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jeudi 28 décembre 2023

« Nous sommes l'inutile flot, déjà fixé, en marche vers sa mer. »



SONT LES FLEUVES


Nous sommes le temps. Nous sommes

la parabole fameuse d'Héraclite l'Obscur.

Nous sommes l'eau, et non le dur diamant, l'eau qui se perd, non celle qui repose.


Nous sommes le fleuve et nous sommes ce Grec qui se voit dans le fleuve. Son reflet change dans l'eau de ce miroir changeant, dans le cristal, pareil au feu, qui bouge.


Nous sommes l'inutile flot, déjà fixé, en marche vers sa mer. L’ombre l’enserre. 

Tout nous dit son adieu, tout s'éloigne.


La mémoire ne frappe plus sa monnaie.

Mais il y a cependant quelque chose qui dure,

mais il y a cependant quelque chose qui pleure.


Jorge Luis BorgesLos conjurados (Les conjurés

Traduit de l'espagnol (Argentine) par Cl. Esteban. 

Emecé editores, Buenos Aires 1977. 

Editions Gallimard 1988


SON LOS RÍOS

Somos el tiempo. Somos la famosa
parábola de Heráclito el Oscuro.
Somos el agua, no el diamante duro,
la que se pierde, no la que reposa.

Somos el río y somos aquel griego
que se mira en el río. Su reflejo
cambia en el agua del cambiante espejo,
en el cristal que cambia como el fuego.

Somos el vano río prefijado,
rumbo a su mar. La sombra lo ha cercado.
Todo nos dijo adiós, todo se aleja.

La memoria no acuña su moneda.
Y sin embargo hay algo que se queda
y sin embargo hay algo que se queja
.

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