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vendredi 31 janvier 2025

à la ferme (11)

 

Amikuze, 30 août 2015, 15 h 45

chaleur d’un jour d’été, vous êtes attendue, personne sur le seuil, coincé dans la porte d’entrée, sur un bon gros bout de carton récupéré, bien visible, un mot au feutre 


Élize, Mets-toi au frais. On est partis tirer un veau à Borde-Sallabure. À tout à l’heure.

Une urgence donc. 

vêleuse pour mise bas difficile 

L’Ukrainienne de Josef Winkler

« Nietotchka Vassilievna Iliachenko, ainsi que je la nommerai néanmoins, plongea une main dans le vagin d'une vache pleine pour attraper le veau par un pied. Elle avait le bras enfoncé jusqu'au coude dans le vagin de l'animal. Elle l'en retira et nous fit comprendre qu'elle ne trouvait pas le pied. La poche des eaux se rompit et gicla, nous éclaboussant, moi et son benjamin qui étions accroupis devant la vache, sur le pantalon, les mains et le visage. Je fis la grimace, comme à chaque fois que quelqu'un claque l'un contre l'autre les revers de ses mains mouillées et m'éclabousse le visage des gouttes restées sur ses doigts. De nouveau elle plongea la main dans le vagin, et à l'expression de son visage je compris qu'elle venait d'attraper un pied. Elle arriva enfin à le sortir, y noua la corde à veau qui était attachée à un petit bâton. Nietotchka Vassilievna enfonça de nouveau la main dans le vagin de la vache pour fixer la deuxième corde à la deuxième patte du veau. Une échelle était posée au sol de manière à buter contre le rebord de la rigole où s'écoulait l'urine des animaux. Le benjamin de Nietotchka Vassilievna et moi, un genou au sol, l'autre jambe tendue contre un barreau de l'échelle, nous tirions, lentement et en rythme, l'un puis l'autre, sur les deux cordes, tandis que Nietotchka Vassilievna, elle, écartait de ses mains le vagin de la vache pour que le crâne du veau puisse glisser au-dehors. 



Nous apercevions déjà la langue bleue qui pendait hors de la gueule du veau, le mufle rose bleuté, et quand apparut la tête, nous tirâmes de toutes nos forces sur les cordes attachées aux pattes avant de cette apparition. Le veau avait encore le cou retenu par le col du vagin lorsqu'il ouvrit les yeux et regarda les visages de tous les accoucheurs. Le corps du nouveau-né vint à la suite en se tordant comme un serpent, puis il fut couché dans la paille, maculé de sang et de mucus. J'étais présent lorsqu'à cinq heures du matin, les yeux que venait d'ouvrir pour la première fois ce veau nouveau-né se révulsèrent, que sa tête s'affaissa et que Nietotchka Vassilievna s'écria Mon Dieu, le veau! Je frottai le corps trempé de mucus de l'animal, lui massai le cœur, bougeai ses pattes. Il me semblait sentir au-dessus de ma tête le courant d'air provoqué par des hirondelles noires qui volaient vers la fenêtre. Dépassant par la fenêtre de l'étable éclaboussée de bouse, les fleurs ouvertes des deux abricotiers assistaient à la naissance. Je vis Nietotchka Vassilievna plonger la main dans la gueule du nouveau-né, en extirper la langue bleue et la débarrasser du mucus pour qu'il ne s'étouffe pas. Je sortis de l'étable et courus à travers la cour pour aller chercher au garde-manger de l'eau-de-vie, l'alcool de tête, pour la faire couler sur le nombril du nouveau-né afin, selon les mots de Nietotchka Vassilievna, de le désinfecter.
Elle étendit l'animal sur le dos. Je regardai le cordon ombilical rompu, encore sanglant, et renversai le verre d'eau-de-vie.

Encore un peu, dit Nietotchka Vassilievna, vas-y, verse encore, voilà, ça suffit. Il se passa bien un quart d'heure avant que nous puissions commencer à nous dire que l'animal survivrait. Nous lui bougions les pattes, Nietotchka Vassilievna lui secouait la tête et suppliait Dieu de garder l'animal en vie. La vache était étendue au sol, les yeux écarquillés, la tête tournée vers le nouveau-né.



Une vieille fermière du village passée là par hasard assistait au vêlage. Les veaux qui viennent au monde tout seuls sur les alpages, dit-elle, sont farouches et parfois aussi sauvages que des chevreuils. Nietotchka Vassilievna traîna le nouveau-né vers la vache. La vache doit se remettre sur pattes tout de suite après la naissance, dit-elle, elle ne doit pas rester couchée. Elle ouvrit la claire-voie de la mangeoire et y versa le broyé de fourrage. La vache se releva et alla lécher les céréales concassées avant de se tourner enfin vers le nouveau-né qu'elle commença à lécher. Au début, l'autre vache debout à côté donna quelques coups de sabot envieux en direction du veau, après quoi les deux vaches furent à lécher le nouveau-né. Nous déposâmes le veau sur un sac de jute et le portâmes jusqu'à sa litière. 

souvent vigoureusement frictionné au gros sel, la mère lèche, un lien créé 


Le benjamin de Nietotchka Vassilievna tenait une pointe du sac, moi l'autre, et nous posâmes le nouveau-né sur la paille. Nietotchka Vassilievna s'approcha et enfouit les doigts dans les boucles de sa tête encore humide des entrailles de sa mère. J'avais oublié de me laver les mains et m'assis à ma table d'écriture avec sur mes doigts le mucus desséché du nouveau-né. » (p 37-39)


mercredi 29 janvier 2025

à la boulangerie (11)

un creux dans l’affluence, derrière le comptoir, les deux vendeuses bavardent, Hier (dimanche) midi et demie, à Carrefour, une queue !!! blindé de chez blindé, à chaque fois que j’arrivais dans un rayon, fallait que j’attende, bien cru que que j’y arriverais pas pour une heure, mon mari, s’il a une petite liste ? une petite tête oui, elles rient, mais c’est vrai que liste ou pas liste, il oublie beaucoup une ombre sur son visage. 

dimanche 26 janvier 2025

Lu et vu (133)

 Lu

Le meilleur des témoins Ruth Rendell

Quelqu’un va venir Le Fils de Jon Fosse (théâtre)

Jardinage humain de Rodrigo Garcia

Vu 

Spectacle 

La Métamorphose mis en scène par la compagnie du Baluchon 

Films dans le cadre du Fipadoc de Biarritz 

Déliés de Johny English, Tom Garner

Le long chemin de Tamara Kotevska

Vivre et laisser vivre : la voix de Jackie Shane de Michaël Mabbott et Lucas Rosenberg-Lee

La fabuleuse histoire de la collection Ambroise Vollard de Tania Rakhmanova

Enfin libre de Santiago Esteinou

The Bibi files d’Alexis Bloom

jeudi 23 janvier 2025

Petites choses (93) qui réchauffent le cœur

visite de routine, le dentiste est en vacances, tomber sur son jeune remplaçant Tout va bien, vous devez avoir une vie très saine, faire du sport… non ? … une alimentation équilibrée… non plus ? un sourire, l’entretien se conclut Alors c’est que vous avez une vie heureuse 

lundi 20 janvier 2025

à la boulangerie (10)

 elle choisit une miche imposante, avant de passer à la caisse, soulevant le pain, la vendeuse On vous le tranche ? Non merci, derrière elle dans la queue, un éclat de rire, l’amie Comme moi alors, ils les font vraiment trop fines, j’aime les bonnes grosses tranches épaisses et tant qu’à faire en avoir plein la bouche La première, presque avec hauteur Moi, c’est pas pour ça, c’est juste que j’aime rompre le pain

dimanche 19 janvier 2025

Lu et vu (132)

 Lu

Et tout ça en famille de Ruth Rendell 

Poésie Œuvres complètes 9 de Raymond Carver Éditions de L’Olivier

PEUR

Peur de voir une bagnole de flics pénétrer dans l'allée.

Peur de s'endormir la nuit.

Peur de ne pas s'endormir.

Peur que le passé remonte.

Peur que le présent s'envole.

Peur de la sonnerie du téléphone en pleine nuit.

Peur des orages électriques.

Peur de la femme de ménage avec sa tache sur la joue!

Peur des chiens dont on m'a dit qu'ils ne mordraient pas.

Peur de l'anxiété!

Peur d'avoir à reconnaître le corps d'un ami défunt.

Peur de n'avoir plus d'argent.

Peur d'en avoir trop, mais je sais que les gens ne le croiront pas.

Peur des profils psychologiques.

Peur d'être en retard et peur d'arriver avant tout le monde.

Peur de voir l'écriture de mes enfants sur les enveloppes.

Peur qu'ils meurent avant moi, et de me sentir coupable.

Peur de devoir vivre avec ma mère quand elle sera vieille, et que je serai vieux.

Peur de la confusion.

Peur que ma journée se termine sur une note malheureuse.

Peur de me réveiller pour découvrir que tu es partie.

Peur de ne pas aimer et peur de ne pas aimer assez.

Peur que ce que j'aime se révèle mortel pour ceux que j'aime.

Peur de la mort.

Peur de vivre trop longtemps.

Peur de la mort.

Ça, je l'ai déjà dit. (p22)


p 66

p 223


Vu


Cinéma 


Je suis toujours là de Walter Salles

La clepsydre de Wojciech Has


Spectacle


Richard III mise en scène de Guillaume Séverac-Schmitz/Cie [Eudaimonia]


Le procès de Jeanne conception Judith Chemla et Yves Beaunesne, mise en scène d’Yves Beaunesne


samedi 18 janvier 2025

Fenêtre (22)

 


Vu d’un cercle de Michel Jullien

La maison est sur le point de disparaître dans son jardin, à l'appétit des fourrés, le toit léché de basses branches alourdies par leur poids, sur quoi elles appuient, les gouttières gainées de ronces, des fruits gâtés au sol, tout un maquis grimpant sur les volets, la clôture ourlée par un taillis attenant à la Mornante. Jacotte va s'y éteindre, dans la chambre du bas où la broussaille prétend entrer, Charlotte Arrouet qu'on appelle autrement la Jacotte, parce qu'elle fut d'ici, du hameau de La Jacotte - quoique née cévenole -, parce qu'elle est menue mais davantage parce qu'on connaissait surtout Jacques, son mari chaudronnier, le grand Jacques Arrouet, alors elle, Jacotte, diminutive du lieu et du mari. (p 51)

jeudi 16 janvier 2025

un soir à Pau

Pau, 15 janvier, 18h15

sortir de la gare 

prendre le funiculaire 

en haut bref coup d’œil sur la chaîne 

l’ami Jean-Pierre se découpe sur des féeries de rose

le froid est vif

ne pas s’attarder davantage

mardi 14 janvier 2025

Petites choses (92) grisantes

 

 

 bientôt le soir, les façades s’embrasent, lever les yeux, un enchevêtrement de ramures, dans le nu de l’hiver, un nid attend

lundi 13 janvier 2025

une belle gelée,

 


à Pau aussi, 


boulevard des Pyrénées, 


le ginkgo à nu et en contrebas l’hôtel du département, un geste architectural de rupture vigoureusement accompagné, dit-on, par le président du conseil général de l’époque et actuel maire de la ville,



le château depuis le parc, le gave rive droite à Billère, le long du golf, 


le château rive gauche depuis Jurançon, nos immuables

dimanche 12 janvier 2025

Lu et vu (131)

