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dimanche 25 mai 2025

Lu et vu (149)

Lu 

Je ressemble à une chambre noire de Roja Chamankar
Si belles et fraîches étaient les roses de Nella Bielski

Vu

Cinéma

Jeunes mères des frères Dardenne

à Cracovie

château royal Wawel 


la basilique cathédrale Saints-Stanislas-et-Wenceslas du Wawel

la Vieille Synagogue

exposition : Traces de la mémoire au Galicia Jewish Museum

(…) Un dernier point important à souligner est la maniere dont l’exposition a été aménagée. À la suite de cette introduction, s'enchainent cinq parties. Cela s'explique par la complexité des sujets abordés. Nous voulions éviter de classer les photographies dans des propos inappropriés, des généralités stéréotypées. A la place, nous proposons une vision pluridimensionnelle et des perspectives multiples sur les différents sujets photographiés. 

Il y a en réalité cinq messages simples que nous voulions suggérer, cinq façons ou approches de par lesquelles l'absence tragique des Juifs après l'Holocauste peut être observée : la tristesse induite par les ruines; l'intérêt pour la culture d'origine, l'horreur face aux procédés de la destruction, et la reconnaissance des problèmes rencontrés en se confrontant au passé, incluant à la fois l'effacement des traces de la mémoire, mais également les efforts mis en œuvre pour la préserver et se remémorer. Afin de souligner l'absence de la population juive, vous ne trouverez aucun individu dans les photographies des quatre premières sections. 

Cependant, la dernière section renverse ce parti-pris en se focalisant sur les personnes aujourd'hui impliquées, de différentes manières, commémorant et honorant le souvenir du passé juif en Galicie, en célébrant sa culture, et en contribuant à la présence juive et à son renouveau. La réalité d'aujourd'hui présentée par cette exposition contient ces cinq messages simultanément: les ruines ainsi que les restaurations, l'absence ainsi que la présence.

 C'est un orchestre de voix qui doivent toutes être entendues. 


Les traces de la mémoire laissées au dépens du hasard témoignent d'une réalité complexe.

Il ne reste qu'une seule tombe au cimetière de Wola Duchacka à Cracovie, qui fut entièrement détruit par les Allemands pour installer le camp de concentration KL Plaszów. Pour beaucoup de Juifs, cette photographie est peut-être une représentation poignante de la façon dont ils perçoivent la présence juive en Pologne aujourd'hui: un cimetière de l'Holocauste, sans relief et vide, excepté pour quelques reliques fortuites. Pourtant, faut-il voir dans cette solitaire pierre tombale la dernière trace d'un passé juif d'avant-guerre, ou bien un symbole de la catastrophe qui l'a englouti ? Il n'y a pas de réponse simple à cela. Il semble que ces deux interprétations se justifient, dans une ambiguïté  révélatrice de la complexité des événements. 



Traces de l'emplacement d'une mezouza


Les Juifs ont le devoir religieux de fixer un petit rouleau de parchemin contenant des textes bibliques, appelé mezouza, sur l'encadrement de leur porte. Son but est de rappeler aux Juifs leur identité spirituelle et morale. Ces traces indiquent qu'il s'agissait autrefois d'une maison juive. On peut encore observer de telles traces de mezouza aujourd'hui à l'entrée des maisons privées de certaines villes de Galice, et parfois même de petits villages isolés. Bien que ces traces disparaissent lorsque les encadrements de porte sont rénovés par les nouveaux propriétaires, tant qu'elles perdurent, elles constituent un témoignage poignant et public marquant physiquement l'absence des Juifs de leurs anciennes demeures.



Une pierre tombale juive utilisée pour le pavage


Sur ordre allemand, les pierres tombales étaient souvent retirées des cimetières juifs pendant la guerre pour être réutilisées comme matériaux de construction. Les Polonais locaux se servaient également des pierres, surtout après la guerre, longtemps après que les Juifs aient été emmenés. Dans le village isolé de Wielkie Oczy (près de la frontière ukrainienne), un agriculteur local a montré au photographe une pierre tombale que son beau-père avait prise au cimetière juif pour l'utiliser comme pavage devant l'entrée de sa maison. Il l'avait posé face cachée, mais le fermier était toujours mal à l'aise à cause de ce qui avait été fait et voulait rendre la pierre au cimetière. Elle est brisée en deux mais sinon presque intacte, avec une inscription hébraïque parfaitement conservée.



La pierre tombale décorée d'un cohen, prêtre juif qui a béni le monde.


Les symboles étaient très courants sur les pierres tombales juives de Galicie. Les mains représentées ici montrent la bénédiction rituelle de la congrégation, prononcée à la synagogue par les « cohanimi », un petit groupe au sein du peuple juif descendant des prêtres des temps bibliques, qui la récitent les mains levées. Le plan de Dieu est perçu avec optimisme comme fondé sur le désir de combler l'humanité de bénédiction, et les prêtres sont un vecteur de transmission de cette énergie cosmique au monde. Mais la pierre tombale est en mauvais état : les mains sont abîmées et l'inscription est illisible. La bénédiction a disparu.



des Polonais ont risqué leur vie pour sauver les Juifs pendant l'Holocauste


La croix et l'étoile de David sur ce mémorial, dans un champ isolé de la forêt près du village de Brzostek, marquent la fosse commune de sept personnes - six Juifs, membres d'une famille et un Polonais catholique appelé Jan Janton. Les Juifs avaient été cachés par Janton dans un abri souterrain dans la forêt ici, et il leur apportait régulièrement de la nourriture. Mais il a été trahi par un informateur, les Allemands sont arrivés et ont tiré sur tout le groupe. 

Son attitude héroïque fut cependant récompensée par la reconnaissance de «Juste parmi les nations de Yad Vashem », comme ce fut le cas pour 6500 autres Polonais.



La collaboration polonaise dans la poursuite et l'assassinat des juifs.


Au printemps 1942, les Polonais de la modeste ferme de Gniewczyna, proche de la ville de Przeworsk (200 km à l'est de Cracovie) ont poussé 16 de leurs voisins juifs dans une maison, les ont torturés, volés, violés, et ont ensuite convoqué les forces de police allemande pour les assassiner. 

Ce bâtiment abandonné n'est pas l'endroit du crime, l'ancienne maison ayant été démolie dans les années 1980, mais il s'agit plutôt d'une étable qui se tient sur le lieu-dit, et se trouve en ruines, car le passé du site est trop lourd et le rend invendable. 

Ces atrocités étaient rares, mais elles se sont réellement produites, comme par exemple à Jedwabne au nord-est de la Pologne, où des juifs ont été enfermés dans une grange à  laquelle on a mis le feu. 

Cependant, il n'y a pas de généralité à faire en ce qui concerne le sentiment antisémite parmi les catholiques, surtout lorsque l'on aborde des épisodes aussi brutaux et tragiques, en particulier à Gniewczyna où des Polonais ont également aidé et sauvé leurs voisins juifs..


quatrième et avant-dernier chapitre de l’exposition 


L'objectif de cette section est d'illustrer la coexistence et le déséquilibre de stratégies de commémorations très variées qui font ressurgir un grand nombre de questions. 

Certaines villes n'abordent pas la question de la mémoire dans une seule et cohérente approche : l'ancienne synagogue a pu être transformée en commerce alors que le cimetière juif a été préservé.

Il est donc difficile d'interpréter la façon dont les locaux comprennent et se réapproprient les traces de la mémoire juive dans leurs lieux de vie; et de prédire leurs évolutions. (…) Ce n'est pas une tâche facile de suggérer ce qui devrait être fait avec les restes abandonnés des cimetières, en particulier des fragments de pierres tombales. 

Une solution originale a été adoptée dans nombre de villes et villages : la construction d'un mur des lamentations à partir de ces fragments de pierres (…)

De la même manière, un jardin mémoriel comprenant le reste des pierres tombales d'un cimetière juif à un niveau local peut servir à la fois de lieu de commémoration de l'Holocauste, tout en préservant l'héritage juif du village en question.

La commémoration du Génocide a certainement pris forme mais elle ne se fait pas de manière linéaire, et les généralisations sont difficiles. Il reste beaucoup à faire, en particulier dans le domaine de l'éducation et de la transmission aux nouvelles générations. 





