Lu
Le Monstre de la Mémoire de Yishaï Sarid
Aux Arabes, on ne pardonnera jamais leur aspect, leurs joues mal rasées, leur pantalon marron pattes d'éléphant, leur maison sans enduit, les eaux usées qui se déversent au milieu de leurs ruelles et leurs enfants aux yeux gonflés d'orgelets. En revanche, on a envie de ressembler à ces Européens-là, blonds et si propres sur eux. Là est le premier point.
Le deuxième point - un coup de génie des Allemands - est d'avoir planifié, volontairement et en pleine conscience, de perpétrer le massacre en Pologne, afin de laisser leur patrie belle, pure, bien ordonnée. Les déchets ont été envoyés ailleurs, dans des lieux reculés dédiés aux ordures organiques, de telle sorte que la puanteur ne vienne pas entraver le Progrès et la Culture. Les touristes pointilleux peuvent visiter Dachau, le Reichsparteitagsgelände à Nuremberg ou le stade olympique de Berlin autant qu'ils veulent, le cœur de la chose, son sadisme et sa force d'attraction se trouvent à l'Est, là où un visiteur attentif pourra encore, en période de pluie, voir un os remonter à la surface. Le sol de la Forêt-Noire, qui accueille aujourd'hui nos concitoyens venus y passer des vacances en famille, n'a pas été souillé.
Ainsi l'ont orchestré les Allemands, et que dire ? Cela a très bien fonctionné. Le troisième point, ce sont bien sûr les grosses indemnités touchées par l'État d'Israël ainsi que des tas d'autres privilèges octroyés - cela aide à oublier. Et un dernier point qui s'est lentement imposé à moi au fil des années : l'admiration secrète qu'éveille le meurtre perpétré avec une telle détermination, avec un brio conjugué à l'audace exigée pour mener à bien cet acte - si précisément défini - de cruauté ultime après quoi il n'y a que le silence. (p 36, 37)
"La Shoah n'est pas l'œuvre des Polonais mais bien des Allemands, lui répondis-je. Les Polonais ont profité de l'occasion pour continuer les pogroms, un sport national qu'ils ont pratiqué tout au long de leur histoire, c'est inhérent à leur mode de vie. Ils haïssent les Juifs parce que les Juifs ont crucifié Jésus, que c'étaient ces mêmes Juifs, sachant lire et écrire, qui collectaient les impôts au nom de la noblesse. De plus, les femmes juives étaient propres parce qu'elles allaient au bain rituel une fois par semaine, à la différence des Polonaises.
À l'auberge, le Juif leur servait du vin qui montait vite à la tête, se faisait payer mais ne buvait jamais avec eux, ne partageait avec eux ni la joie des pauvres gens, ni leurs deuils. Son visage restait éveillé alors qu'eux s'abrutissaient d'alcool et quand il avait un instant de libre, il plongeait le nez dans un livre couvert de mots ensorcelés, alors qu'eux étaient illettrés.
C'est donc par jalousie et bêtise que de temps en temps, à quelques années d'intervalle, ils se permettaient une descente chez les youpins, débarquaient au milieu de la nuit, éventraient les édredons et cassaient les meubles, violaient les femmes et les filles, parfois coupaient les membres du mari les uns après les autres, jusqu'à ce que l'expression de suffisance s'efface de son visage, et après, ils allaient trinquer.
Mais jamais ces imbéciles d'ivrognes n'ont envisagé d'assassiner tout le peuple, cela dépasse leur imagination et leur capacité d'action. Cette mission historique était destinée aux Allemands, eux en avaient l'envergure et la détermination, ils étaient malins, scientifiques et considéraient les Polonais comme des sous-hommes, un stade au-dessus du Juif qui, lui, n'était pas un homme du tout." (p 103, 103)
Vu
Exposition
Musée Carnavalet Le Paris d’Agnès Varda, de-ci, de-là
Göttingen Kuntverein Mélodie Mousset et Ittah Yodda
Au cours de l'été 2025, l'artiste Mélodie Mousset et le duo artistique Virginie Ittah et Kai Yoda présentent au premier étage de la Künstlerhaus Göttingen un terrain multimédia qui entoure les visiteurs et fait appel à de nombreux sens, y compris le sens du toucher et de l'odorat. Les installations qui s'écoulent les unes dans les autres sont situées entre les origines de la peinture rupestre et les paysages virtuels, intégrés à l'aide de lunettes VR. L'un des travaux principaux est l'installation HanaHana de la Française Suisse Mélodie Mousset. Cette expérience de réalité virtuelle interactive, qui se développe depuis des années, offre aux invités la possibilité de se promener à travers différents paysages virtuels à l'aide de contrôleurs, tout en les concevant activement et en les générant ainsi. La liberté, la beauté et la sécurité de HanaHana sont remarquables et ouvrent un monde alternatif entièrement créé numériquement, un « Safe Space » sans matériaux d'un genre particulier. L'espace de simulation de HanaHana sera intégré dans un design d'exposition de grande étendu duo artistique franco-japonais Ittah Yoda. Les deux travaillent ensemble à la combinaison de la sculpture, de la peinture et de l'installation avec des médias techniquement avancés tels que l'écran LED, la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Pour ces espaces entrelacés entre matérialité tangible et vision numérique, les deux ont inventé le terme symbiocène et ils comprennent leurs projets comme des projets utopiques d'une symbiose durable de cycles écologiques et de technologie.
D'un point de vue thématique, cette exposition offre un examen innovant de la culture picture des personnes européennes face au paysage qui les entoure. Les deux positions sont liées comme source d'inspiration par la fascination pour les peintures rupestres de Lascoux et Chauvet, entre autres, c'est-à-dire les premières images permanentes des habitants d'une région. On peut comprendre ces premiers témoignages comme un acte d'assurance, comme un témoignage durable de sa propre existence, comme un archivage visuel des autres créatures ou encore comme une communication cultuaire avec l'environnement. Ce sont toutes des impulsions qui ont toujours propulsé la création artistique. Inspirés par ces témoignages archaïques d'auto-autonomisation culturelle, Ittah Yoda et Mélodie Mousset abordent dans leurs œuvres, entre autres, la question suivante : « Comment incarner la spécificité d'un territoire de nos jours ? » – « Ou comment créer de tout nouveaux terrains imaginaires sur la base de notre histoire culturelle ? » Dans leur recherche libre, plutôt associative, ils se détachent largement des réalités géographiques réelles par rapport à d'autres positions plus conceptuelles du programme annuel TERRA DIASPORA – TERRAINS ACTIFS. Ils négocient davantage des termes tels que « paysage », « lieu » et « génération » en dialogue avec l'appropriation anthropologique et culturelle de ce thème par les gens au cours de l'histoire culturelle. Il s'agit donc plus d'idées de paysage que de bouleversements géographiques actuels et réels dans l'aggravation de l'Anthropocène. Ainsi, cette exposition complète non seulement le programme annuel avec des aspects importants, mais ouvre également l'arc vers les tendances fantastiques et surréalistes du programme annuel 2024 TERRA DIASPORRA – WELTEN WANDELN. (traduction Google)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire