarde dehors, je regarde en direction du terrain de jeux au bas de l'allée, (…) p 34
Vu
En fanfare d’Emmanuel Courcol
Vingt Dieux de Louise Courvoisier
Spectateurs d’Arnaud Desplechin
Ernest Cole, photographe de Raoul Peck