Pour la beauté de leurs visages en gros plan, pour leur regard qui chavire, pour le dérisoire de ces fleurs qui tremblent au-dessus de leur oreille, et pour enfin la chaleur d'un hommage tonitruant et désordonné qui doit leur exploser le cœur.
« Si elles ne me voient pas à midi, elles téléphonent »
Du côté des clients aussi, on va drôlement pleurer le départ en retraite de ces sacrés bouts de femmes. 48 ans qu'elles gèrent Chez Moulia, et avant elles, leurs parents.(...)
« C'est une seconde famille pour moi ! » lâche Guy. Du lundi au samedi, ce retraité fait la route depuis Sault-de-Navailles pour retrouver la soupe de Cricri et son ami Robert, dans un coin de la grande salle. (..) Robert (...) a connu les soeurs « quand elles étaient toutes petites ». Et fréquente les lieux depuis près de 50 ans. Aujourd'hui quotidiennement. Quand il débarque chez Moulia, Robert commence toujours par venir saluer en cuisine. « Et quand elles ne me voient pas arriver, elles téléphonent chez moi pour savoir si je vais bien, » sourit le grand papi.
Des orphelins, voilà ce qu'ils seront dès lundi. Face au vide et ne sachant vers qui se tourner.
« Plus qu'un resto, une maison de la générosité »
Car Chez Moulia, « plus qu'un restaurant, c'est une maison de la générosité ! » Pierre ne mâche pas ses mots, amoureux de l'endroit, non pour ses murs jaunis mais pour ces deux femmes qui le font vivre.
« Pour des tas de petits vieux, ici, c'est un refuge. Ils y passent leurs après-midi. Ils demandent du café... et les soeurs leur servent du déca après une certaine heure ! De même qu'à ces personnes qui passeraient leur journée à s'alcooliser derrière le comptoir, Cloclo verse une grenadine. Ils vivent ici ! Chez Moulia, c'est un lieu de sauvetage ! »
Pierre, lui, vit aujourd'hui à Paris. Mais est resté fidèle au café dans lequel il a bu ses premières menthes à l'eau, il y a 50 ans. « C'est un endroit où se crée de l'amitié. Et les deux soeurs sont des 'marieuses', poursuit-il. Elles vous font rencontrer des gens dont elles pensent que le caractère ou les intérêts collent aux vôtres. » Et puis, Pierre aussi a vécu la solidarité de Christiane et Claudette. « Lorsque ma mère habitait près d'ici, elles lui apportaient le repas, » raconte-t-il plein de gratitude.
Lundi, la façade brune de la place d'Armes ne sourira plus. Plus comme avant. Juste un sourire en coin. Christiane et Claudette, qui vivent dans la maison attenante, envisagent de faire du restaurant un prolongement de leur habitation. Alors « Vous viendrez boire le café, à bientôt ! » lâchent-elles à leurs habitués, à l'heure où ceux-ci, après un bon repas, franchissent la porte de Chez Moulia pour la dernière fois...
Adiskidenzat, atea zabaldik;
RépondreSupprimersua pisturik, salda berrorik.
ML
Bihotzetik, milesker.
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