
La Ficelle Guy de Maupassant
(...) Il se perdit aussitôt dans la foule criarde et lente, agitée par les interminables marchandages. Les paysans tâtaient les vaches, s'en allaient, revenaient, perplexes, toujours dans la crainte d'être mis dedans, n'osant jamais se décider, épiant l'oeil du vendeur, cherchant sans fin à découvrir la ruse de l'homme et le défaut de la bête. Les femmes, ayant posé à leurs pieds leurs grands paniers, en avaient tiré leurs volailles qui gisaient par terre, liées par les pattes, l'oeil effaré, la crête écarlate. Elles écoutaient les propositions, maintenaient leurs prix, l'air sec, le visage impassible, ou bien tout à coup, se décidant au rabais proposé, criaient au client qui s'éloignait lentement : - C'est dit, maît'Anthime. J'vous l'donne.

...ou toujours le XIXème jusqu'à l'arrivée du tracteur, 1968, un Zétor, puis plus tard, des subventions pour la construction de grandes bergeries qui lient le producteur à une coopérative. Coup de fil tard le soir ou très tôt le matin, pas de discussion, le prix est fixé, la livraison suit.
(...) Toute l'aristocratie de la charrue mangeait là, chez maît'Jourdain, aubergiste et maquignon, un malin qui avait des écus.
Maquignon, un autre de ces mots qui se sauvent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire