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mercredi 1 avril 2020

clandestin






c'est un texte de la nuit, c'est un texte dans la nuit, c'est un texte retrouvé, c'est un texte de Thomas, vous vous souvenez d'Axelle, Quitterie,  Guillaume, Mathieu, Sarah,  prénoms en ribambelles, une classe, vous revoyez l'année mais vous ne vous souvenez plus de Thomas, vous vous souvenez du sac Eastpak, du barreau, des Converse, du stylo quatre couleurs, mais  Le Coffre, rien, on dira que c'est un texte venu d'hier pour ce moment



c'était un sommeil, tout doux, tout reposant et ce cauchemar, le même, vous toussez, de la glu dans la bouche et vous mourez, et parfois c'est long, le cauchemar de toujours, vous vous réveillez et même pas peur, vous le savez instantanément,


vous êtes vivante, encore vivante, toujours vivante,

 il fait chaud sous les couvertures, souriante, si souvent chouiné, ouin, ouin, la vie, ouin, ouin, c'est que ça, ouin, ouin, oui mais quand même, c'est bon d'être vivant, c'est con les vieux, ça chauffe très fort les immeubles, c'est pas écolo, tout ça, tout ça mais ce que c'est bon, tout à l'heure à une heure décente et raisonnable vous allez ouvrir les fenêtres, il fait froid dehors, très froid,  vos mais sur le clavier, l'hiver prochain, vous aurez des mitaines, c'est juste une idée qui traverse et s'éloigne, vous commencez à sentir le froid, une petite morsure,




c'est bon d'être vivant,

vous vous êtes perdue en chemin, un détour, vous vouliez dire quoi déjà, c'est bon d'être vivant, vous êtes née dans un XX ème siècle lointain, pas d'eau dans la maison, pas d'électricité, pas de voiture, c'est bon d'être vivant, des ratures sur vos pages d'alors, des détours, devant vous un écran, effacer, déplacer, recommencer, c'est bon d'être vivant, durer autant qu'on peu, jusqu'au bout du bout,

c'est bon d'être vivant,



pas trop, écouter une sorte de flux, ça parle, c'est calme, c'est bon d'être vivant, des charges collectives des immeubles de vieux, vous aviez commencé plus tôt, vous alliez presque être spirituelle, poseuse, c'est bon d'être vivant, allez jusqu'au bout de la phrase, les charges collectives dans les immeubles de vieux, c'est la peau des fesses, on s'en fout, c'est bon d'être vivant,

 


il fait chaud dans l'immeuble, mais c'est encore la nuit, le froid au bout des doigts, vous tapez trop fort sur le clavier, une musique, vous claquez trop fort les portes,  vous embrassez trop fort, serrez les mains trop fort, vous débordez,

de la retenue,

c'est bon d'être vivant,

vous martelez, les touches du clavier,


c'est bon d'être vivant,


ceci n'est pas un poisson d'avril, vous n'aimez pas les poissons d'avril, vous vous faites prendre à tous les coups, on s'en fout,


c'est bon d'être vivant,

se recoucher, se blottir et dormir, c'est sûr, des lumières amies quelque part, celle de ... en son appartement, ses insomnies de toujours, là la meilleure des causes, celui qui vient de naître, celle qui est née y a pas longtemps, une lumière douce, une veilleuse, vous ne savez pas, vous rêvez, c'est bon d'être vivant, les immeubles de vieux on s'en fout, le monde chez vous, vous êtes vieux, et c'est vrai, et même pas mal, pas encore, pas déjà, juste le froid au bout des mains,


c'est bon d'être vivant,


se recoucher, s'apaiser, sourire,


c'est bon d'être vivant

4 commentaires:

  1. Oui.
    J'aime beaucoup le rythme,le nerf de ce texte. Merci de faire passer ça. cette vitalité. Et puis ces vue de Pau font plaisir. J'espère que j'aurais l'occasion d'y retourner un jour.

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  2. L'amour qui déchire les cœurs et les reconstruit aussi facilement…

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  3. Bonjour Élise,
    Un étrange et beau texte, très vivant surtout. Merci aussi pour ces photos.
    Pour le courage, voici cette phrase de Sepulveda disparu hier, un auteur que je lis et relis avec bonheur.
    "Les gens courageux n'existent pas, il y a seulement ceux qui acceptent de marcher coude à coude avec leur peur."
    Dans le roman "L'ombre de ce que nous avons été."
    À bientôt, bonne journée.

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  4. Hola! Un très beau texte, si bien dit aussi, merci.
    J'espère que tu vas bien.

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