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mardi 30 août 2011


— Maintenant je vais te montrer une chose que tu n'as encore jamais vue.

Il me tendit avec précaution un exemplaire de l' Utopie de More, imprimé à Bâle en 1518 et où manquaient des feuillets et des gravures.

Non sans fatuité je répliquai:

—C'est un livre imprimé. Chez moi, j'en ai plus de deux mille, mais évidemment moins anciens et moins précieux que celui-ci.

Je lus le titre à haute voix.

L'autre se mit à rire.

—Personne ne peut lire deux mille livres. Depuis quatre siècles que je vis je n'ai pas dû en lire plus d'une demi-douzaine. D'ailleurs ce qui importe ce n'est pas de lire mais de relire. L'imprimerie, maintenant abolie, a été l'un des pires fléaux de l'humanité, car elle a tendu à multiplier jusqu'au vertige des textes inutiles.


2 commentaires:

  1. "ce qui importe n'est pas de lire, mais de relire."

    Merci Elise, c'est avec plaisir que je relis cette phrase que j'admire depuis longtemps.

    Une pensée pour vous depuis l'Orée.

    Très cordialement.

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  2. Touchée de votre passage.
    Tentée de (re)lire "La toile, maintenant abolie, a été l'un des pires fléaux de l'humanité, car elle a tendu à multiplier jusqu'au vertige des textes inutiles" et dire que à ma toute petite mesure je l'alimente aussi, étreinte souvent par un vif sentiment d'absurde... supprimer, il suffirait de

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