Adieu, vive clarté... Jorge Semprun
J'ai fréquenté Armand J. pendant le dernier trimestre scolaire de l'année 1939. Ensuite, il y eut la dispersion estivale et vacancière. Puis la guerre. A la rentrée, le lycée Henri-IV devint, pour des raisons que j'ignore, un établissement pour jeunes filles. Le mélange des sexes n'étant pas alors à l'ordre du jour, les mâles furent expédiés vers des lycées avoisinants. J'échouai à Saint-Louis, pour y faire ma classe de première.
Le proviseur d'Henri-IV m'avait convoqué, en effet, avant les vacances d'été, pour me conseiller, au vue de mes résultats et de l'appréciation des professeurs des matières humanistes—je veux dire, celles concernant ce qu'on appelle les humanités—, de passer directement en première. « Vous perdrez votre temps en seconde, m'avait-il dit. Il vous suffira de travailler un peu durant l'été », ajouta-t-il. Mais il conclut, percevant sans doute quelque désarroi ou quelque révolte dans mon regard, à cette allusion au travail: « Lisez, continuez de lire, à propos et hors de propos, comme vous semblez déjà le faire ! C'est cela que j'entends. »
Je me rassurai, ayant compris ce qu'il entendait par travailler.
toujours aimé ce type-là (même s'il avait de l'arrogance, toujours aimé)
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