et au bout du chemin,
Poggio Bustone
"Le dire ne console pas de ce qui reste à dire."
la croiser avec son fils à la sortie du parc du château, cette fois échanger quelques mots, une très belle femme de bientôt cinquante ans, ronde et lumineuse J’aimerais me rapprocher de ma famille, je me sens isolée ici, si j’habitais Bayonne je pourrais par exemple improviser un repas avec ma grand-mère, quatre-vingt-quatorze ans et elle vit seule dans son appartement au quatrième étage sans ascenseur, et puis tous les autres et une langue aussi, ils s’y sont tous remis, la petite de mon frère est allée en ikastola [école en immersion basque], j’allais aux fêtes scolaires et c’était à n’y pas croire, tout ceux qui m’avaient charriée à la cour de récréation pour mon nom et mon prénom bien basques C’est moche, ça fait paysous, eh ! bien, ils étaient là, eux aussi ils y avaient leurs enfants à l’ikastola.
Lu
Le vrai lieu d’Annie Ernaux, entretiens avec Michelle Porte
(…) Quand j'avais 22 ans, i'ai noté dans mon journal «j'écrirai pour venger ma race».Je voulais dire, la classe sociale dont je suis issue. l'avais écrit « race» sans doute à cause du cri de Rimbaud, «Je suis de race inférieure de toute éternité», aussi parce que le terme de «race» marquait plus fortement que « classe» mon appartenance au monde dominé. Même si le texte que j'écrivais alors, celui que j'ai envoyé au Seuil, n'était que lointainement politique.
Dix ans plus tard, Les armoires vides est un livre consciemment politique. J'écris contre. Contre une forme de domination culturelle, contre la domination économique, la domination des femmes contraintes à l'avortement clandestin en 1972. J'écris contre la langue que j'enseigne, la langue légitime, en choisissant d'écrire dans une langue qui véhicule des mots populaires et des mots normands, dans une syntaxe déstructurée. Les armoires vides c'est tous azimuts « contre», d'une certaine manière. Mais il y a une autre façon d'écrire, tout aussi « contre», c'est de simplement montrer, comme si le réel se dévoilait de lui-même. C'est l'écriture de La place, faire en sorte que l'écriture soit transparente, qu'on ne soit pas arrêté par les sentiments du narrateur, qu'il n'y ait pas d'écran entre le narrateur et les choses qu'il représente. Peut-être est-ce plus efficace que la violence. Mais il me fallait commencer par la violence des Armoires vides. (p 82)
Et une pour les morts de Richard Wagamese
Le Dieu des Petits Riens d’Arundhathi Roy
une femme sur le fil d’Olivia Rosenthal
Du côté des vivants de Violaine Bérot
« Alain, les hôpitaux il déteste. L'odeur, la cohabitation, l'enfermement. Mais il a reçu le message de Paul. Il s'est dit j'y fais un saut rapide, Greg veut tous nous voir donc j'y vais, mais je ne reste pas longtemps, j'écoute juste ce qu'il a à dire, et basta. Alain sait que Greg a toujours quelque chose à dire. Greg aime les discours, batailler sur un sujet pendant des heures, alors que lui, Alain, c'est tout le contraire, il faut que ça avance, s'il décide droite ou gauche il y va, tandis que Greg préfèrera
s'arrêter, réfléchir, et s'il choisit droite il va mettre dix jours à se demander si ç'aurait pas été mieux de choisir gauche. Alain trouve sa fascinant : être aussi différents et s'apprécier quand même. (p 139)
Vu
Cinéma
Ciudad sin sueño de Guillermo Galoe
carreau des producteurs, à la maraîchère Et ces patates [des Sponta] elles sont bien pour les frites ? La maraîchère Moi je fais tout avec, c’est pas comme au supermarché, un labyrinthe, les enfants et petits-enfants nous font la surprise, mon mari me dit T’as qu’à faire des frites et juste de la patate on avait plus, ils aiment tous, va pour les frites, va pour le supermarché mais dans le rayon, des pour ceci, des pour cela, au four, à l’eau, la purée, faut être diplômée pour lire tout ça, finalement je trouve mes patates à frites, chères, penser à combien, ses Sponta sont à trois euro le kilo, mais oui, bonnes, demain on va arracher ce qui reste, sinon ça fait tard dans la saison, pourvu qu’on ait pas la pluie, pas agréable de tirer la terre avec
s’arrêter pour prendre le pain dans la boulangerie d’un gros village de Basse-Navarre, le croiser, se reconnaître, en boomerang les années fac, prendre le temps d’un café, des jeunes gens à la peau noire le saluent de loin, Ils m’appellent tonton, je donne des cours, je m’occupe de l’accueil des migrants, du foot aussi, avec Christine [son épouse] à nous deux on doit être dans douze associations au moins, on lèverait bien le pied mais y a pas de relève, ça se peut que sans se rendre compte on verrouille, comment ils arrivent ici, c’est compliqué leurs chemins, une petite vingtaine maxi, le logement, le collège, l’apprentissage, on essaie de les accompagner, de leur trouver de bons patrons, par exemple le boulanger d’à côté, là, un gars super en a formé un et quand il a pris sa retraite, dur, celui qui a racheté a voulu tout changer, les recettes, tout, et il a tout planté, un militaire, raciste, c’est fermé maintenant, et notre jeune gars, il est né au Sénégal en a profité pour se lancer, il s’est installé à son compte à trente kilomètres d’ici, il cartonne, il a même trois ou quatre ouvriers, s’y arrêter au retour, l’employée J’ai trente-un ans et j’en ai fait des places, un comme lui, je sais pas si je pourrai le quitter un jour, respectueux, généreux, humble… elle poursuivrait mais une queue se forme, s’asseoir le temps d’un chocolat, profiter d’un creux Oui, il prend des apprentis, il forme un jeune Malien en ce moment
Lu
Le ministère du bonheur suprême de Arundhati Roy
Tes pas dans l’escalier d’Antonio Muñoz Molina
Le tabac Tresniek de Robert Seethaler
Les chemins de la liberté de Lisa Wingate
Vu
Cinéma
La femme qui en savait trop de Nader Saeivar
exposition
Bayonne, au Didam