On tournait la poignée,
poussait la porte,
soulevait l'interrupteur,
lumière ! le haut lit
et on tirait le fil, pas de rais de lumière sous la porte, ne pas s'endormir, guetter les bruits de la maison, craquements, miaulements, cavalcade des souris, meuglements d'une vache, puis les parents montaient se coucher, on rallumait et sous l'édredon Ernest Pérochon, Marcel Aymé, la Comtesse de Ségur, Erkman-Chatrian, Andersen... tous ces trésors que la maîtresse sortait pour vous de l'armoire vitrée fermée à clef qui rayonnait dans la salle de classe.
Puisque tu soulèves le pli de la nostalgie, voici un autre souvenir de notre enfance en campagne:L'amour et le fer à repasser
RépondreSupprimerIl faut dire le froid qui habitait encore nos maisons de campagne dans les années 60 et 70. Hormis dans la « souillarde » où le matin la cuisinière à bois faisait bouillir l’eau du « toupin » rouge émail de la soupe pour le « diner » et hormis dans la » cuisine » où le soir on s'assemblait sur des chaises de paille basses quasiment sur les braises de la cheminée, ailleurs rien qu’un froid glacial d'allées et venues et de courants d’air.
A l’heure du coucher il fallait être preste pour faire un déshabillé- habillé minute dès que les chemises de nuit de pilou étaient bien réchauffées sur les genoux des grand- mères.
C’est ici que se love le souvenir de l’amour et du fer à repasser. Préalablement chauffé sur les tisons puis enveloppé de papier journal Sud Ouest, ma mère le passait en tous sens sur les draps de métis froid de glace avant que je m'enfouisse sous l' édredon gonflé de duvet de canard. Les pieds gelés frottaient la toile pour se réchauffer et appuyaient la boite où la dernière couvée de poussins s’abritait.
Plus tard, le fer à repasser s’est modernisé avec son fil électrique mais il n’a pas perdu sa seconde fonction : être le messager du non dit de toute une l’affection aimante.
Hélas , je ne repasse plus comme ma mère.
Pourquoi on faisait toutes et tous pareil… Sans qu'on se le soit jamais dit, sans que soit matraqué par les médias… Aller ! Au plume et vivre ses secrets, ses fragments suspendus qui nous ont construit et qui résistent à l'oubli.
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