(...) Puis sans transition [Georges Dreyfus] m'a demandé si je connaissais le Pays basque.(...) J'avais lu dans les journaux que Giscard avait décidé de retirer le statut de réfugié aux Basques espagnols vivant en France au motif que, l'Espagne étant devenue une démocratie, il n'y avait aucune raison de maintenir aux Basques la protection qui leur avait été accordée autrefois.
(...) Le spectacle était au bar, où un vieil homme en blouse blanche, maigre et sarcastique, pérorait au milieu d'un cercle d'étudiants en médecine. (...) Il était fier d'avoir, dans sa jeunesse au maquis, attaqué des convois allemands en lançant des grenades dans une chistera, parce qu'il était basque.
(...) Je me souviens de m'être rapproché pour l'écouter à cause de ce mot de basque, frappé par la coïncidence, et parce qu'il parlait de ses origines, ce que personne ne faisait à l'époque. Il ne se passe pas de jour à présent sans que l'inconnu qu'on croise ne se déclare fièrement breton, kabyle, musulman ou melkite. De tels propos eussent alors passé pour naïfs, vaguement obscènes, et blâmables. Mes amis et moi méprisions les niaiseries de l'enracinement.
(...) Lorsqu'un juge adopte une solution, c'est bien souvent que la décision inverse lui paraît impossible à rédiger, pas davantage. Pour sauver Ibarrategui -et par sauver, je n'entendais à ce moment-là que sauver son dossier, n'imaginant rien d'autre- j'aurais donc dû soutenir, sans preuves et sur la base d'intuitions, que l'état espagnol n'avait, au moins s'agissant de ses activités de police, changé qu'en apparence ; que les réseaux franquistes contrôlaient toujours le ministère de l'Intérieur ; que le ministre lui-même... Ai-je eu peur des conséquences ? Pas même et d'une certaine façon c'est bien le pire. (...)
La vérité est que je ne me suis pas attardé très longtemps. Je n'ai pas beaucoup hésité. (...) Je croyais que notre décision n'aurait pas de conséquences si graves -Ibarrategui se perdrait dans la nature et ne reviendrait jamais chez lui, comme la plupart de ceux auxquels nous refusions l'asile- et dès lors, rien ne m'empêchait plus de tenir, et de faire prévaloir, un raisonnement que je pensais rigoureux.
Je n'ai jamais rien lu de François Sureau... Ces extraits m'intéressent : j'ai longtemps vécu au Pays Basque.
RépondreSupprimerBonne semaine.
ongi etorri, bienvenue !
RépondreSupprimerVos grilles et grillage me font penser à ces 'mises au carreau' que les peintres dessinaient naguère pour reproduire à l'échelle un dessin quelconque. La technologie ne rend plus nécessaire ce procédé bien que des grilles peuvent être placées à la demande sur le fond d'image des logiciels de traitement photo.
RépondreSupprimerMerci pour cette observation attentive. Je ne savais rien de la mise au carreau.
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