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lundi 15 septembre 2014

Ronde de septembre : fil (s)

La ronde est un échange périodique de blog à blog sous forme de boucle, mis en ligne le 15 du mois. Le premier écrit chez le deuxième, qui écrit chez le troisième et ainsi de suite.
Sur le thème du fil(s) j'ai le plaisir aujourd'hui d'accueillir Céline  tandis que je me décale vers Franck.
Les participants de cette ronde évoluent aujourd'hui dans le sens suivant :

 Gilbert
 chez Hélène  
 chez Cécile 
 chez Céline
 chez Elise 
 chez Franck 
 chez Guy
 chez Dominique A
 chez Danielle 
 chez Dominique B 
 chez Jacques 
 chez Gilbert

Anansi 

C’est la troisième fois que je recommence.
La première n’était pas parfaite,
la deuxième, la porte s’est ouverte et quelqu’un est passé, sans rien voir...
Alors celle-ci, je l’ai refaite ici.
Là, je suis bien je crois...
Calée dans un coin, de quoi m’accrocher et bien me cacher.
Je n’ai aucune envie de me retrouver écrasée sur une vitre par un bouquin de 300 pages, ou par une chaussure sur un mur blanc.
(Outre la brutalité de cet acte, ça laisse des traces.)
Là, ni vue ni connue, je suis à mon aise pour commencer mon travail, lent et minutieux.
Est-ce que cela intéresse quelqu’un?
Si on me demandait pourquoi je fais et refais sans jamais me lasser, je dirai que c’est parce que je suis faite pour ça.
Je ne vois pas bien ce que je pourrais faire d’autre.
Je tisse ma toile.
Même si la lumière passe au travers comme si elle n’existait pas.
Je tisse sans cesse, je tricote, je recommence à chaque fois qu’elle est détruite.
Même si la pluie goutte lourde sur mes fils délicats,
Même si le vent qui passe l’arrache sans vergogne, sans l’ombre d’un soupçon de gêne ou de politesse,
Je continue, je tisse, plusieurs toiles dans plusieurs coins.
Je rêve de ne plus avoir besoin de coins, en l’air, suspendue, énorme, en plein arc en ciel...
Des chef d’œuvre monumentaux sont restés dans la mémoire collective, des prouesses techniques, des toiles de maîtres.
Ce sont des phares qui éclairent au loin...
Moi je n’ai pas d’ambition.
Je tisse à ma façon, certes avec quelques bouts de ficelles qui me restent de ce que j’ai englouti goulûment fut un temps de récits, de notes et de modèles.
Ces trésors transmis, je les ai mangés, puis digérés. Ils sont là, en moi, quelque part...
Mais ne me demandez pas de les recracher au fil d’une discussion bien pensante pour montrer que j’en ai dans les tripes !
Comme si on demandait à un boulanger de redonner la farine d’un pain...
Je ne suis pas historienne, ni conservatrice, je suis dans le présent et je tisse.
Quoi ? Des toiles.
Dans quelques années, j’aurai peut-être le temps de me demander ce que j’ai bien pu fabriquer...
C’est tellement abstrait voire abscons, ce fil que l’on sort de soi que l’on mêle et entremêle, le nez dessus, les pieds aussi marchant même dessus ces fils, souhaitant qu’ils soient assez solides pour nous porter par dessus le vide, le temps de finir ce qu’on a commencé.
Funambule, je crois, oui.
Travailler avec le vide, et l’illusion du quelque chose dans le rien.... ou du trois fois rien dans le tout qui fait mouche...
Les mouches ?
Elles révèlent notre existence !


10 commentaires:

  1. Pris au piège, je me suis fait une toile à lire le texte appelé à régner dans cette ronde...Les autres auteurs prendront ils la mouche?

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  2. Libellule dit : farceuse !
    Papillon précise : Anansi et moi, c'est (du) sérieux
    le Pape dit : Amen
    et pendant ce temps là, Anansi moqueuse monologue sur la toile et dit : causez toujours.
    C'est toujours ainsi Anansi, le monologue silencieux de l'araignée.
    L'histoire ne dit pas ce que pense la mouche.

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  3. Drôle de bestiole que je trouve cette fois ci bien sympathique !

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  4. Voilà bien jonglé sur le web
    ça paraît si facile et pourtant si périlleux.
    Anansi est habile et la ronde jubile.

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  5. Ah ! La mouche,... si seulement elle contrôlait sa vitesse ! Pour éviter qu'elle ne se prenne une vitre, je la retiens, je la contiens, je l'embaume, et je la goûte. Là, c'est elle qui se révèle dans mon palais, avec tant de croquant, que je tisse mes toiles en son honneur !

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  6. très joli texte, très poétique : on se sent araignée et heureuse de l'être

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