« Terre,  puisse mon indignation ne jamais trouver le

repos » ( Bible hébraïque)


Le site du camp de la mort de Betzec, envahi et négligé pendant des décennies, sans qu'il ne reste plus une seule trace, a finalement été marqué en 2004 par un mémorial, sûrement l'un des monuments de l'Holocauste les plus puissants sur le plan émotionnel jamais construits. 

L'ensemble du site a été recouvert de rochers ressemblant à de la lave volcanique, créant une zone de dévastation absolue afin de rappeler les 450 000 victimes tuées par gaz et enterrées dans des fosses communes.  

Une passerelle environnante enregistre les noms polonais et yiddish de chaque ville et petite ville d'où ils ont été expulsés. 

C'est leur cimetière. 

Au sommet de la colline, juste visible, se dresse un mur commémoratif ; une inscription y rappelle l’expression biblique selon laquelle le meurtre ne devrait jamais être oublié.




Des chaises désolées et vides dans la place des héros du ghetto de Cracovie, symbolisant le vide laissé par les Juifs absents.


Un air de désolation semble planer sur cette place de Podgórze (Cracovie), transformée en mémorial en 2005 en hommage aux Juifs de la ville. 

La place était l'Umschlagplatz du ghetto, où les Juifs avaient reçu l'ordre de s'assembler avant d'être déportés vers des camps de concentration et des camps de la mort. Pendant ces moments d’horreur, les enfants en bas âge ont été assassinés et les personnes âgées tuées dans les rues adjacentes. 

Puisque les Juifs avaient apporté des meubles avec eux lors de l'ouverture du ghetto en mars 1941, et puisque ces meubles avaient été jetés là après sa liquidation en mars 1943, les deux architectes de Cracovie retenus pour concevoir un mémorial en 2004 ont imaginé toute la place comme un monument aux morts. Ils ont voulu rappeler la façon dont les nazis ont dépossédé les juifs du ghetto de leur mobilier et biens. Ces chaises vides sculptées sont là pour symboliser l’absence et susciter la curiosité des passants.


Plac Bohaterów Getta, 23 mai, 15h30



l’usine musée d’Oskar Schindler



"(…) juste de l'autre côté du mur, de l'autre côté de la porte, c'est un monde différent. Ce monde est également tourmenté par la guerre, mais d'une certaine manière, il est aussi libre. Là-bas, les enfants vont à l'école, et les adultes travaillent, se promènent dans les rues lumineuses ou le Planty, visitent des expositions, écoutent l'appel du clairon sonné depuis la tour de l’église Sainte-Marie. »

- Halina Nelken, 17 ans




PHOTO. Porte numéro III entre les bâtiments de la rue Lwowska et de la rue Józefinska 



propriété de Kukasz Biedka



"N'était-il pas trop facile de dire - échappe à la déportation !


Et comment étiez-vous censé traverser la clôture en fil de fer barbelé bordée de policiers ? Comment faire le premier pas libre dans une rue ? 



Une fois qu'ils avaient remarqué le brassard, ils vous mettaient une balle dans la tête. Laisser tomber le brassard ? Une fois qu'ils avaient remarqué que le symbole blanc glissait de votre bras, ils vous remettaient immédiatement à la police. 
Même si vous vous cachiez dans la plus sombre des portes [...] quelqu'un vous voyait toujours entrer dans cette porte en tant que juif et en sortir comme - comme qui ? Eh bien, qui ? Même si vous aviez laissé tomber votre brassard cent fois, vous seriez toujours vous-même.


Vous resteriez toujours un juif - mais sans brassard.


Votre judéité ressortait à chaque mouvement anxieux, à chaque pas hésitant, chaque fois que vous penchiez le dos, comme chargé du joug de la servitude, chaque fois que vous lanciez un regard d'animal appâté ; c'était évident dans toute votre silhouette, votre visage, vos yeux, tous portaient le cachet du ghetto."


- Gusta Dänger, enseignant, combattant du ZÖB




le. bureau d’Oskar Schindler 



et des noms, tous ces noms, pourtant juste une poignée,  


les parcourir des yeux 



à Wieliczka (une dizaine de kilomètres de Cracovie) mine de sel

sculpture de sel par mineurs autodidactes


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