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mercredi 6 décembre 2023

« notre besoin d'installer quelque part sur la terre ce que l'on a rêvé ne connaît pas de fin. »


Music émoi Priscille Lafitte reçoit Alban Richard France Musique le 5 novembre 

Pour commencer l’émission, lecture par l’invité, Alban Richard donc, du texte de son choix. Un clic sur l’image qui suit pour l’entendre. 

  « Passé le pont, les fantômes vinrent à ma rencontre. C'est ce que nous avons fait cette année : nous avons passé le pont, et nous sommes tous encore ici, mais les fantômes, il s’en trouve toujours, ne nous sont pas hostiles. Il n y' a que les hommes de pouvoir et les hommes d'Église, les hommes habilités à jeter des ponts, pour penser que les fantômes sont des ennemis. Pour nous qui franchissons ces ponts, et ce faisant décidons de laisser venir les âmes errantes à notre rencontre, ce sont des présences apaisantes, ils sont notre devenir. Ils sont ailleurs, nous sommes ici, demain ce sera l'inverse, quelle importance? Chaque jour des arbres tombent et des ponts sont coupés. Restent lumière, vent, pierres, sable et odeurs d'ici, lumière, vent, pierres, sable et odeurs d'ailleurs, restent nos vies inquiètes et nos élans joyeux.


Le chorégraphe Alban Richardy et Priscille Lafitte dans les studios de France Musique- octobre 2023 © Radio France - ©Maud Noury

Nous vivons dans des ruines et avec des fantômes, des matières mortes, des matériaux vivants, des événements violents dont nous ne savons plus s'ils ont eu lieu ou non, et, restons pascaliens: nous ne sommes pas au présent; mais si le présent est un lieu, où sommes-nous alors, puisqu'il nous est impossible d'être partout comme d'être nulle part ?

Nous sommes là où notre présence fait advenir le monde, nous sommes pleins d'allant et de simples projets, nous sommes vivants, nous campons sur les rives et parlons aux fantômes, et quelque chose dans l'air, les histoires qu'on raconte, nous rend tout à la fois modestes et invincibles. Car notre besoin d'installer quelque part sur la terre ce que l'on a rêvé ne connaît pas de fin. »

Mathieu Riboulet - Vivre dans les ruines / les dernières lignes du cinquième et dernier texte de Nous sommes ici, nous rêvons d’ailleurs éditions Verdier

2 commentaires:

  1. Merveilleux texte, merci de ce partage.

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  2. Toute l’émission est belle, elle l’est souvent mais là particulièrement et j’ai littéralement été happée par cette lecture.

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