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jeudi 11 janvier 2018

on l'aimait tant

un bon chien noir au poil ras, un peu loup, un peu autre chose, le regard adouci d'une tache marron au-dessus de l’œil, comme un sourcil, cavalcades avec lui, tester son dévouement, sauter du pont au-dessus de la rivière, pousser des hurlements, à l'aide ! il accourait, saisissait délicatement dans ses crocs ce qui dépassait, un bout de bras, de vêtement et hop ! sur la rive, l'entourer de ses bras, le cajoler, se rouler dans l'herbe, on l'aimait tant, mais, un jour, qu'est-ce qui lui avait pris, il était revenu au matin, l'air éreinté, le museau ensanglanté, c'est sûr il avait attaqué un troupeau, on avait pensé, on n'avait rien dit à personne, on l'aimait tant, un coup de carabine, pas de procès, les voisins l'auraient tué, y aurait rien eu à dire, un chien vicié, tout le monde sait ça, ça recommence, on l'avait attaché serré dans une niche, la même lourde chaîne que celle des vaches, il avait pleuré longtemps, on allait le caresser, on l'aimait tant, il vous faisait fête, vous vous éloigniez, il vous suivait d'un regard désolé, les parents étaient inflexibles, Non, on ne le détachera jamais, il est vicié on vous dit  et c'était peine que de voir son cou pelé, pourtant, comment avait-il fait, un matin il n'était plus là, un affolement, à quelles folies allait-il se livrer, on s'inquiéta, l'appela, le chercha, le soir il était revenu, il tendit le cou, on l'attacha

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