 Lu 

Mère et le crayon de Josef Winkler

Gioconda de Nikos Kokàntzis

L’autre nom de Jon Fosse

(…) et je pense que j'ai rangé dans l'une des deux chambres mansardées du grenier les tableaux que je n'ai jamais voulu vendre, dont deux parmi les premières images que j'ai composées quand j'ai commencé à peindre de la façon dont je voulais peindre, qui ne sont pas des peintures de maisons et de bâtiments effectuées à partir de photographies, et ces deux images sont toujours parmi les meilleures que j'ai composées, des images où à mes yeux j'ai vraiment réalisé quelque chose, oui, quelque chose de plus que ce que je peux en fait réaliser, quelque chose de plus grand que la vie, si tant est qu'on puisse le dire de cette façon ? oui, et tant pis si c'est une façon un peu grandiloquente de le dire, tant pis si ça paraît trop grandiose et trop grandiloquent, car oui, quand même, dans certaines images, j'arrive à accomplir ce que je voulais réaliser, je le vois, je le sais, et bien sûr que ce que dit l'image ne peut être dit autrement que de la manière dont cette image le dit, et ces images, mes meilleures images, je ne veux pas les vendre car je sais que vraisemblablement personne d'autre ne verra la nature de ce que renferment ces images, ni la valeur de ces images d'ailleurs, oui, la valeur, et quoi qu'il en soit je n'en obtiendrais qu'une somme beaucoup trop basse si je les vendais, et la valeur et le prix ne correspondraient en rien, voilà pourquoi je ne les vends pas, mais dans la chambre mansardée du grenier que je n’utilise pas en guise d’entrepôt j’en ai presque toujours une en exposition, une et une seule, depuis longtemps maintenant, et c’est un portrait que j’ai peint d’Ales, je pense, parce qu’il y a deux chambres mansardées dans le grenier, et j’utilise une pièce pour le stockage de matériel beaucoup des montants que j'utilise pour faire des châssis, beaucoup j'utilise pour faire des châssis, beaucoup de toiles, énormément de tubes de peinture à l'huile et encore plus de térébenthine, alors que l'autre chambre mansardée du grenier, celle de gauche, elle ne contient qu'une chaise, placée dans le milieu de la pièce entre les deux petites fenêtres du mur pignon, et sur cette chaise j'ai toujours posé contre le dossier un des tableaux que je ne veux pas vendre, et je ne veux pas les vendre car alors ils partent chez quelqu'un d'autre et ils disparaissent dans la nature, comme vont d'ailleurs le faire les deux piles de tableaux inclinés contre le mur tout près de la porte de la cuisine, car même si Beyer a soigneusement noté le nom et l'adresse de l'acheteur, oui, puisqu'il a photographié tous les tableaux depuis ma toute première exposition, il les a numérotés et il a noté le nom de l'acheteur, oui, même là, personne ne sait ce qu'il advient du tableau par la suite, si l'acheteur l'a donné ou revendu à quelqu'un d'autre, oui, le tableau disparaît alors dans la nature, à proprement parler, et il n'y a plus aucun moyen de le retrouver, oui, il y a des tableaux que j'ai vendus et que j'ai regretté d'avoir vendu, surtout les images que j'ai peintes quand j'allais à l'École des Beaux-Arts, jusqu'à ce que je prenne conscience qu'il y a des images que je refuse tout bonnement de vendre, et ce sont celles qui sont rangées dans le grenier, je garde donc les images que je ne veux pas vendre que j'ai peintes quand j'allais à l'École des Beaux-Arts, jusqu'à ce que je prenne conscience qu'il y a des images que je refuse tout bonnement de vendre, et ce sont celles qui sont rangées dans le grenier, je garde donc les images que je ne veux pas vendre dans la chambre mansardée de gauche, et j'en change régulièrement, je remplace par une autre celle que j'ai posée contre le dossier de la chaise, et parfois, surtout quand je n'arrive plus à peindre, quand je n'arrive plus à avancer dans ma peinture, je monte au grenier pour regarder l'image exposée contre le dossier de la chaise, ou bien je prends une autre image et je la pose contre le dossier de la chaise, et j'ai une autre chaise placée à quelques mètres de la chaise avec l'image, et je m'assieds sur cette chaise, et je regarde l'image, je la regarde encore et encore, oui, je peux rester assis comme ça depuis un certain temps, sans que je sache depuis combien de temps, et j'essaie de voir pourquoi dans le fond je continue à peindre des images, je reste assis et en silence je m'enfonce de plus en plus dans ce que je vois, dans ce qui est plus grand que la vie, peut-être, et tant pis si ce n'est pas la bonne façon de le dire, parce que, oui, ces images qui parlent en silence hors d'elles, qui disent la vérité, renferment une sorte de lumière, une sorte d'obscurité lumineuse, une lumière invisible, et là, quand je suis entré dans cette vision, ou dans cette manière de voir, ce n'est pas moi qui vois mais quelque chose qui voit à travers moi, en quelque sorte, et là je trouve toujours un moyen pour reprendre la composition de l'image que j'ai du mal à peindre dans l'instant, et c'est pareil avec tous les tableaux composés par les peintres que j'aime, j'ai l’impression que ce n'est pas le peintre qui voit mais quelque chose d'autre qui voit à travers le peintre, comme si ce quelque chose était capturé dans le tableau et parlait en silence hors de lui, et ça peut venir d’un simple coup de pinceau, un coup de pinceau qui permet à l’image de parler comme ça, et c’est incompréhensible, je pense, et je pense que c'est pareil avec l'écriture que j'aime lire, ce qui importe n'est pas ce qu'elle dit littéralement au sujet de ceci ou de cela mais quelque chose d'autre, quelque chose qui parle silencieusement dans et derrière les lignes et les phrases, et sinon, oui, voilà comment ça s'est fait, les tableaux que je garde dans le grenier ne sont que des grandes images parce que toutes les petites images vraiment bonnes Asleik les a choisies pour les offrir à la Sœur, oui, c'en est presque risible, il doit vraiment voir la même chose que moi, ou quelque chose d'approchant, (…) p 391 à 394


