Rechercher dans ce blog

dimanche 13 avril 2025

Lu et vu (144)

Lu

On s’y fera de Zoyâ Pirzâd

Vie de poète de Robert Walser

La Barque de Masao d’Antoine Choplin 

Ceux qui appartiennent au jour d’Emma Doude van Troostwijk

   Nicolaas s'installe prudemment sur la balançoire. Un des poteaux se soulève un peu sous son poids. Je m'assois en tailleur à côté de lui. J'arrache une tige, la tiens fermement au niveau de l'épi. Je demande poule ou coq? Nicolaas me regarde. Il répond poule. Je fais glisser la tige de la graminée entre le pouce et l'index. Les graines se détachent. Je montre le résultat, t'as gagné. Mon frère a les yeux perdus dans les mauvaises herbes du jardin. Dure journée? Il acquiesce. Une coccinelle se pose sur son tee-shirt. J'étais en stage d'aumônerie à l'hôpital aujourd'hui.Il récupère le petit insecte sur son doigt, observe la carapace rouge et noire. J'ai vu une vieille dame mourir pour la première fois. La coccinelle se secoue un peu. Nicolaas hésite avant de reprendre, je ne savais pas quoi dire pour la rassurer. D'un coup tout ce que j'avais appris ne servait plus à rien. Je décroise les jambes. Je demande, t'as fait quoi ? J'ai chanté doucement s'endort la terre. Le visage de Nicolaas se détend. J'entonne, doucement s'endort la terre, dans le soir tombant, ferme vite tes paupières, dors petit enfant. La coccinelle fait trembler ses ailes avant de s'envoler. (p 97, 98)


   Nicolaas, Papa et moi sommes assis dans les graviers, le dos contre le mur du Presbytère. Mama nous rejoint. Elle glisse son corps jusqu'au sol rocailleux. Nos bras mélangés forment une farandole. Papa rompt le silence. Il dit, la dernière fois, je me suis dit que le golf c'était en fait rien d'autre qu'un jeu de billes pour adultes, leuk hé? Nicolaas s'éclaire un peu. Mama pouffe. Le silence revient. Sur ma joue tombe une goutte. Je tends la main. Il va pleuvoir. Nicolaas soupire. Il forme un mot, le laisse planer un instant. À quoi ça sert. Je le regarde droit dans les yeux. Mama dit, à quoi ça sert quoi Nicolaas reprend son souffle. À quoi ça sert que je devienne pasteur si plus personne. Papa dit, si plus personne ne se souvient ? Je réplique, bah regarde Papa et Opa, ils ne se rappellent de rien mais ils existent et c'est chouette quand même. Papa me donne un coup de coude. Nicolaas rit. Mama se lève. Par-dessus son épaule, sa voix résonne, un pasteur, ça sert à garder les histoires vivantes Nicolaas, c'est déjà bien, raconter des histoires. (p 169, 170)


Emma Doude van Troostwijk à la librairie Mollat

Vu 

Exposition 

Bilbao, Azkuna Zentroa, projet abandonné de centrale nucléaire de Lemoiz vu par Ixone Sádaba Escale : 1,1

Journal El País du 8 mars 2025

« Les racines de Lemoiz remontent à la fin de la période franquiste. Il s'agit d'un projet du gouvernement de la dictature visant à construire des dizaines de centrales nucléaires dans toute l'Espagne. Quatre d'entre elles devaient être implantées au Pays basque et en Navarre, mais seule celle de Lemoiz, qui devait abriter deux réacteurs sous des dômes de béton, a été réalisée. Les terres de la région, appartenant en grande partie à de petites exploitations agricoles, ont été expropriées de leurs propriétaires, qui ont reçu une maigre compensation. Les travaux de construction ont commencé en 1972, dirigés par la compagnie d'électricité alors connue sous le nom d'Iberduero. Une digue a été installée séparant la mer de la crique, la zone a été drainée et cimentée, et les environs ont été assainis en coupant le flysch (une formation rocheuse qui alterne des couches dures et molles) pour faire place au futur bâtiment, dans ce qui serait aujourd'hui considéré comme une menace écologique inconcevable. « Il existe des photos de cette époque qui montrent une ligne peinte en blanc marquant l'endroit où le flysch devait être coupé », explique Sábada.

Chefs d’œuvre de papier de Budapest, Guggenheim de Bilbao 




à Okendo Kultur Etxea Más allá de Mauthausen, Francesco Boix Campo, photographe


« Les Espagnols » APATRIDES BLEUS

Dans le système répressif nazi, l’obsession de l’ordre et de la catégorisation les a conduits à créer un symbole pour différencier chaque groupe de prisonniers. 
Les Juifs portaient l’étoile de David sur leurs uniformes, tandis que le reste des prisonniers portaient un triangle inversé.
Les criminels de droit commun le portaient en vert, les prisonniers politiques en rouge, le rose était réservé aux homosexuels, le noir aux gitans et aux asociaux, et le violet aux Témoins de Jéhovah et aux objecteurs de conscience. 
À l'intérieur du triangle, les prisonniers qui n'étaient pas d'origine allemande portaient également l'initiale de leur pays.
La logique voudrait que les Espagnols reçoivent le triangle rouge pour les prisonniers politiques, comme cela s'est produit, des années plus tard, dans le reste des camps. 
Cependant, à Mauthausen, les républicains espagnols reçurent le triangle bleu qui les distinguait comme apatrides. Un triangle bleu avec un « S » écrit dessus les définissait comme des spanier, c'est-à-dire des Espagnols apatrides. 
Une contradiction qui ne s'explique que par la volonté du régime franquiste de ne pas les reconnaître comme compatriotes. Dans les journaux de bord du camp et dans l'esprit des SS, cette définition était un peu plus large : tous les nouveaux arrivants étaient des Rotspanier.
L'explication pour laquelle ces hommes nés dans une nation amie du Reich, comme c'était le cas de 
L'Espagne méritait d'être à cette place vient d’une raison simple : il s'agissait de « rouges espagnols ».


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire