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dimanche 4 juillet 2010

Comme la pluie d'été, sur une terre aride

Tout est en ordre. Tenue par les voisins, une longue boîte de bois blond s'avance dans l'allée centrale. Le cercueil. Posé ensuite au pied de l'autel, parmi les gerbes de fleurs. Des bandeaux aux lettres d'or. "A notre chère belle-sœur... A notre grand-mère...". A l'oreille, chuchotement "Les nôtres, ce sont celles-là", acquiescer puis souffler "Et les artificielles, à côté ? "Elles sont comprises dans la convention obsèques". Se taire. Écouter. Se lever, s'asseoir, se mettre à genoux. Recommencer. Force des rituels. Bribes,  "Une longue vie... discrète... au service des siens", les chants, l'encens, se sentir effleurée par la douceur de son sourire, la messe s'achève, file indienne vers le prêtre, la communion, elles surgissent claudicantes, plus d'âge, prêtes à se briser à chaque pas, l'une ratatinée sur sa canne, l'autre perclus d'arthrose, devant elles un vide, derrière elles on piétine, faut-il que l'attrait de l'hostie soit fort pour qu'elles progressent ainsi vers la Sainte Table... ou la reconnaissance pour les moments d'une longue vie où elles ont commercé avec le sacré ? Soudain, des larmes. Bienfaisantes. Comme la pluie d'été, sur une terre aride.

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