Vu

Cinéma 

La chambre d’à côté de Pedro Almodóvar 


Spectacle 

Première mondiale du Collectif És


samedi 11 janvier 2025

Petites choses qui (92) rendent un brin mélancolique


revenir sur cette photo découverte à Betanzos, Galice, juin 1956, jour heureux, masse claire des jeunes filles bras dessus bras dessous, puis comme un peu en retrait celle sombre des adultes, les parents, la grand-mère et sur les côtés, touchants, ceux qui voudraient en être, rareté des photo,des appareils photo. un cadrage qu’on aurait pu plus serré, qui prend la photo, le grand-père tout à son nouveau jouet ? faut-il aussi montrer la puissante automobile qui les a conduits à La Coruña, soixante-dix ans, que sont les Barrera devenus, maison appartement vidé, une ou deux vieilles dames ressassent encore, qui pour retenir leurs souvenirs

Foto Serrano Bodas y Banquetes
Rosita, 4 -Bajo Izda
LA CORUÑA
27 jun. 1956

vendredi 10 janvier 2025

jeudi 9 janvier 2025

Dans la rue

 un chien court, elle court derrière lui, ses cris Éros Éros

mercredi 8 janvier 2025

Vieillir (67)

un intérieur épuré et lumineux, la vue baisse, les ans sont là mais des heures à dessiner encore et encore, du goût pour la mise en scène, vêtements, accessoires, une vie à être belle, ce jour pour le thé, un pull ivoire d’une chaude matière moelleuse, tel un aimant, sur le devant, l’ombre d’une toute petite tache, sa main a dû trembler, c’est la première fois, ne rien dire

mardi 7 janvier 2025

entrer en hiver

Coarraze, 2 décembre, 14h30

des éclaircies, la douceur de jours ensoleillés, farouche élan de vie et petites feuilles, le vent mauvais peut bien souffler, elles s’accrochent

lundi 6 janvier 2025

ce ciel,


Artigueloutan, 5 janvier, 17h45

demain, sûr, il pleuvra, aujourd’hui, gagné, à seaux, la pluie

dimanche 5 janvier 2025

Lu et vu (130)

 Lu

Ann d’Angleterre de Julia Deck

« Puisque la patiente, depuis deux semaines, s'obstine à ne pas mourir, on l'estime sortie de la zone de danger imminente. Sur le scanner de contrôle, le saignement paraît arrêté, mais l'hématome reste énorme. On distingue mal l'étendue des lésions. Je sais que ma mère ne remarchera pas. Après un tel accident, elle n'aura pas la force de se remettre debout. Il risque de lui arriver le pire cauchemar de l'imagination populaire, devenir un végétal, et un végétal conscient de son état, un végétal pensant. Je continue d'espérer qu'elle va mourir tout en me félicitant qu'elle vive, heureuse qu'elle me reconnaisse, d'avoir encore une mère, qu'à travers l'épuisement et la parole entravée, elle me témoigne une sollicitude, l'éternelle appréhension que j'épuise ma machine. Malgré tout ce qui a disparu avec l'accident, quelque chose de notre relation demeure intact. C'est une situation très particulière d'espérer les progrès d'une personne dont on espère aussi la mort. C'est une situation intenable, à laquelle il vaut mieux ne pas penser. » (p 37)


(…)  « Sur le quai, de jeunes actifs parlent dans des téléphones à cing cents euros en buvant des boissons dans des gobelets jetables. Ils flottent sur le toit du monde dans des baskets à deux cents euros livrées à leur porte en vingt-quatre heures, dépensent quinze euros pour un déjeuner à emporter dont la moitié atterrit à la poubelle. Ici, tout le monde a un travail, de beaux vêtements, des cappuccinos à volonté et des vieux dans des hôpitaux qui s'effondrent. » (p 88)


L’autre nom de Jon Fosse


(…) comme si sa douleur, ou sa souffrance, peut-être que le mot est meilleur, me poussaient à vouloir partir loin de lui, non pas parce que je ne voulais pas être avec lui mais parce que, non, je ne sais pas pourquoi, et peut-être que j'ai pensé que je risquais d'une certaine manière d'emporter sa douleur avec moi, de la traîner derrière moi, que je risquais de l'emporter loin de lui avec moi, si je continuais de rouler ? voilà en tout cas ce que je pense maintenant, comme une excuse pour être passé sans m'arrêter et ne pas être allé le voir mais au contraire avoir continué de rouler, car pourquoi (…) je ne suis pas passé le voir ? parce que je suis lâche ? parce que je n'arrivais pas à partager sa douleur ? partager sa douleur, mais qu'est-ce que je veux dire en pensant ça? car ce n'est qu'une façon de paler, partager la douleur, partager la souffrance, c'est une façon de parler, comme s'il était possible de partager la douleur, de partager la souffrance, je pense, et je me vois assis dans la voiture, et je regarde dehors, je regarde en direction du terrain de jeux au bas de l'allée, (…) p 34


Vu


En fanfare d’Emmanuel Courcol


Vingt Dieux de Louise Courvoisier 


Spectateurs d’Arnaud Desplechin


Ernest Cole, photographe de Raoul Peck

samedi 4 janvier 2025

sur la terre engourdie,


 

vieil acacia échoué


et valeureux figuier, 

tous deux reverdiront, 

guetter le cœur battant le retour du printemps

vendredi 3 janvier 2025

du côté (5) de Lestelle-Bétharram en Béarn

classe unique de huit élèves Là-bas, ils fonctionnent sur le système du permis à points comme sur la route, dix points au  départ pour la conduite et tu les perds au fur et à mesure, le fils de l’amie en a déjà perdu trois, bousculer quelqu’un à la récré, hop ! un point en moins, si tu tombes à zéro, t’es convoqué chez le maire, un colosse, il est mort de peur

jeudi 2 janvier 2025

à Anglet, signaler l’école Jean Jaurès

 


ailleurs aussi un crayon de charpentier géant, rouge des bien très bien mal, ardoise craie blanche, calligraphie d’antan pour signaler une école ? 

mercredi 1 janvier 2025

Zoriantasuna,

 

vers la Pierre St-Martin, 1er janvier 2025, 13 heures 

la gourde offerte par C. pour marquer le départ à la retraite, la « jubilación » disent nos voisins de l’autre côté des Pyrénées, ajouté par ses soins un mot en basque « zoriantasuna bonheur »,  en la sortant chaque fois penser à elle, 


comme en ce jour dans la lumière de l’an neuf, Zoriantasuna deneri helduden urterrako Bonheur à tous pour l’an qui vient